miss you bro

J’avais l’impression d’enchaîner les bourdes, quoi que Kayle aussi, ce qui n’était pas pour m’aider ou m’arranger alors que je passais plus d’heures à rattraper le bordel qu’à faire la moindre affaire. Et puis surtout… Mon frère qui me prenait pour une niffleur de six semaines avec sa Coréenne venue de nulle part, comme par hasard de sang pur, qui comme par hasard passait ses études avec lui. Non mais… J’avais aucune idée de ce qu’il s’était passé exactement, mais c’était sûr que quelque chose était en train de se passer. La seule raison pour laquelle je n’avais pas bouger, c’était que ce petit manège pourrait bien rendre la situation réelle et crédible et qu’à vouloir berner tout le monde, ils pourraient réellement s’entendre.

Mais qu’importe, j’étais épuisé, je n’en pouvais plus et je savais une chose, Vic n’était pas à la maison. Seule Ted semblait s’agiter à l’étage.

Depuis qu’ils louaient le logement au dessus de la boutique, j’avais été un peu moins présent, non pas car j’étais désintéressé, mais c’était leur premier chez eux, ils pouvaient vivre ensemble, et j’avais aucune envie d’y faire intrusion. Mais quand l’un ou l’autre était seul, j’allais souvent les rejoindre, du moins si la situation le permettait et que je n’avais pas trop de travail. Abandonnant donc ce que je faisais, j’avais fini par me laver les mains pour monter les marches et… J’avais toqué, mais j’étais rentré assez vite, me couvrant les yeux en minaudant, « Ranges ton engin, ta femme va se faire des idées si elle arrive ! », me laissant alors tomber sur le canapé, je découvrais enfin les yeux pour le regarder, un sourire en coin, « Je t’ai pas manqué grand fou ?! », ce qui était mon cas quand même. Même si je pouvais le voir tous les jours en vrai, j’avouais une chose, j’étais épuisé par ce manque, par ce changement. Mon meilleur ami n’était plus là, le monde des adultes nous ayant séparés pour rendre un peu plus froides les soirées à Poudlard. Bien sûr j’avais Heather, mais elle travaillait aussi, comme moi et… On avait changé, définitivement, et l’époque un peu insouciante me rendait parfois nostalgique. « Je peux dormir dans ton lit ce soir bébé ? » demandais-je toutefois, un sourire un peu plus sombre sur les lèvres. 

ft. Ted

miss you bro

Est-ce que je suis vraiment fait pour ce métier ? Je n'ai jamais autant douté, même pendant mes études, quand j'avais du travail par dessus la tête, que je me noyais dans mes études et avais l'impression de tout mélanger, ou quand je me retrouvais en stage à gérer des choses que je ne connaissais qu'en théorie. Au moins, il y avait toujours un garde fou, une autorité. Mais là... Je suis plus que dépassé, lors que je commets des erreurs, sans conséquences pour le moment, mais tout de même... Et si cela s'aggrave ? Que j'ai perdu toutes ces années à étudier pour finalement me révéler être incapable d'exercer ? Cela me démoralise totalement. Victoire a l'air de davantage s'épanouir dans son boulot, cela lui correspond bien. Et de mon côté, je rumine mes échecs, ne voulant pas la contrarier ou l'inquiéter avec ça...

Ce soir, je suis seul à la maison et j'en profite pour revoir un peu mes cours, doutant encore et toujours. Cela ne me ressemble pas pourtant. Sirius qui dort comme un bienheureux dans son panier au point de ronfler se lève brutalement en gémissant, sa grosse tête tournée vers la porte, signe que quelqu'un est en train d'approcher. Mais quelqu'un qu'il connaît alors qu'aucun grondement ne s'échappe de sa gorge. Vic ? Elle n'est pas censée rentrer avant une paire d'heures. Et quand on frappe et que la porte s'ouvre, j'ai un sourire malgré moi, alors que Matt fait une entrée à son image. « Elle n'arrive pas avant quelques heures et tu le sais parfaitement, t'es venu en profiter ? »

Je quitte ma chaise pour venir m'asseoir dans le fauteuil non loin de lui, alors que Sirius vient chercher son attention en remuant joyeusement la queue. « Bien sûr que si, tu me manques tout le temps. » J'aurais voulu le dire sur le ton de l'humour, mais cela sonne un peu trop sincère et sérieux, tant pis. Est-ce que je regrette le temps où on était à Poudlard ? Oui. Ce n'est pas si lointain, mais le passage à l'âge adulte s'accompagne de désillusions qui emportent mon sens de l'humour. Et je vois moins souvent mes amis désormais. Les journées au travail sont folles, les gardes aussi, assez récurrentes en plus. Et étant tout jeune embauché, je les enchaîne et je n'ose pas forcément refuser non plus. Peut-être est-ce pour cela que je commets des erreurs de débutant ou que je fais preuve de maladresse alors que ce n'est pas vraiment dans mon tempérament ? Ou la pression que je ne sais pas gérer ? Difficile à dire.

« Depuis quand tu demandes et ne viens pas te glisser sans gêne au juste ? » On dirait que Matt n'est pas d'humeur aussi joyeuse qu'il veut me le faire croire de prime abord. Je penche un peu la tête. « C'est soirée pyjama improvisée ce soir alors ? » Comme au bon vieux temps ? Oublier qu'on a grandi dernièrement, cela me va. « Ça va ? » Je demande beaucoup plus sérieusement en le dévisageant.

ft. Matt

miss you bro

« J’avoue… Je viens vivre notre amour secret au grand jour ! » soufflais-je dans un sourire alors que je caresse Sirius qui tient bien plus de l’ours à présent. Venant réclamer de l’attention au prés de son propriétaire, j’essaie de dissimuler le manque que ce monde nous a imposé alors qu’il assure ressentir la même chose. Mais si je me cachais derrière l’humour, il semblait avoir plus de mal, sa voix semblant moins lumineuse. Nous étions deux alors, deux à ne pas nécessairement supporter le changement, même si c’était le prix de cette vie bien trop sérieuse que je m’étais imposé. Au final ce n’était peut-être pas si désintéressé ou par gentillesse que j’avais fait ça, mais peut-être un peu par anticipation. Pour avoir une chance de le voir un peu plus.

Continuant derrière l’humour, il me demandait depuis quand je ne venais pas faire les choses sans gêne, ce qui me fait hausser un sourcil alors que je me lève pour l’attraper à peine a-t-il fini de parler pour le soulever pour le jeter sur son lit non loin et m’allonger sur lui, la tête dans son cou. « Toujours aussi confortable… » soufflais-je avant de lui claquer la hanche et de rouler pour m’allonger à côté de lui, sur le dos.

Est-ce que j’allais bien ? C’était plus compliqué que jamais car en soit je n’avais pas vraiment à souffrir, moi personnellement, mais il y avait une accumulation de chose, « Ayden est toujours en roue libre, Zack me prend pour un con avec son rapprochement bien trop normal avec une sang pure Coréenne venu de nul part et j’ai jamais autant buté de plante en si peu de temps… », mais aucune réponse profonde, car je voulais peut-être pas user de mon temps comme ça avec lui, ou simplement, je ne savais pas par où commencer.

Je n’avais pas eu le temps, pas prit le temps d’être à ses côtés. « Et toi ? » demandais-je finalement en tournant la tête vers lui pour le regarder, silencieux, alors que ces moments là, on en avait déjà partagé des dizaines, mais que ça semblait aujourd’hui si lointain. Nous n’étions plus des étudiants, plus avec les mêmes préoccupations, plus quand il y a un an, il était encore incertain face à Victoire et qu’aujourd’hui, ils vivaient ensemble comme si la vie ne les avait jamais séparés. 

ft. Ted

miss you bro

Cela fait des années que je connais Matthew pourtant. Je veux dire, je devrais être habitué à ses excentricités. Et bien non, il arrive encore à me surprendre, alors qu'il me soulève soudain pour venir nous caler dans le lit, tout simplement. « Soit tu as pris en muscles, soit j'ai maigri, mais c'est un peu vexant que tu me soulèves si facilement. » Je râle pour le principe, ne prenant plus ombrage depuis longtemps de sa façon de me montrer son affection. Il est tactile, c'est comme ça. Et si j'initie rarement le contact, je ne rejette plus le sien depuis bien longtemps. N'empêche, si Vic rentre et nous voit comme ça, elle va criser.

Je lui demande quand même si ça va, pas vraiment dupe de cette façade trop enjouée pour être totalement naturelle. Il roule sur le dos, réfléchissant à la question. Je tourne ma tête vers lui, attendant la réponse. Sa famille lui cause quelques soucis. Mais au moins, il a la chance de pouvoir s'inquiéter pour ses frères. Un luxe que je n'aurais jamais malheureusement. « Et c'est dérangeant qu'il se rapproche d'une Sang Pure ? » Enfin, si il s'entend bien avec, c'est plutôt une bonne chose, non ? Par contre, le fait qu'il tue des plantes, c'est un peu plus embêtant. Matt a toujours été doué pour ça... Alors qu'est-ce qu'il lui arrive ? On dirait qu'on a la poisse tous les deux, mais c'est peut-être un peu moins grave dans son cas... « Tu as perdu la main ? » Je demande, mi moqueur, mi sérieux.

Un air moqueur qui disparaît quand il me retourne la question et que mon regard se voile. « Je me demande si je n'ai pas commis une erreur en devenant médicomage...Je fais des erreurs de débutant. Même pas. Je n'ai jamais fait ça quand j'étais en stage. C'est incompréhensible. Alors peut-être que je ne suis pas fait pour ça, que je ne sais pas gérer la pression... Que sans un tuteur au dessus de moi, je ne veux rien... » Je ne vais pas me mettre à pleurer non plus, mais mon discours est totalement dévalorisant... pas que je sois habitué à avoir une confiance en moi exceptionnelle, il suffit de voir comme j'ai peur de perdre Victoire pour se rendre compte que ce n'est que de la façade, mais je pensais avoir un minimum de contrôle au moins sur mon travail.

Sauf que ça aussi, ce n'était qu'illusion finalement ? Bref je ne sais plus... « Je suis désolé de plomber l'ambiance avec mes questions existentielles, t'es pas venu pour ça. ».

ft. Matt

miss you bro

« Je me suis entrainé pour toi princesse. », soufflais-je avant de roulé à côté de lui à sa question à ce qu’elle impliquait. Beaucoup de choses, mais sans doute pas le principal. Mes des inquiétudes que j’avais gardées pour moi jusqu’à aujourd’hui. « Zack est… Protocolaire… Je le sens pas qu’une sang pure, coréenne, d’une famille bien placé vienne subitement à Poudlard et que comme par hasard, soit une partenaire parfaite de révision pour lui… », mais allais-je dire quelque chose ? Non, car en effet ils passaient du temps ensemble et peut-être qu’au final, quelque chose de stable en sortirait.

Quant à la botanique, c’était pas mieux et… « Ou je sais plus lire… J’inverse des potions, je me plante de bac… », des conneries peut-être, mais des conneries qui ici, commençaient à couter cher. Mais lui ? Est-ce qu’il y avait une chance pour que ça aille mieux et… Non. Il doutait, fortement, ce qui était déjà une chose habituelle chez lui, mais qui faisait toujours un peu mal tant Ted était une bonne personne, studieuse, intelligente. « Tu veux vraiment que je te refasse un laïus sur la confiance en soit ? » demandais-je avant qu’il ne s’excuse.

« Je suis venu car mon meilleur ami me manque et que j’ai complètement l’impression de dérailler sans toi. », en fait c’était qu’en une année, tout avait changé, il était parti, Vic aussi. Ma copine n’était plus une copine, mais ma femme, elle avait un poste à responsabilité, et pas la même complicité qu’avec Ted quand bien même je n’avais pas à me plaindre. Mes frères avaient eu aussi leurs lots d’emmerdes, alors oui. J’étais venu car tout déraillait et que j’avais besoin de normalité.

« T’as changé de rythme. Changé de cadre. Le nombre d’erreur que tu fais n’a pas augmenté, tu y passes juste plus de temps… C’est normal d’en faire plus en y étant… Tu fais des erreurs de débutant comme tu dois faire aussi du plus technique sans problème… Demande un peu à tes collègues comment étaient leurs premières années… Je crois pas que ça doit être très glorieux… Mais une erreur c’est une occasion d’apprendre, de gagner en vigilance pour ne plus recommencer après. », c’était une occasion, une chose positive qu’il devait comprendre. « Et si il y a bien une branche ou tu dois toujours te remettre en question c’est celle là. Chaque situation est différente non ? On t’aurait pas engagé sans raison… Pas si tu n’avais pas les épaules pour ça. », mais est-ce que rationaliser fonctionnerait sur lui ? Il était moins rationnel qu’Heather, plus humain, plus dans l’émotion. Il doutait car il se remettait en question, car il ne prenait pas les choses pour acquis et c’était bien, sauf quand ça le blessait comme aujourd’hui. Sauf quand ça le faisait reculer. « Tu veux une tisane pour la concentration ? » demandais-je dans un sourire. Une proposition stupide peut-être, mais pour rappeler que rien n'était sans solution.

ft. Ted

miss you bro

J’ai un sourire un peu amusé à voir le grand frère poule se faire du souci pour son cadet. « Si il y trouve son compte et elle aussi, où est le mal ? » J'ai un léger rire. « Après tout, tout le monde ne peut pas faire des fiançailles fracassantes comme toi, tu as mis la barre trop haute. » Ah c’est sûr qu’entre son petit frère très Sang Pur et bien dans le rang et Matthew, qui revendique une femme devant toute la société Sang Pure à nouvel an, il y a un fossé. Pas étonnant qu’il s’inquiète pour son cadet. Mais je ne pense pas que Zack soit du genre à agir sans réfléchir ou même calculer ses intérêts. Il reste un Serpentard.

Mais est-ce que c’est vraiment cette situation qui perturbe Matthew ? Lui aussi semble éprouver des difficultés dans son travail. Alors qu’il a toujours été excellent en Botanique, ce genre d’erreur ne lui ressemble pas. « Le surmenage peut-être ? » Il ne faut pas croire, cela peut avoir des effets dévastateurs… C’est peut-être ce qu’il m’arrive ? J’y songe, tout en confiant à mon meilleur ami que je me suis peut-être trompé, que je ne supporte pas la pression, alors que fais des conneries au boulot. « Je me suis anesthésié moi-même Matt… » Cela pourrait être drôle dans un sens, mais cela ne me donnait vraiment pas envie de rire. « Je me suis trompé de salle pour un accouchement, je me suis retrouvé auprès d’un homme… Je veux bien être étourdi, mais je ne l’ai jamais été autant. » Alors un laïus serait-il utile ? J’en doute. Parce que là, il pourra dire ce qu’il voudra, je suis complètement dans le creux de la vague. Et je le saoule avec mes problèmes au lieu de juste profiter de sa présence et me détendre.

Nouveau sourire à son aveu sur la raison de sa venue, avant qu’il ne disparaisse quand il reprend, tentant de me rassurer. « J’ai des collègues qui ne laissent rien passer… » Je me suis rembrunis. Certains sont indulgents. D’autres absolument pas. Et ils me font me sentir comme la dernière des merdes. « Une erreur peut tuer quelqu’un Matt. » On ne parle pas de tuer un geranium là. On parle de vies humaines. Jusqu’à maintenant, cela n’a pas prêté à conséquences, mais cela ne durera peut-être pas… je dois me reprendre absolument. Même si Matt essaie de faire appel à la logique. On ne m’aurait pas pris à Sainte-Mangouste si je n’avais pas le potentiel pour être un bon médicomage… Oui, sans doute. Mais j’avais encore tout à prouver et là… C’était mal parti. « J’espère que tu as raison. Mais j’ai encore mes preuves à faire tu sais… » Je hausse une épaule quand il évoque une tisane de concentration. « T’as pas un truc contre la maladresse pour aller avec ? Me faut un cocktail costaud à ce stade. » En vrai, je sais faire ce genre de potions bien sûr, mais je ne suis pas certain que ce soit efficace dans mon cas.

ft. Matt

miss you bro

Ted était un peu la voix de la raison, je le savais et même si en effet, mon cas avait été particulier, j’aurais voulu que mon frère puisse connaitre un sentiment honnête avant l’honneur de la famille. « C’est des gosses… Je sais ce que c’est de tomber amoureux… J’aurais préféré que mon frère le découvre avant d’être forcé… Ou de croire qu’il doit le faire. », mais ce n’était pas réellement la chose la plus importante au final. Il y avait plus important, plus urgent, comme le fait de se retrouver et… Parler de ce qui semblait nous frapper. Du moins déjà pour moi, je n’avais fait autant d’erreurs en si peu de temps. Et le surmenage pouvait y être pour quelque chose, mais je n’étais pas certain de ça… « Quel surmenage ? Je suis Botaniste… » soufflais-je plus par ironie qu’autre chose avant qu’il ne me confie ses problèmes que j’essayais déjà de rationaliser.

Il s’était anesthésié lui-même, ce qui était en effet particulier, pas le genre de connerie qu’on pouvait faire comme ça. Il s’était aussi trompé de salle pour un accouchement, et si il pouvait être étourdi, il ne pouvait pas l’être autant. « Dans la précipitation peut-être… », mais c’était difficile à accepter. Pour autant il ne me soulait pas, au contraire, je voulais aussi l’aider, être là pour lui, même si il n’était pas foncièrement sur, il me manquait, toutes nos soirées nous manquaient. Alors j’allais le rassurer, essayer de lui faire comprendre que c’était sans doute normal, même si des collègues ne laissaient rien passer, « Mais d’autres doivent t’aider. » soulignais-je malgré tout. Mais oui une erreur pouvait tuer quelqu’un et… « Si tu penses comme ça, alors ne fais plus rien, ne travaille plus, ne cherches plus à grandir. », je ne le bercerais pas non plus d’illusion, mais être aussi défaitiste…

« Tu crois que ton père aurait fait ce qu’il a fait pour Poudlard, pour le monde même si il s’était arrêté au fait qu’une erreur pouvait tuer quelqu’un ? Il y a eu des erreurs ce soir là, des gens sont morts, mais de ces morts, ils en sont ressortis plus fort… Quand bien même tu viendrais à perdre des patients, je doute que ce soit par négligence, mais ça t’apprendra ce que l’école ne pourra jamais t’apprendre. », le parallèle pouvait être violent, mais pourtant vrai. Si il avait peur il n’avancerait jamais. Mais oui il avait ses preuves à faire et je pouvais lui donner une tisane de concentration au besoin, mais il voulait quelque chose contre la maladresse… « Heather pourrait, mais j’ai mieux pour ça. Fais toi confiance. », autant qu’il pourrait.

ft. Ted

miss you bro

« Est-il vraiment forcé ? Tu en as discuté avec lui ? » Le moins qu'on puisse dire, c'est que Matt et son frère n'ont pas du tout le même comportement, ni la même personnalité. Alors ce qui convient à Matt ne convient pas forcément à Zack. Je suis certain que le cadet n'a pas vraiment approuvé la façon dont son aîné à décidé de revendiquer Heather, créant tout de même un certain scandale. Je fréquente la famille depuis un moment maintenant, et si je suis proche de Matthew, et moins des autres, j'ai tout de même pu les observer, les voir interagir entre eux souvent, ou même à l'école. Enfin bref, je pense qu'il se tracasse pour rien concernant son jeune frère. Il a déjà eu fort à faire avec Ayden. Zack est beaucoup plus sage et pondéré. Ah, finalement, être fils unique, ça a peut-être du bon, j'ai au moins ce tracas là en moins... Quoique, j'ai des frères et sœurs de cœur finalement.

Après ce préambule, il se trouve que nous découvrons tous les deux que c'est difficile d'exercer nos métiers respectifs et qu'on commet des erreurs énormes. Le surmenage est une piste à explorer, quand on en a trop en tête, on ne sait plus se concentrer et on fait des erreurs, c'est logique après tout. Sauf que Matthew ne pense pas que ce soit son cas en tant que botaniste. « Et il faut être vigilant à toutes ces plantes qui ne peuvent pas crier leur détresse comme le font les patients. » Mais ouais, il n'a pas tout à fait tort pour le coup.

Alors qu'est-ce qu'il nous arrive ? Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je n'ai jamais été étourdi. Savoir qu'il éprouve des difficultés ne me rassure pas vraiment. J'aurais aimé que tout se passe bien pour lui, évidemment, ne souhaitant pas qu'il connaisse le doute comme moi. Je hausse une épaule quand il évoque la précipitation. Mouais... j'ai pourtant eu de l'entraînement pendant mes stages. Il n'y a rien de nouveau, si ce n'est que je n'ai plus le parapluie de médecins titulaires au dessus de ma tête. Je le suis désormais. Mais j'apprends encore de confrères plus expérimentés évidemment. Et ce n'est pas comme ça que je vais les amener à avoir une bonne opinion de moi et à me faire confiance. Ni me laisser gérer un service. Bien sûr que c'est énormément de pression, mais je m'y suis préparé pendant mes études enfin. « Oui, certains. » Le monde du travail est ainsi, il y a des gens bienveillants qui t'aident, d'autres qui t'enfoncent, d'autres, sévères, pour te pousser à te dépasser même si ils te font douter.

Je lui jette un regard outré quand il finit par me dire que je pourrais aussi bien ne plus rien faire, ne plus avancer, si je continue à penser que je finirais par commettre l'erreur qui sera fatale. C'est abrupt. Un peu comme une gifle qu'il m'aurait assenée... Mais ça a le mérite de me secouer un peu. « T'es dur. » Mais je n'attends pas forcément de lui qu'il s’apitoie avec moi. Malgré tout, évoquer mon père me fait toujours réagir. Mélange de fierté, de tristesse... j'aurais aimé le connaître, autrement qu'à travers les récits de ceux qui ont pu le fréquenter. Certains en parlent n mal, de par son statut de loup-garou, d'autres en héros... « Ce n'est pas pareil.. Il étaient en guerre... Et s'ils ne s'étaient pas battus cette nuit là, je les aurais connu. » Un voile passe dans mon regard avant que je ne ferme les yeux et soupire en me passant une main sur le visage. « Désolé. Je ne devrais pas réagir comme ça. Je suis un peu sur les nerfs. Mais on parle de vies humaines. » Même si perdre un patient arrive, trop souvent même, cela ne rend pas la chose plus aisée à accepter... Surtout par étourderie. « A t'entendre parler, c'est facile... » Se faire confiance... Si seulement c'était le remède.

ft. Matt

miss you bro

« Pas encore… Je veux pas être intrusif. », même si mes inquiétudes l’étaient déjà. Je devais le laisser respirer et puis, il y avait eu plus important. Lui, ses inquiétudes, ses échecs. Les miens aussi. Que je n’expliquais pas. Secouant la tête au fait d’entendre des plantes hurler, j’avais levé les yeux vers lui, « Elles s’expriment en silence et efficacement. » assurais-je alors avant de l’entendre dire ce qui l’effrayait, mais aussi de s’enfoncer et sans doute avais-je été dur, brutale, mais j’avais fini par forcer un parallèle pour le faire réagir.

Oui, j’étais dur, « Je n’aurais aucun intérêt dans ta vie si j’étais là que pour le sexe et pas pour te secouer… » assurais-je avec une fausse note d’humour pour le faire se détendre un peu avant qu’il ne rappelle que ce n’était pas pareil. Son père a mené une guère et si ils ne s’étaient pas battus ils seraient en vie. « Oui, mais combien auraient perdu un proche ? Combien seraient morts sans lui ? », même si ce n’était pas le sujet, il ne fallait pas oublier que le sacrifice avait été volontaire, important, pour une bonne raison.

S’excusant alors de sa réaction, il recadrait, parlant de pourquoi il était à fleur, pourquoi il réagissait ainsi. Pour autant était-ce facile ? « Ça l’est pas, mais de toute évidence t’apitoyer non plus. », me redressant un peu, je balayais la pièce, cherchant l’axe qui pourrait le convaincre définitivement, « Mais la vie c’est une succession d’épreuve, de moment impossible, d’échec. Sinon tu n’aurais aucune réussite, sinon tu ne savourais rien. C’est difficile, mais tu penses vraiment que t’apitoyer va changer quelque chose ? Tu penses vraiment que… C’est pas facile… » soupirais-je en passant une main dans mes cheveux.

« Y’a pas un soir ou je me demande pas si j’ai bien fait d’ouvrir ici, si j’ai bien fait d’aller chez les Gaunt, de la ramener avec moi. Y’a pas un soir ou je repense pas à ce que j’ai fait, à comment je l’ai fait pour la libérer… Et y’a pas un soir ou je ne pense pas à Ayden, à quel point j’ai rien vu venir, à quel point il est parti en couille car j’étais pas là… Et y’a pas un soir où j’ai pas peur de tout perdre d’un coup, d’avoir trop cru en moi alors qu’avant janvier, j’avais jamais assumé quoi que ce soit… Mon père me fait confiance pour la suite, ma mère veut des gosses et… J’ai peur Ted. Je sais pas ce qui va se passer et j’ai peur qu’un jour, Heather parte, car notre histoire a été trop rapide… Mais si je m’arrêtais à ça chaque soir… » et je n’avancerais pas. Je ne pourrais pas.

« Pourtant en ouvrant j’ai pu vous garder à proximité, vous offrir un toit et vous soulager d’une inquiétude. Pourtant si j’avais pas été chez les Gaunt, je n’aurais pas été moi et je n’aurais pas comprit que j’étais capable de tout ça. Si je n’avais pas paralysé son père, je n’aurais pas non plus comprit dans quel monde j’allais évoluer. Si je ne l’avais pas aimé, je n’aurais pas comprit aussi pourquoi Ayden avait à ce point dérappé et si j’avais pas bougé, mon père n’aurait pas autant verbaliser sa confiance… J’ai échoué, plus d’une fois… Aussi difficile ça puisse-t-être, c’est pas ton cas. Tu as toujours été bon élève, toujours de bonne note, populaire, préfet, préfet en chef, même si t’as perdu du temps avec Victoire, tu as toujours su que tu l’aimais… Alors t’as pas confiance en toi, mais regarde bien Ted. Des erreurs peuvent couter des vies, mais pas encore, pas pour le moment… Alors au lieu de penser ce qui ne va pas, tu pouvais penser ce que aller ? T’as bien dû faire des choses biens ? Sauver des vies ?! », détournant la conversation, j’essayais de le guider sur du positif, juste du positif.

ft. Ted

miss you bro

Je hausse un sourcil quand Matthew me répond qu'il n'en a pas discuté avec le principal intéressé parce qu'il ne veut pas être intrusif avec lui. Alors ça, c'est un peu drôle quand même. Il n'a aucun mal à l'être avec moi. Mais nous sommes plus proches qu'il ne l'est de son frère paradoxalement... « Tu penses qu'il le prendrait comme une intrusion ? Ce n'est pas normal entre frères de discuter un peu de ses relations ? » Je n'en sais rien, après tout, je n'ai pas de vrai frère ou de vraie sœur. Je suis le grand frère de toute la clique. Mais je comprends ses inquiétudes, il a de quoi l'être après l'année qu'Ayden a pu leur faire passer. Zack est bien plus discret et sage, mais cela ne signifie pas qu'il ne peut pas faire de conneries. Quand bien même épouser une jolie Sang Pure n'en soit pas vraiment une aux yeux de beaucoup de monde. Mais les Gimhae sont un peu différents, du moins, ceux qui se trouvent au Royaume Uni, qui ont un peu rompu avec toutes leurs traditions.

Quoiqu'il en soit, nous avons tous nos tracas et on dirait que cela se répercute sur nos boulots... ce qui est un vrai problème. Matthew, bien qu'étudiant, a déjà sa propre boutique, alors si il commence à laisser crever sa source de revenus... Sans compter qu'il adore vraiment la botanique. Quant à moi et bien... C'est mon nouveau boulot, ma plongée dans la vie active et cela ne se passe pas du tout comme prévu. Sauf que Matthew a des paroles assez violentes pour me faire réagir. Et ça fonctionne, même si cela fait mal. Comme de me rappeler qu'il a sans doute sauvé beaucoup d'autres vies par son sacrifice. Oui, je sais, c'est un héros, blablabla... Cela fait tout de même de moi un orphelin qui ne le connaît que par les récits que l'on a pu me compter de lui... Je ne sais pas si Matthew peut réellement comprendre ce sentiment. C'est complexe, alors que je suis fier de lui, de ma mère, mais également triste de n'avoir absolument aucun souvenir d'eux.

Pour autant, ce n'est pas la peine de m'en prendre à Matt à ce sujet, alors qu'il veut juste me secouer les puces et me redonner confiance en moi. Une mission bien difficile pour le moment. « Je sais que m’apitoyer ne sert à rien. Mais je dois aussi analyser pourquoi ça déconne comme ça. » Il me confie alors ses propres insécurités, ses propres doutes. Et il y en a un paquet. Faut avouer que cette année, il s'est lancé sans vraiment réfléchir dans des situations quelque peu problématiques. « En même temps, tu as foncé tête baissée comme un taureau devant lequel on agite un drapeau... » Surtout concernant Heather, la demandant en mariage alors qu'ils ne se fréquentaient pas depuis très longtemps. A côté de ça, je suis bien trop prudent, à tout calculer. A trop calculer. Finalement, une relation ne se calcule pas. Rien ne me permettra de savoir si cela fonctionnera avec Victoire. Comme rien ne lui permet de le savoir avec Heather. Mais ces questions, il les balaie assez aisément, se concentrant sur tout le bénéfique qui a pu en ressortir. « On n'est pas semblables toi et moi. Pas là dessus. Tu as tout risqué pour une fille que tu connaissais peu. J'ai tout foutu en l'air avec une fille que je connaissais par cœur... Et même encore maintenant, j'ai peur d'être un sombre connard avec elle à un moment donné et de tout faire foirer encore... » Je ne suis pas capable de me lancer dans le vide sans parachute comme Matthew. « Mais oui, j'ai fais des choses bien... heureusement. Juste... ça m'inquiète. » Bref. On tourne sans doute en rond là. « Et donc, tu n'es pas prêt de faire des petits enfants à ta mère ? » Je demande avec un sourire en coin, malgré la gravité de la conversation précédente.

ft. Matt

miss you bro

« On en a déjà parlé avant le mariage, mais Zack a sa conception des choses et je veux lui faire confiance, mais… Il reste naïf dans un sens. Il a été influencé par nos grand parents et j’ai pas envie qu’il se retrouve marié et réalise un jour que c’était pas ce qu’il voulait. », enfin, c’était pas fondamentalement le principal, pas fondamentalement ce qui nous attirait ici. Car il avait vécu des choses difficiles, car il avait été secoué et j’essayais de le faire réagir, d’une façon ou d’une autre. Même si c’était violent, il ne pouvait pas rester dans cette phase, dans cette position. Il ne pouvait pas se laisser piéger, sinon il n’irait pas très loin. Il devait apprendre l’assurance, il devait apprendre à se faire confiance, à accepter aussi qu’on faisait tous des erreurs.

« Si il y a bien une personne que je sais capable de ça, c’est toi Ted. Tu vas analyser les choses, mais tu dois aussi apprendre à lâcher prise. », on avait tous des craintes, des angoisses, mais il fallait savoir avancer quoi qu’il arrive. Cherchant toujours à le rassurer, j’avouais facilement que j’avais foncé sans réfléchir, mais de là à m’arrêter… « Et j’ai épousé la femme que j’aime. Il n’y a aucun mal à foncer parfois. », je ne prenais pas mal la remarque, je lui indiquais juste qu’il pouvait aussi le faire. Qu’il pouvait y arriver.

Mais oui, on était pas pareil. J’avais tout risqué pour une fille que je ne connaissais pas beaucoup et lui avait tout foiré avec une fille qu’il connaissait par coeur. Une situation qui n’allait pas en s’arrangeant car il avait toujours peur d’être un connard, de tout foiré. « Tu peux pas vivre éternellement dans la crainte d’être un connard Ted… C’est pas sain et… Dans un sens si t’as toujours peur, tu peux pas être franc et réel et Vic c’est un peu le genre de fille avec qui il faut l’être. Elle explose, mais c’est son fonctionnement. », elle était passionnée, il ne devait pas l’oublier.

Il reconnaissait aussi bien faire des choses, juste qu’il était inquiet et ça… « Tu vas finir par perdre tes cheveux et je couche pas avec un chauve Teddy ! » m’offusquais-je dans un sourire rassurant. Il s’inquiétait trop, il devait s’apaiser et… Enfant ? Simulant une envie de vomir, je convulsais à moitié de dégout avant de le regarder, offusqué, « Je t’aide et toi tu m’insultes ?! J’ai une tête à avoir des gnomes ?! Yark. », bon après je venais d’une famille nombreuse, en soit, j’étais pas si réfractaire, mais pas avant d’être posé, d’avoir prit le temps de tout, pas avant d’avoir vécu ma jeunesse. « Si j’ai déjà des gosses, j’ai un peu peur du too much en un an quand même ! » finis-je par dire avant de secouer la tête.

ft. Ted

miss you bro

« Il a sa conception des choses, comme tu as la tienne. Y en-a-t-il une meilleure que l'autre ? Tu devrais faire davantage confiance à ton frère. T'es un vrai frère poule. » Je hausse une épaule : « Et même si il se rend compte que ce n'était pas ce qu'il voulait... Il pourrait encore divorcer non ? Je sais que ce n'est pas toujours bien vu, mais tes parents sont assez ouverts d'esprit pour le soutenir dans cette démarche. » Comme ils le soutiendraient si il se lassait de Heather et souhaitait autre chose. Au vu de la rapidité de leurs sentiments et de leur union ensuite, il se pourrait que cela ne fonctionne pas à tout jamais... Mais je préfère garder ces pensées pessimistes pour moi. Il est heureux avec la fille Gaunt, tant mieux pour lui, même si il y a des hauts et des bas. C'est sûr que je n'ai pas le même caractère frondeur de Matt. Il n'y a qu'à voir comme j'ai eu des difficultés à me décider pour Victoire, alors que je la connais depuis toujours. Et par cœur. Et je suis pourtant encore pétri d'angoisses et de craintes concernant notre avenir, alors que j'ai confiance en elle.

Mais pas spécialement en moi.

Matt a d'ailleurs l'art d'appuyer sur des leviers douloureux pour tenter de me faire réagir. Cela fonctionne, mais je ne peux pas juste me dire que c'est une mauvaise passe et que ce n'est pas ma faute. Ce serait une grossière erreur de ne pas analyser ce qui cause ces troubles dans mon environnement professionnel. « Raisonnement simpliste... J'aimerais que ce soit aussi... évident. » Je soupire. Épouser la femme qu'il aime. Sans doute que je me pose trop de questions... Je crois que j'ai davantage hériter de mon père que de ma mère sur ce point. Et il a entièrement raison pour la suite. J'ai gâché du temps avec elle avec mes propres craintes. Mais d'un autre côté, peut-être nous fallait-il ce temps de séparation pour grandir, mûrir et pouvoir vivre une relation plus saine et équilibrée. « Je dois surtout apprendre à taire ma jalousie mal placée. » Je n'ai pas besoin de lui expliquer, il sait très bien de quoi je parle, par le passé, il a recueilli assez souvent mes colères et cette jalousie maladive née de mon manque d'estime de moi-même. Victoire est tellement solaire, en plus de son charme vélane, évidemment qu'elle attire les garçon comme des mouches.

Mais ce n'est pas en me montrant timoré ou craintif que je vais la garder ou prouver que je la mérite... Je m'y suis fait. Enfin, entre la vie privée un peu chaotique et mes débuts professionnels qui ont des allures de cauchemar, ce n'est pas évident en ce moment. « T'inquiète, je suis métamorphomage, je peux avoir les cheveux que je veux. » Je lui adresse un clin d’œil, alors qu'ils virent à un bleu électrique soutenu et plus longs en une seconde. Et à moi de le désarçonner en parlant d'enfant, riant devant sa réaction épidermique. « Bien sûr que oui. T'es déjà hyper protecteur avec tes frères et sœur, j'imagine avec des gamins... » J'ai un sourire en coin. « Bah, tes parents seraient ravis, tu le sais. Et après tout, ce n'est pas ce qu'on attend de vous les Sangs Purs ? » Je rétorque avec un peu d'ironie. « J'ai hâte d'être tonton Ted moi. » Papa... cela me laisse plus dubitatif. J'en ai envie et en même temps j'en ai peur. Enfin, pour le moment, nous sommes encore trop novices dans nos vies adultes pour y ajouter un enfant.

ft. Matt

miss you bro

Il avait raison, mais mon besoin de le protéger, de couvrir mon frère des dangers me faisait oublier ça. Et puis on allait pas se mentir, le fait que cette vision soit partagé par ma mère n’aidait pas à me faire voir autrement. Quand à la fin en cas de problème… « C’est sûr, mais j’aimerais éviter qu’il souffre… », inutilement, surtout pour ça. Mais ce n’était pas tant le sujet, c’était qu’une goutte d’eau dans l’océan. Il vivait un moment difficile, un moment pourtant normal dans un changement de fonction, dans une nouvelle vie. Je voyais mal les choses se faire autrement. Je voyais mal la réussite être totale. Alors oui, je pouvais concevoir, je me doutais bien que pour lui c’était compliqué, je me doutais bien que c’était difficile à imagine, mais Ted avait toujours été un pessimiste dans l’âme. « Je m’en doute, mais ça peut être les deux, difficile comme facile tu sais… » souriais-je pour le conforter dans cette optique plus douce, plus positive.

Quant à sa relation avec Vic, elle était teintée qu’une jalousie qui en effet pouvait être mal placée, mais qui pouvait être comprise aussi. « Être désiré signifiera jamais qu’elle cédera. Vic est entière, elle est fidèle. Elle peut en jouer car c’est sa nature, mais est-ce qu’elle t’a déjà trahit ? Laissé douter de sa sincérité ? Je sais que c’est pas facile, je sais que la voir sourire pour avoir ce qu’elle veut est parfois frustrant, mais dans le fond… Tu sais ce qu’elle pourrait faire ou non mieux que personne Ted. » et c’était peut-être le plus frustrant pour lui. Savoir et voir la réalité.

Il devait se détendre, pour son bien, sinon il finirait chauve avec tout ça et ça… Il ne pouvait pas, il était métamorphomage et… Ok, j’avais rit car c’était un idiot, « Le bleu te va bien en fait… Mais c’est de l’arnaque en fait, tu seras toujours beau gosse… Et après on se demande pourquoi je veux t’épouser ! », quoi que si il disait encore le mot enfant… Pourtant il me voyait bien avec des enfants, il me voyait déjà protecteur. « Jamais… » soufflais-je dans un rire avant qu’il n’assure que mes parents seraient ravis, que c’était mon devoir de sang pur, ce qui me fit aussi un sourcil. « Il est vrai que j’en suis la parfaite définition ! » quant à son envie d’être tonton… « Moi aussi, alors vas-y, on va voir qui fait le malin ! », quoi qu’il ferait un super père. Un peu stressé, mais parfait dans son rôle au quotidien. 

ft. Ted

miss you bro

« Cela fait partie de l'apprentissage, tu ne peux pas les préserver de la vie. » Oula, je suis beaucoup trop philosophe là, cela ne me ressemble pas. Mais ce qui est assez drôle, c'est qu'il se fend de conseils me concernant, mais qu'il ne les applique pas forcément quand cela ne concerne ou concerne un proche. Enfin, je suppose que c'est toujours ainsi. Et mes récents déboires au boulot me font clairement douter de mes capacités. Je ne dois pas me laisser abattre pour autant, j'ai toujours su que j'avais choisi une voie difficile et parsemée d'embûches, de hauts, de bas, de remises en question. Je ne devais pas baisser les bras devant quelques obstacles. Mais j'ai toujours été ainsi.

Et si Matt évoque ma relation avec Victoire, il est évident aussi que j'ai compliqué les choses sans doute inutilement, à cause du manque de confiance en moi-même. Je suis sûr qu'un psychomage trouverait mon cas très intéressant. « Non, elle ne m'a jamais trahi. » Je ne peux pas dire le contraire. Avoir des attitudes un peu ambivalents avec d'autres mecs, sans même en voir le mal, oui, mais me tromper ouvertement ? Non. Comme elle n'est pas du genre à laisser traîner un problème sans prendre le grapcorne par les cornes. Je ne peux qu'apprécier sa franchise. Si elle avait eu une personnalité sournoise et sujette à la dissimulation, j''aurais pu me méfier, mais ce n'était pas le cas.

Je laisse échapper un trait d'humour concernant mes cheveux, ce qui a le mérite de le faire rire. « Eh oui, je peux être tout ce que veux. » Je souffle, un peu provocateur, pour essayer d'alléger un peu l’atmosphère, qui s'était alourdie. « Je ne suis pas sûr que la polygamie soit autorisée, fallait pas te marier sur un coup de tête. » Évidemment, l sujet des enfants a tendance à le faire fuir alors que ce n'est pas du tout à l'ordre du jour.  Si tant est qu'il ai envie d'en avoir un jour. « Comme c'est parti, il se pourrait en effet que tu sois tonton avant moi. Alors j'espère que tu es déjà préparé à venir recueillir toutes mes questions et mes insécurités à ce sujet. » Cela me paraît évident que nous aurons des enfants avec Victoire. Même si je doute de mes capacités, n'ayant pas été élevé dans un schéma familial classique, je sais que c'est avec elle que je veux faire ma vie. Et construire une famille. « Enfin, tu as l'habitude... Merci d'être là. »

ft. Matt