Est-ce qu'il se moquait ou... Plissant les yeux, j'avais mis quelques instants avant de me décider. Oui. Il se moquait. Il n'était pas sérieux et n'était pas blessé... N'est-ce pas ?...

- Tu plaisantes, hein ? Soufflai-je malgré tout alors que je n'en étais même pas si sûr que ça.

Mais il avait repris alors... Oui. Il plaisantait. Vraiment. Pour autant, cela ne changeait rien. Je n'avais pas fait les choses correctement, du moins pas si je désirais reproduire la chorégraphie. Mais était-ce le cas ?... En un sens oui. Mara avait raison, pour inventer, je devais savoir tout faire et savoir contrôler mon corps. Cela ne devait pas être "naturel", cela devait être contrôlé.

- Ne t'en fais pas, j'ai rarement besoin de quelqu'un pour me mettre la pression. Admis-je dans un léger sourire.

Il devait ainsi me remontrer à nouveau, doucement. J'allais le suivre en même temps, décomposant chaque geste, chaque mouvement jusqu'à ce qu'il lui semble correct, passant au suivant et continuant de la sorte. Il n'y avait effectivement rien d'insurmontable. Il suffisait de patience et de persévérance, chose dont je ne manquais pas lorsque cela me plaisait et la danse me plaisait.

- Ca... Ca ne me dérange pas que tu me touches. Avais-je accepté alors. Tu n'es pas un inconnu et tu n'es pas une femme. Ne t'en fais pas. Alors il pouvait y aller, surtout si c'était pour me montrer ce satané mouvement qui me résistait.

Les hanches étaient effectivement le plus difficile. Je peinais visiblement à saccader mes mouvements, à les contrôler suffisamment pour les mouvoir à ma guise, au son de la musique. Et il nous fallut de longues répétition pour qu'enfin je comprenne le mouvement.
Me relâchant j'avais finalement soufflé, m'écroulant au sol en râlant, rattrapant la bouteille d'eau au passage.

- J'ai l'impression que c'est encore plus fatiguant que les sports de combat. Articulai-je en me laissant tomber dos au sol.

Il fallait dire que les sports de combat étaient comme une seconde nature depuis toutes ces années de pratique.Je n'avais plus réellement besoin de réfléchir, seulement de me vider la tête. Là, en danse, c'était tout le contraire. J'avais dû comprendre, réfléchir et retenir. Trois choses qui m'avaient littéralement épuisé.

- Depuis combien de temps est-ce que tu danses ? Avais-je soufflé. On dirait que tu as fait ça toute ta vie... Esquissant un sourire un peu plus serein que depuis le début de notre séance, je m'étais alors redressé pour l'observer. Le sport me faisait véritablement du bien, quel qu'il soit. Dis... Soufflai-je alors qu'une idée venait de me traverser l'esprit. Si je te faisais écouter une musique... Tu serais capable de m'aider à inventer une chorégraphie un jour ?... Pas maintenant ! Me mis-je à rire. Maintenant, j'avoue que j'ai surtout besoin d'une grande douche.

- Le moment le plus nul de la vie d’un gay ? Soufflai-je sans même comprendre ce qu’il me disait là.

Que pouvait-être la chose la plus nulle dans la vie d’une personne homosexuelle… Je réfléchissais sérieusement à cela sans parvenir à trouver. Non. Vraiment… Je ne comprenais pas où il voulait ainsi en venir.

Mais dans tous les cas… J’étais épuisé. C’était indéniable. Ce sport était épuisant, bien plus que je ne l’aurais imaginé à vrai dire, plus que les sports de combat, ce que Mara m’expliqua simplement et… C’était vrai. Vraiment vrai. Je ne sentais plus certaines parties de mon corps ayant visiblement peu l’habitude d’être utilisées chose qui ne semblait pas lui être aussi difficile. Peu étonnant à vrai dire puisqu’il venait de m’annoncer avoir commencé depuis son enfance pour des raisons qui… J’avais doucement hoché la tête.

- Les sports de combat… C’est… C’est ce qui m’a toujours aidé à faire le vide et à ne pas céder à la colère. Avais-je admis en parallèle de ses paroles. Mais je n’avais jamais pensé à la danse pour le reste.

A vrai dire, je n’avais jamais pensé à la danse tout court jusqu’il y avait peu de temps…
Mais cela me donnait envie de continuer, d’apprendre davantage de choses et même d’en créer mais seul… Je n’étais pas convaincu d’y parvenir alors la proposition avait-elle été toute trouvée. Une proposition à remettre à plus tard, évidemment, tant l’idée d’une douche m’était bien trop imposée à cet instant que toute autre idée.

- Il faudrait que je me propose pour être préfet en chef pour y avoir accès. Avais-je dit dans un léger rire. Mais je vais devoir me contenter d’emmener Mika dans les douches de Pouf… Je m’étais arrêté, les joues rouges de ce que j’étais en train de dire avant de secouer la tête, gêné par la situation que je venais d’évoquer face à Mara. Désolé… Car il ne devait certainement pas avoir l’envie de savoir que Mika et moi profitions des douches de notre maison.

Enfin… Au moins acceptait-il malgré tout.

- J’essaierais d’inventer et tu corrigeras les mouvements alors ? Soufflai-je pour tenter de trouver un équilibre certain entre la créativité et la reproduction. Tu sauras bien mieux que moi comment ne pas me blesser ou comment améliorer les mouvements. Continuai-je alors même que je n’étais pas convaincu savoir comment inventer la moindre chorégraphie.

Vidant une grande partie de la bouteille qui m’avait été tendue, j’avais mis quelques instants à reprendre parole, m’étirant alors pour tenter de détendre mes muscles.

- Mara ? Avais-je alors soufflé. Je sais que je te l’ai dit cet été mais… Merci. D’être venu ce jour-là. Et d’être toujours là aussi. Je… J’ai de la chance d’avoir un ami comme toi… Vraiment. Merci…

Car il avait accepté de m’entraîner à apprendre des petits boulots, à danser, car il m’avait aidé avec Mika sans même me dire qu’il avait compris, acceptant que je ne veuille rien dire, car il avait été le proche dont j’avais besoin le jour de mes fiançailles… Alors… Oui. Il fallait que je le remercie pour tout ça. Vraiment.

Le moment le plus nul de la vie d’un gay était… Je n’avais pu m’empêcher de grimacer à cette idée. Non. Je n’aurais pas à le vivre et fort heureusement. Enfin… Fronçant les sourcils, je n’avais pu m’empêcher une question malgré tout.

- Tu penses que c’est possible de… De le faire avec une femme malgré tout ? Avais-je soufflé, anxieux. Je veux dire même en ne supportant pas leur corps et leur… Mes mains étaient montées au niveau de mes pectoraux sans que je ne nomme rien. Tu penses que c’est quand même possible ?

Car si je n’aurais jamais à vivre ce moment « nul », sachant pertinemment ce que j’aimais et surtout qui j’aimais, j’aurais malgré tout à le faire, à faire une descendance, un jour. Quoiqu’il arrive. Et… Et mieux valait ne pas s’attarder sur le sujet. Le reste m’avait d’ailleurs au moins permis de me défouler encore davantage, me laissant épuisé, plus que par le combat. Un véritable bon moyen pour se défouler… Car oui, cela restait un sport. Mara avait raison.
Mais là, maintenant, je n’allais certainement plus faire de sport. Ou pas ce sport-là, préférant une idée précise qui impliquait une douche, Mika et surtout une gêne absolue qui me poussa à m’excuser pour avoir imaginé cela face à Mara.
Détournant les yeux, je m’étais légèrement étouffé au rappel des fiançailles loin d’être calmes pour nous, il fallait l’accorder. D’autant plus qu’il y avait encore dû insonoriser une pièce… Ce qu’il faisait déjà ici et…

- Désolé… Avais-je grondé. C’est plus fort que nous… Ce qui était finalement le cas, au détail près que nous ne cherchions certainement pas à lutter contre.

J’avais encore beaucoup de mal avec cela ou tout du moins à l’assumer devant d’autres, même devant des amis. C’était devenu naturel avec Mika… Beaucoup moins face aux autres, comme si un voile devait être, malgré tout, maintenu sur ce que nous faisions en couple.

- Merci pour… Pour essayer de nous cacher. Avais-je malgré tout ajouté dans un léger sourire désolé.

Préférant à nouveau changer de sujet pour quelque chose de moins malaisant pour moi, j’avais été ravi de le voir accepter ma proposition… Pour plus tard. Evidemment. Et… Et ainsi l’avais remercié. Pour tout. Car j’avais de la chance de le connaître, de l’avoir en ami. Ce qu’il refusa en un sens, m’arrachant un sourire de gratitude.

- Je ne pense pas que cela soit vraiment le cas. Refusai-je à mon tour. Mais ça m’a vraiment fait du bien d’avoir un ami là-bas. De ne pas être… Enfin je ne l’étais pas vraiment mais… Mais seul pour fêter ce qui était l’un des plus beaux jours de ma vie. Expliquai-je dans un sourire.

Mes fiançailles avec Mika étaient effectivement, à mon sens, l’un des plus beaux jours de ma vie si ce n’était le plus beau, finalement, avant notre mariage, avant le reste… Et il avait été là. Il… Il était vraiment un ami. Et pour cela, je ne pouvais que lui en être reconnaissant.

Me redressant, me remettant sur pied, j’avais même osé le toucher de moi-même, posant ma main sur son épaule dans un geste qui se voulait, pour moi, amical, réellement.

- Et si un jour tu as besoin…

Je n’avais pas vraiment besoin de finir la phrase. Mara comprendrait parfaitement ce que je voulais dire. S’il avait besoin de quoique ce soit… Il n’aurait pas à hésiter. Jamais. Du moins après que nous ayons rejoints nos conjoints respectifs, il allait sans dire. Et c'est d'ailleurs bien ce que nous pûmes enfin faire, nous séparant pour que je remonte auprès de Mika que j'entraînais sans plus tarder dans les douches. J'en avais besoin. De la douche, certes, mais surtout bien plus de lui. Définitivement.