Une tentative de connexion
Le silence est un art que nous pratiquons tous : haineux, apaisé, gênant, lourd de tension, culpabilisant, pesant, résigné, studieux, assourdissant...
Mardi 10 Octobre, 15h. Le rendez-vous prit avec la psychomage de Poudlard clignotait avec des néons rouges dans sa tête depuis qu'il avait reçu la proposition de rendez-vous. La plupart du temps, il avait su l'ignorer, son Occlumencie marchait à merveille quand il s'agissait d'écarter des pensées parasites ou des émotions dont il pouvait se passer. Le néon était resté, comme une sorte de compte à rebours, laissant Altair dans un flou de cours, de devoirs, de repas et de sommeil, le tout ponctué des affections de son nouveau chaton. Il savait que c'était nécessaire. Il n'aurait jamais prit rendez-vous avec la psychomage s'il avait pensé pouvoir s'en passer. Cela ne voulait pas dire que cela l'enchantait mais il basait tout sur l'intégrité de la directrice. Elle l'avait embauché, cela aurait pu le conduire à mettre en doute ses capacités de perception de l'être humain, mais il savait aussi que ses compétences avaient été reconnues comme telle indépendamment de son passé peu glorieux. Il était certain qu'ils ne partageaient pas les mêmes opinions politiques, mais elle était aussi le genre de personne à parier sur l'être humain. Il pariait sur elle pour ne pas embaucher une psychomage peu scrupuleuse, susceptible de le ridiculiser ou capable de refuser de l'aider.
Après la guerre, l'aide d'une psy moldue lui avait été d'une aide limitée mais certaine et une fois qu'une certaine stagnation avait été observé, il avait préféré coupé court aux consultations malgré ses protestations qu'elle était certaine qu'il y avait plus à creuser. Bien sûr qu'il y avait plus, mais il n'était pas inconscient au point de vouloir mettre en danger le Code du Secret Magique International. Il vivrait avec ça. Et il avait vécu avec ça. Jusqu'à la semaine passée quand il avait "oublié" de se rendre aux heures de bureau et au diner. Il était arrivé à son bureau, s'étonnant du silence dans le couloirs jusqu'à ce qu'il se renseigne sur l'heure et apprenne qu'il était près de deux heures du matin. Plus de 6h disparue de sa mémoire. Il avait essayé de se souvenir de ce qu'il avait fait, refaire des chemins qu'il se souvenait avoir fait avant sa perte de mémoire, sans succès. Et les discussions aux petit-déjeuner lui avait appris qu'il n'était, en effet, jamais venu au diner. Plus probablement était-il resté assis à son bureau dans sa salle de classe depuis la fin des cours. Cela expliquait l'impression d'être ankylosé. Cela faisait des années depuis une perte de mémoire ou de conscience si grande. Les dernières dataient des années suivant sa sortie de prison, quand il voyait encore cette psy moldue. Oublier dix minutes, ce n'était pas un évènement courant, mais suffisamment peu rare pour qu'il s'y habitue, gardant une habitude tenace d'avoir systématiquement dix minutes d'avance, au cas où. Mais plus de 6h... c'était suffisamment inquiétant pour qu'il sache qu'il devait y faire quelque chose. Ce n'était que des heures de bureau et un diner, mais demain, cela pourrait être au milieu des escaliers, ou être absent de ses cours. Et il n'avait pas l'intention que la professeure McGonagall décide qu'il n'était pas assez fiable pour être conservé à son poste.
Alors voilà à se résoudre à voir une psychomage. Probablement plus compétente qu'une psy moldue évidemment, mais aussi susceptible d'avoir des préjugés le concernant qui le faisait grincer des dents d'avance. Il n'avait aucun désir de se battre. Soit elle montrait un intérêt à l'aider, sans moqueries ou condescendance, soit... et bien il devrait probablement se résoudre à voir une psy moldue ou à espérer qu'un tel évènement ne se reproduise pas. Il ne pouvait même pas mettre ça sur le compte de l'enseignement puisqu'il avait commencé l'an dernier en tant qu'assistant et que les cours se passaient assez bien. Intériorisant cette sensation d'être le condamné allant recevoir son baiser du détraqueur, Altair avait réussit à s'arranger avec ses assistants pour délaisser, cette fois, le cours de Droit des premières années de Droit & Sécurité Magique, avec suffisamment de notes pour qu'il puisse les reprendre la semaine suivante sans problèmes. Cela donnait une sale impression de régler ses affaires avant de partir, il détestait ça, mais il se consolait en se disant ses assistants assez compétents pour gérer sans lui.
Dix minutes avant l'heure dite, Altair se trouva donc au rez-de-chaussée où se trouvait le bureau de la psychomage pour leur première consultation, son Sonarcier volant au-dessus de son épaule droite un peu à l'arrière de sa tête, vétu de ses robes de professeurs, non pas qu'il en ait beaucoup d'autres, mais il n'aurait pas été à l'aise d'y aller avec une tenue qui criait "je suis votre patient", préférant garder une certaine... distance, armure. Au cas où. Il n'était pas spécialement stressé, plutôt... plutôt prudent, avec une certaine appréhension sous contrôle. Il fallait ne pas s'aliéner la jeune femme dès les premiers mots, ne pas lui donner de raisons de le poignarder dans le dos tout en étant capable de se détendre suffisamment pour parler. Il connaissait l'exercice et il se souvenait à quel point ça avait été difficile de balancer entre être assez ouvert pour être aider et suffisamment sur ses gardes pour ne pas gaffer son statut de sorcier. Il ne devrait pas avoir de problèmes de ce type cette fois, mais tout dépendait de son interlocutrice s'il n'y aurait pas d'autres sujets sur lesquels il devrait se surveiller, voire trop pour que cette démarche porte ses fruits. Son visage était fermé et ses yeux cachés derrière ses lunettes quand il frappa à la porte.
Toc, toc, toc.
agora