- Je serais revenu après. Lui avais-je simplement répondu avant qu’il ne s’excuse.

Des excuses que je refusais. Réellement. Il n’avait pas à les formuler. Pas lorsqu’il n’y était pour rien. Pas lorsqu’il était la victime de tout ce qui avait pu se passer depuis la veille. Et pourtant… Il avait beau être victime, il s’inquiétait encore pour moi et… Non. Je le refusais. Fermement. C’était hors de question. Cette journée et les suivantes lui seraient consacrées. A lui. Pas à moi. Moi… Je devais être là, je devais le faire briller. Ce que je voulais, c’était cela. Juste cela. Et c’est pourquoi je voulais que nous fassions quelque chose qui lui ferait plaisir… Et même si cela était à l’extérieur, ce qui m’obligerait inévitablement à user de métamorphose sur lui.
Lui montrant ses yeux redevenus normaux par ma propre magie, je lui avais néanmoins expliqué quelques « règles ». Pas d’endroits bondés. Pas de lieux trop fréquentés. Je ne savais pas si, du fait de mon épuisement mental et physique en grande partie due à la nuit blanche passée, je pourrais tenir. Mieux valait ne pas prendre de risque.

- Je ne suis pas obligé mais j’en ai envie. Surtout s’il désirait sortir. Je lui devais bien cela. Et c’était encore bien trop peu face à tout ce que je voudrais lui offrir. Alors ne t’en fais pas.

Pourtant… Cela me faisait du bien de revoir ses yeux… De la sorte, il était… Lui. Vraiment lui. Et… J’avais malgré tout tenté de le rassurer. Il les retrouverait. Dès lors que la fusion serait terminée, il retrouverait ses yeux.

- Tu seras toujours toi… Murmurai-je en réponse à sa question. Toi avec quelque chose en plus.

C’était ce dont j’essayais de me convaincre, ce en quoi je voulais croire. Ce qu’il fallait qu’il croie.
Il serait lui. Toujours. Il était lui. Mika Wilde. Sang-Ki Wilde. L’amour de ma vie, mon âme sœur. Celui avec qui je passerais mon éternité. Personne d’autre. Et ce ne serait jamais un foutu kitsune qui changerait cela.

L’entraînant dans sa chambre, j’avais alors miné un regain d’énergie, plus souriant, plus… Présent face à lui, afin de lui expliquer les choses : nous ferions ce qu’il avait envie de faire. Tout ce qu’il voulait. Même si cela signifiait prendre une voiture et manger des toasts ananas qui restaient une ignominie pour moi. La seule chose était que je ne pourrais pas jouer, ma guitare étant restée à Poudlard. Chose qu’il trouva à redire.

- C’est vrai…

C’était une bonne chose. La musique l’apaisait toujours… Cela pourrait aider.
Me laissant prendre entre ses bras, j’entendis sa demande. L’embrasser… Une seconde, il me fallut réfléchir ou plutôt… Me rappeler, encore, qu’il était lui. La métamorphose toujours en place, cela pouvait paraître plus « facile » mais… Impossible d’oublier qu’il n’était plus seul, qu’il… Que tout serait différent, qu’il le serait aussi, en un sens et… Non… Je ne devais pas y penser. Pas quand il avait besoin de ma tendresse, de tout l’amour que je ressentais et ressentirais toujours pour lui.

Mes mains glissant autour de son visage, je l’avais alors embrassé. Tendrement. Amoureusement. Si ma passion était retenue par ce lien invisible créé par mon propre esprit face au kitsune, il ne pouvait y avoir aucun doute quant aux sentiments que je ressentais pour lui. Je l’aimais. Indéfiniment, j’aimais Mika. Et j’aimais sentir ses lèvres contre les miennes, y retrouver leur goût, leur douceur qui n’avait pas changé malgré tout… Comme une ancre dans cette réalité, je m’y perdais alors un instant, ne me séparant de lui que lorsqu’il me fallut parler.

- Je t’aime, Hae… Lui avais-je murmuré en embrassant son front. Mais je peux t’embrasser ailleurs que dans ta chambre. Alors qu’est-ce que tu veux faire ?

Prendre la guitare de son père et aller sur la plage ? J’hochai rapidement la tête avant de me stopper. Il y avait un mais ? Quel mais ?... La nourriture… Fronçant un instant les sourcils, je m’efforçai à sourire à nouveau, doucement.

- C’est vrai que j’ai un peu faim. Admis-je, faussement.

La faim n’était pas une de mes priorités. A vrai dire, je ne la ressentais même pas tant mon corps et mon esprits étaient tendus, angoissés. Je n’avais pas faim. Je craignais même que manger ne me donne des nausées. Et si je ne doutais pas de ma pâleur ni même de ma fatigue, je n’avais aucune envie d’avaler la moindre chose. Même le café que j’avais pourtant bu en partie, me semblait déjà de trop dans mon estomac vide.
Pourtant… Riant très légèrement à son humour, j’avais accepté. J’allais manger.

- Je croyais que tu aimais quand j’étais blanc. Avais-je même rétorqué en glissant ma main dans la sienne pour prendre le plateau qu’il avait dû déposer dans la chambre rejoindre la cuisine où je pus m’installer à table, tentant de rassurer sa mère d’un regard faussement serein, d’un sourire qui n’en était pas mieux.

Il me fallait donc manger… Observant le bol, j’avais malgré moi déglutit difficilement, retenant un froncement de sourcil tant la nourriture semblait me dégouter à cet instant. Mais je mangeai. Mon sourire s’était fané, concentré sur les nausées qui me prirent rapidement, mais je mangeai. Et je terminai même mon bol rapidement autant que les légumes d’ailleurs qui, au moins, m’apportèrent un peu de fraîcheur.

- Je crois que j’ai un peu trop mangé… Grimaçai-je malgré moi pour expliquer mon air pas franchement exalté de m’être rassasié.

Me servant un verre d’eau dans l’espoir de faire passer ce que j’avais avalé presque tout rond pour tenter de limiter la casse, j’avais alors soufflé pour demander à Alec la permission d’emprunter sa guitare avant de rejoindre Mika et transplaner directement dans cette petite cabane qui, quelques longues semaines auparavant, nous avait permis de nous retrouver tous les deux.
Sortant, j’avais observé autour de nous. Il n’y avait pas grand monde. Bien…

- Où est-ce que tu veux qu’on s’installe ? Avais-je alors demandé. Et il faut que tu me dises quelle chanson tu veux que je joue. Je me suis encore entraîné sur celles que tu m’avais donné… Si tu as envie d’entendre leur avancée. Soufflai-je. Cela dit, il faudra que je retourne à Poudlard chercher les partitions pour en jouer davantage. Et il faudra que j’y retourne pour demander à ma sœur de prendre les cours en double aussi cela dit… Et prévenir de ton absence, je dirais à ta mère de ne pas envoyer. Autant que je leur donne en main propre…

Je voulais faire les choses. Je voulais être actif, être là, faire les choses pour lui, pour me sentir utile lorsque je ne pouvais rien faire. Mais je voulais sûrement bien trop en faire, c’était évident…

- Je vais essayer de rester là quelques jours, avais-je alors murmuré. Je vais réfléchir à une excuse pour rater les cours… Je vais… Je leur dirais que je suis malade.

Je n’avais pas l’habitude de mentir alors… Même nulle, c’était la seule idée qui m’était venue en tête.

Je l’aimais. Voici une chose qui ne changerait pas quoiqu’il puisse se passer. Je l’aimais indéfiniment, plus que ma propre vie, plus que tout ce qui pouvait nous entourer. Et l’embrasser restait une chose naturelle, une chose qui m’apaisait. Quand bien même j’étais retenu, quand bien même je n’arrivais pas à être comme « d’habitude », je m’apaisais contre ses lèvres autant que je cherchais à l’apaiser, lui… Ce qui sembla fonctionner alors que je le sentais me répondre, s’accrocher à moi. Soufflant contre ses lèvres, je lui avais alors rappelé ce lien qui nous unissait, qui ne ternirait pas malgré tout avant de m’enquérir de son choix. L’embrasser… Cela pouvait être partout, mais où voulait-il aller ? A la plage. Avec la guitare de son père. Soit. A la plage nous irions donc quoiqu’il ne me faille manger avant tout. Réussissant à plaisanter j’avais grimacé à sa remarque.

- Je ne suis pas si translucide. Tu vas me faire croire que je suis malade, plaisantai-je faussement en retournant dans les pièces communes pour manger ou plutôt pour me forcer à manger ce qui me valut une nausée rapide et un verre d’eau tout aussi rapidement avalé pour tenter de la faire passer.

Ne pas y penser. C’était sûrement ce qui pourrait me sauver tant mon ventre semblait ne pas accepter la nourriture ingérée. Expliquant mon visage par un repas trop riche, j’avais ainsi pris le parti de me concentrer sur autre chose, sur Mika, avant d’emprunter la guitare d’Alec et de nous faire transplaner jusqu’à la plage.
Où voulait-il donc s’installer ? Et que voulait-il que je joue ? Et… Soudain, les idées s’étaient mises à fuser. Il fallait que je reste en action, que je garde en tête toutes ces choses à faire, même les plus infimes. Cela me rassurait. Je pourrais être utile et… Non ? J’avais pourtant émis l’idée de rester mais… Non ? Il le refusait ? Et je le compris rapidement.

- Mon père le saurait, mais m’enlever de Poudlard pour une simple raison de maladie serait sûrement trop pour que lui-même le fasse. Soufflai-je. De toutes les manières, il est occupé en ce moment. Il l’était toujours. Alors je doute qu’il fasse attention à moi. Ce n’était qu’une supposition peut être fausse mais… Elle me suffisait pour vouloir rester et… Je comprenais. Baissant malgré moi les yeux, j’avais alors hoché la tête. Mais d’accord. Je rentrerais à Poudlard ce soir pour les cours de demain. Je reviendrais dès que mes cours seront terminés. Tous les soirs. Même si ses parents n’étaient pas d’accord. Quitte à passer par la fenêtre un jour sur deux pour ne pas croiser tes parents. Soufflai-je dans un léger sourire. Alors garde-la ouverte si tu ne veux pas que je reste dehors parce que tu sais que je le ferais.

Dans tous les cas, il voulait que je joue et n’importe quoi tant que cela ne m’obligeait pas à retourner immédiatement à Poudlard. Hochant de nouveau la tête dans un léger sourire, je l’avais ainsi suivi jusqu’à ce qu’il ne se décide à s’arrêter et à s’allonger.
L’observant un instant, je m’étais à mon tour assis avant que ma main ne se pose sur la sienne, sur celle qui caressait sa cicatrice dans un élan de protection bien trop tardif que je ne maîtrisais pas.

- Je chercherais pendant mes pauses si tu veux, comme ça, quand tu reviendras, nous pourrons y aller tout de suite. Je ferais le tour de Poudlard à balai pour trouver un endroit inaccessible à pied… D’accord ?

Cela lui éviterait de nouveaux efforts.

- Et si je me fais prendre… Ce ne sera que de la guitare, rien d’autre, avec mon meilleur ami pour seul auditeur. Ils ne m’en tiendront pas rigueur. Je n’aurais qu’à travailler d’autant plus pour leur prouver que dix minutes de guitare par jour n’affecteront pas mes résultats et mes capacités. Ne t’en fais pas. Tentai-je de le rassurer dans un sourire avant que je ne sorte la guitare de son étui pour jouer.

Je pus ainsi enchaîner cinq chansons, douces, très douces, seulement destinées à l’apaiser alors que j’admettais, en mon for intérieur, peiner à réellement y mettre du cœur. Enfin… La vérité était que le seul cœur qui était alors mis dans mes chansons étaient tourné vers lui, vers ce qu’il pouvait ressentir, vers l’apaisement que je cherchai à provoquer. Et cela me permettait de chanter et de jouer, encore et encore. Pour lui.

Lorsque ce mini concert improvisé fut terminé, je soufflai doucement pour ranger la guitare et m’allonger à mon tour, l’attirant contre mon torse pour caresser son dos.

- Est-ce que tu as besoin de quelque chose ? Lui murmurai-je. Est-ce que… Est-ce que tu veux que demain je te ramène Rainy ? Avec lui, tu auras au moins tout l’amour qu’il faut en attendant que j’arrive dans la nuit. Soufflai-je sans même me rendre compte des conséquences de cette idée avant que ma main ne se pose sur mon front. Je commençais à avoir mal à la tête… La fatigue certainement, accentuée par le sort de métamorphose toujours en place sur Mika… Retrouvant la main de Mika alors que j’y avais glissé la mienne, je soupirai doucement. J’ai oublié l’eau… Je commence à avoir soif à force de chanter, tentai-je de noyer le poisson. Tu veux que j’aille acheter quelque chose ? Je m’éloignerais donc le sort se brisera le temps de revenir, mais je ferais vite, c’est juste au bord de la plage je crois, non ?... Et cela me permettrait de souffler le temps de cinq minutes…

Non je n’étais pas malade. Définitivement pas. Juste… Fatigué. Mais lui devait l’être bien plus. Alors… Alors je n’avais rien dit. J’avais préféré rejoindre finalement la plage, la guitare de son père avec nous, afin de nous poser, afin d’espérer l’apaiser. Je devais au moins essayer cela à défaut de pouvoir rester avec lui tout le temps. Il l’avait refusé, de peur que je puisse avoir des ennuis… Je n’en aurais pas mais… Enfin… cela restait un risque et ainsi avais-je accepté un compromis : tous les soirs. Je viendrais chaque nuit le rejoindre. Je ne dormirais pas à Poudlard, quand bien même c’était presque plus risqué de faire cela. Il était hors de question que je passe une nuit entière loin de lui. Alors il devrait laisser la fenêtre ouverte. J’en aurais besoin pour ne pas croiser ses parents…

- Non. Aucun. Avais-je néanmoins rassuré. Seulement ils préfèreraient que je dorme à Poudlard une nuit sur deux pour ne pas exagérer le transplanage et mes allers retours… Mais… Je soupirai doucement. De toutes les manières je ne dors plus sans toi. Admis-je, entièrement honnête sur ce point. Alors je préfère faire des allers retours mais ne pas les contrarier. J’avais déjà bien assez déplu à sa mère…

Conduit dans un endroit dépeuplé, à mon grand soulagement, de la plage, nous nous étions alors installés dans le sable alors qu’il s’inquiétait de trouver un endroit similaire à Poudlard. Je le ferais. Je tenterais de trouver cela pour nous, pour que je puisse jouer pour lui.

- Je sais monter sur un balai. Rétorquai-je. Ce n’est pas parce que je ne suis pas doué que je ne sais pas le faire. Et puis ça ne serait que le temps du trajet avant de nous poser dans ce qui sera notre cachette à nous. Ce n’est pas t’entraîner pendant trois heures perchés à cinquante mètres de hauteur et risquer la chute mortelle qui me brisera la nuque lorsque j’atterrirais sur un caillou. C’était complètement différent.

Et puis, de toutes les manières, ce ne serait pas un désastre si nous nous faisions prendre. Je n’aurais qu’à travailler davantage.

- Tu sais que je ne le ferais pas. Non. Je serais plus du genre à accumuler les heures pour ne rien rater plutôt que de compenser l’un avec l’autre. Mon emploi du temps n’est pas complet. J’aurais toujours du temps. Surtout pour toi.

J’avais alors joué. Pour lui. Comme souvent. Quelques chansons, des nouvelles, mais surtout des habituelles, celles qui fonctionnaient toujours. Jusqu’à ce que je me décide à m’arrêter, à me coucher près de lui pour l’enlacer avec une proposition : celle de ramener Rainy. Ce qu’il accepta avant que je ne secoue doucement la tête.

- Pas vraiment. Si je viens dès que les cours sont terminés et que je repars avant que les cours ne commencent… Ce serait Rainy qui serait plus seul que moi. Autant qu’il soit avec son deuxième père. Murmurai-je alors. Et sûrement le lapin serait-il moins dans la retenue que moi…

Ainsi avions nous fini par passer notre temps. Ramenant à boire, je n’étais pas plus reposé lorsque mon sort avait été de nouveau lancé mais… Il était dehors. Dans un endroit qu’il aimait et c’était là le plus important. Il avait pourtant fallu finalement rentrer… Le ramenant chez ses parents, je leur avais alors indiqué ma venue pour la nuit. Je ramènerais mon animal. Les allers retours – même un jour sur deux – le laisseraient bien trop seul et ici, il aurait un jardin pour courir. C’était tout ce qu’il lui fallait.

Repartant à Poudlard, j’avais alors passé l’une des pires journées qu’il était possible de passer pour moi… M’inquiétant, je n’avais que trop peu été attentif, mais il fallait que je tienne, que je reste concentré et… Enfin, la journée passa. Quittant Poudlard le plus discrètement possible pour que personne de mon entourage ne puisse m’apercevoir, j’avais alors rejoins Pré-Au-Lard pour transplaner directement devant la maison de Mika dans laquelle j’étais entré pour rejoindre immédiatement la chambre du sorcier. Déposant Rainy à l’autre bout de la pièce, dans son panier, le lapin ne bougea pas… La fatigue, sûrement, autant que moi ou presque… Je venais de finir les cours. Impossible de m’endormir… J’avais pourtant passé deux jours sans une heure de sommeil mais… Cela ne changea rien. Je m’étais glissé près de lui, changé, avant de le serrer dans mes bras, de répondre à son baiser alors que la nuit noir m’empêchait de voir ses yeux, m’empêchait de trop penser à ce qui l’avait changé. Et rien. Je ne dormis pas. Ou du moins pas avant deux heures où mon corps finit par sombrer, trop affecté par le manque de sommeil.

Un manque qui n’allait pas aller en s’arrangeant… Ce fut la voix de Mika qui, pour l’une des premières fois, me sortit de mon sommeil.

- 안녕… Murmurai-je pas franchement réveillé.

Tellement peu réveillé que le mouvement rapide de Mika m’arracha un grognement de mécontentement. Il était tôt… Trop tôt et… Déjà trop de soleil… Baillant, j’avais fini par me relever à mon tour, difficilement, alors que Mika avait remarqué Rainy et que… Mon geste fut interrompu par le comportement de mon familier que j’observai, surpris.
Il venait de se terrer au fond de la pièce… De l’autre côté de Mika… Mais… Fronçant les sourcils d’incompréhension, je m’étais complètement redressé alors qu’il tentait de l’approcher de nouveau… En vain… Qu’est-ce qui lui prenait ?...

- Je sais… Avais-je répondu doucement à Mika sans même le regarder, mes yeux fixés sur la cache du lapin alors que je me levai du lit pour m’approcher de l’animal.

M’accroupissant, j’avais alors tendu la main et immédiatement… Rainy était venu se nicher contre moi, tremblant de peur. Mais… Qu’est-ce qui lui prenait…

- 무슨 일이야? Murmurai-je doucement en caressant sa tête pour me retourner vers Mika. 미카입니다. 네 아빠야…

Mais à peine avais-je fait un pas vers le sorcier que le lapin avait cherché à fuir de mes bras sous mon regard surpris. Evitant la chute de justesse, le rattrapant avant qu’une catastrophe n’arrive, je l’avais alors laissé se cacher pour me tourner vers Mika et… Ses yeux…

- 여우… 내가 바보 ! Me fustigeai-je en grondant. Tu n’as rien fait… Avais-je alors repris en m’approchant de Mika pour l’attirer à moi, le serrant dans mes bras.

Lui qui aimait Rainy… cela allait le blesser… J’avais encore… Je n’avais pas réfléchi, j’étais encore en train de provoquer une douleur chez lui et… J’étais stupide. Définitivement stupide.

- Le kitsune… C’est un renard… Murmurai-je doucement sans même le relâcher. Et les renards sont connus pour chasser les lapins… Rainy… Il… Il agit d’instinct… Il ne comprend pas… Mes bras l’avaient davantage serré contre moi. Il va finir par s’habituer, Hae… Il lui faut juste du temps et de la patience… Tu te souviens… Comme au début… Comme lorsqu’il t’a rencontré… Même si cela semblait bien pire qu’à leur début.

Plus que cela même… Un bruit de couinement attira mon attention. Rainy demandait à sortir de la pièce… M’exécutant, lui ouvrant la porte, j’avais alors, pour la première fois, vu mon lapin filer jusqu’à la chambre des parents de Mika pour y retrouver son père et se cacher dans ses jambes sous mon silence de plomb. J’étais stupide…

- Je suis désolé mon cœur… J’aurais dû y penser… Murmurai-je en embrassant son front. Mais ça va aller… Je te promets qu’il se réhabituera… Il faut juste du temps et qu’il comprenne que tu es toujours toi…

J’aurais dû y penser… J’aurais dû. Pourquoi n’y avais-je pas pensé par tous les mages ?! J’étais stupide. Complètement stupide. Au moins Rainy était-il désormais au sol, sans risque de chute quoiqu’ayant provoqué la frayeur de Mika qui… Il pleurait et… Le serrant dans mes bras, j’avais tenté de lui expliquer, de le rassurer. Cela prendrait du temps mais Rainy se réhabituerait à lui. Il… Ce n’était qu’une question de temps… Vraiment qu’une question de temps…

- Ca passera… Tentai-je de nouveau de le rassurer. Il… Il a peur de ce qu’il ne connaît pas, c’est tout…

Ce n’était qu’en partie vrai, certes, mais cette partie était importante… Relâchant Mika, j’avais malgré tout été ouvrir au lapin, lui permettant de fuir, de ne pas avoir davantage peur… Il était déjà bien assez terrorisé… Je ne pouvais pas lui imposer cela et…

- Hae ! M’exclamai-je alors qu’il s’effondrait.

La panique… Il paniquait et… Et…

- Mon cœur écoute moi. Tentai-je de le calmer, attrapant ses épaules pour essayer de capter son attention. Écoute-moi s’il te plait. Ca va aller. Ca passera. Il faut que tu respires. Doucement… Il…

Il me suppliait de le retirer… Je… C’était impossible… J’aurais voulu. J’aurais tout fait pour le lui retirer mais… J’en étais incapable. Il fallait que…

- Mika, respire. Repris-je difficilement. S’il te plait… Respire, ça va aller.

Mais rien n’allait. Cela ne suffisait pas. Il paniquait et je n’arrivais pas à le calmer, pas même en l’attirant contre moi. Il se dégagea d’ailleurs de ma prise, me laissant interdit face à une crise que je ne gérais plus, que je n’arrivais pas à contenir. Inquiet, la panique commençant lentement à me gagner, je l’avais alors observé, me redressant à mon tour pour le suivre, pour tenter de le calmer, pour l’appeler, répétant son prénom et son surnom avant que je n’appelle ses parents plus fort. Je n’y arrivais pas et… Peut-être son père le pourrait-il…

- Mika, écoute-nous ! Il faut que tu respires. S’il te plait. Avais-je tenté plus fortement alors que je me sentais plus impuissant que jamais, que je ne savais plus quoi faire ni quoi dire et…

Du sang… La panique augmenta de nouveau alors que j’avais rejoins son père, tentant de poser ma main sur Mika, tentant de lui maintenir les mains jusqu’à ce que je ne croise son regard. Me figeant, nous ne pûmes le retenir alors qu’il se dégageait pour fuir et…

- MIKA ! Hurlai-je en tremblant.

Où est-ce qu’il allait ? Où… Que… Que s’était-il passé ? Je…

- Je… Hier… Je… J’ai dit que je ramenais Rainy et je l’ai fait. Je… Je m’étais dit qu’il lui ferait de la compagnie et… Mais… Je suis stupide ! M’exclamai-je frappant ma tempe de mon poing. Rainy… Rainy est un lapin et le kitsune est… C’est… Rainy a eu peur et… Et Mika a paniqué… Je n’ai pas réussi… Je n’arrivais pas à le calmer… Je… Je suis désolé… Je… Je ne voulais pas… Je voulais qu’il aille bien… Je… Le kitsune il… C’était lui… Il… Quand il est parti… Ce n’était pas Mika… C’était… Je…. Je suis désolé…

Par six fois, je répétai cela. J’étais désolé. Et je paniquais. Où était-il allé ? Qu’allait-il se passer ? Je… Je ne pouvais pas rester là et… Il était parti par là et… Je… Il fallait que…

- Je… Je suis désolé… Avais-je encore répété, le souffle court, incapable de réfléchir convenablement, je fixai le chemin qu’avait emprunté Mika et… Je… Il faut que je le retrouve.

J’avais filé. Aussi vite que j’avais pu, j’avais couru par le même chemin emprunté quelques secondes auparavant. Je ne connaissais pas vraiment le quartier. Je… Je ne savais pas ce qu’il y avait exactement là-bas mais il fallait que je le retrouve. Il fallait que… Rien ne devait lui arriver. Alors j’avais couru, le regard presque fixé sur mes alliances, risquant par deux fois de me faire renverser par une voiture, tombant une autre fois en m’écorchant le genou. Mais je continuai. Tout droit, sans m’arrêter. Il fallait que je le retrouve et… La plage. C’était une plage. S’il y avait le moindre espoir que Mika ait gardé un semblant de contrôle, il pourrait être sur cette plage mais… Elle était immense et… Et je continuai à courir. Je ne m’arrêterais pas sans l’avoir trouvé.

Combien de temps cela avait-il duré ? A vrai dire je m’en moquais. Le genou en sang, j’avais continué et… Mes alliances… Elles… Il… Il n’était pas loin. Elles apparaissaient à mon doigt. Il n’était pas loin. Mais où ? Il…

- Mika !

Je l’avais trouvé. Là-bas. Dans l’eau. Il… Il ne voulait pas… Courant d’autant plus vite, épuisé, le souffle erratique, je m’étais arrêté derrière lui, dans l’eau, ne faisant attention ni à la douleur du sel sur mon genou, ni à la température de l’eau. Je ne voulais pas le voir fuir, pas à nouveau alors… Ce fut à distance que je restai, prêt à le poursuivre de nouveau s’il le fallait.

- 나의 사랑… Soufflai-je la voix la plus douce qu’il m’était possible d’avoir malgré mon essoufflement évident. Je sais que tu es là… Écoute-moi s’il te plait… Fais moi confiance… Tout ira bien… Mais il faut que tu me fasses confiance… Doucement, à mesure que je parlais, je m’avançai vers lui. Te battre contre lui… ça ne fera qu’empirer les choses… C’est toi qui contrôles… Quand bien même ce n’était pas une totale vérité, à nouveau. Il faut que tu restes avec nous, 나의 천사… Lentement, j’avais glissé ma main dans la sienne. Tu es plus fort que lui… Avais-je murmuré, glissant mon bras autour de sa taille pour le sécuriser, attirant son dos contre mon torse. Ça va aller… Tu ne feras de mal à personne… Je suis là, Hae… Je ne te lâcherais plus… Je suis désolé… Murmurai-je malgré tout en lui faisant faire un demi-tour rapide pour le serrer contre moi plus fortement que jamais, la panique cédant soudainement à toute ma douceur. 난 여기 있어요... 당신에게는 아무 일도 일어나지 않을 거예요. 다 괜찮을 거예요, 내 사랑... 약속해요... 사랑해... 나는 당신을 놓지 않을 것입니다 … 절대…

Glissant mes mains sur ses joues, je l’avais alors embrassé, plus fortement que je ne l’avais alors fait. J’avais eu peur… Une peur que je n’avais que très peu ressentie dans ma vie, une panique totale face à ce qui aurait pu lui arriver et… Il était là. Il était là et vivant et… Il devait rester là. Pour toujours.
Relâchant ses lèvres, j’avais alors glissé mon bras sous ses jambes pour le soulever, pour le faire quitter l’eau qui finirait par le faire tomber malade afin de rejoindre le bord de la plage.
Ses parents étaient partis à sa recherche. Une chance car ils nous trouvèrent rapidement, me permettant de déposer Mika dans la voiture, non sans l’avoir entouré d’une couverture. Nous allions rentrer… Il fallait rentrer…

Mika n’avait pas réagi mais… Il allait réagir, n’est-ce pas ? A cet instant, j’en étais convaincu. Je l’avais ramené à ses parents sans qu’il ne dise un mot, sans même qu’il ne bouge entre mes bras. Le gardant contre moi le temps du trajet, je l’avais déposé dans sa chambre pour rejoindre ses parents un instant. Je n’y étais pour rien… Non… C’était ma faute. J’avais provoqué cela. J’avais… Si je n’avais pas été aussi stupide, rien de tout cela ne serait arrivé et… J’étais désolé. M’inclinant plus bas que jamais, je m’étais à nouveau excusé. Plusieurs fois. Aussi bien en anglais qu’en coréen, avant de rejoindre la chambre, de rejoindre Mika, expliquant que je ne retournerais pas à Poudlard. Pas maintenant. Prévenant Mara par hibou d’une urgence que je n’expliquai pas mais qui justifierait mon absence, j’étais ainsi resté près de lui, refusant de le quitter des yeux.
C’était ma faute. Je devais… Je devais prendre soin de lui. Et quand bien même cela ne l’aurait pas été, je l’aurais fait. Alors… Je l’avais lavé. Je l’avais changé pour qu’il soit plus à son aise. Je lui parlais, tentant de le faire réagir. Avec sa mère, nous avions tenté de le faire manger, en vain. Mais je restai là. Près de lui. Sans même le toucher. Je restais là. Le deuxième jour se passa de la même façon. Je n’avais pas dormi ou seulement une heure lorsque mon corps avait cédé.
Deux jours déjà sans que je n’entende le son de sa voix, sans que je ne le sente contre moi et… C’était long. Mais il allait revenir… N’est-ce pas ?

Il avait fallu que je rentre à Poudlard. Malgré tout. Les parents de Mika avaient finalement réussi à me le faire accepter. Difficilement. Bien plus difficilement, même, que personne n’aurait pu l’imaginer. Je ne l’avais même pas embrassé. Non. J’avais seulement. Je lui avais pris la main. Lui promettant que je reviendrais.
Rainy, d’ailleurs, avait été repris, ramené à Poudlard et confié aux bons soins de ma sœur sans aucune explication. Au moins Mika n’aurait-il pas à supporter sa peur pour le moment… Et absent comme je pouvais l’être, j’étais incapable de m’en occuper. Il connaissait ma sœur. Cela avait été la seule solution. Et tant pis pour les questions que cela avait soulevé.

Ainsi la semaine s’était-elle déroulée. J’allais en cours la journée et je revenais immédiatement dès lors que ces derniers se terminaient. Annulant ma présence à mes cours optionnels autant qu’aux clubs et aux entraînements avec Mara, je ne vivais plus que pour lui, que pour espérer le voir de nouveau réagir à notre présence.
Je n’avais presque rien mangé depuis une semaine. Seulement de quoi tenir un minimum. Je ne dormais presque plus depuis, allant même jusqu’à m’assoupir par deux fois en cours de métamorphose ainsi qu’en cours de droit. Mais je tenais. Le maquillage, en tout cas, mentait plus ou moins pour moi. Et ainsi, toutes les nuits en Australie, je revenais, me couchant près de lui sans le toucher, lui parlant doucement, tentant de calmer ses cauchemars, désespérément, laissant ses parents le faire lorsque je ne pouvais plus faire face, lorsque je craquais à mon tour et que le besoin d’air se faisait sentir, m’obligeant à quitter la maison pour hurler sur la plage, pour pleurer et revenir ensuite.

Une semaine. Cela faisait une semaine. A vrai dire, je m’étonnais encore de tenir debout. Mais j’étais à nouveau revenu, épuisé. Calmement, comme chaque nuit lorsque j’arrivais, je m’étais couché près de lui, prêt à devoir, à nouveau, essayer de le calmer, de l’apaiser, lui comme le kitsune. A vrai dire… Je ne faisais plus de différence depuis ces derniers jours… Tout me semblait bon pour essayer de le faire revenir parmi nous… Tout. Sans exception.
Mais enfin… Enfin, je sentis un mouvement vers moi et pas à l’opposé comme il en avait pris l’habitude. De lui-même, il était revenu contre moi et… Un soupir de soulagement fut la seule réaction que je pus avoir alors que mes bras s’enroulaient autour de lui pour le serrer contre moi, que ma main se glissait dans ses cheveux, dans son dos, le caressant pour apaiser ses tremblements autant que je le pouvais jusqu’à ce que je le sente se rendormir. Enfin.
Moi… Je n’avais pas dormi, inquiet, malgré tout, encore prêt à le rassurer jusqu’à ce que l’épuisement ne me rattrape, que son calme ne m’atteigne et que mon esprit ne finisse par réclamer un instant de repos. Enfin.

Ce furent ses mouvements qui me tirèrent alors du sommeil, mon corps et mon esprit visiblement en alerte totale tant je me réveillai rapidement. Pas reposé, pas vraiment, mais au moins présent et capable de quelque chose, du minimum au mieux. Mais il bougeait. Il bougeait sans fuir. Et il… Sa tête dans mon cou me fit le serrer davantage. Il était là. Je le sentais. Il était avec moi. Il était revenu. Il réagissait… Me mordant la lèvre alors qu’un sanglot de soulagement menaçait de se faire entendre, j’avais enfoui mon nez dans ses cheveux. L’avoir dans mes bras après une semaine… Ce n’était à vrai dire plus du soulagement. C’était bien plus que cela. J’avais l’impression de revivre, l’impression de prendre ma première bouffée d’air pur après avoir étouffé sous terre des jours entiers. Je retrouvai mon oxygène, ma vie. Et lorsque sa voix me parvint… Ce fut presque pire. Mon cœur explosa de soulagement, mes lèvres glissant sur son front.

- Tout ce que tu veux, 나의 사랑… Avais-je articulé difficilement en le serrant contre moi. Tout ce que tu veux…

Mais il était là, il parlait, il réagissait contre moi… Il était là… Ma main sous son menton, je lui avais fait relever la tête, une larme s’écrasant sur l’oreiller lorsque je pus voir ses iris fusionnés. Ce n’était pas encore les siennes mais… Il était là…

- Reste là, Hae… J’arrive.

Car avant tout, avant que nous ne bougions, après une semaine sans presque rien manger, il fallait qu’il reprenne des forces. Alors, glissant hors de ses bras, non sans l’embrasser, sans retrouver ses lèvres un instant, mes larmes roulant silencieusement sur mes joues par mon soulagement extrême, j’avais quitté le lit pour rejoindre le salon et surtout ses parents pour les informer. Les joues rougies par ma réaction, les yeux humides et cernés, sans aucun maquillage pour masquer les dégâts de cette dernière semaine, ses parents allaient peut-être s’inquiéter sur le coup mais cela ne durerait pas. Il était là. Il était revenu et… Et j’allais lui faire à manger.
Rejoignant la cuisine que je connaissais désormais par cœur, je lui avais préparé tout ce que je connaissais et tout ce qu’il pouvait aimer. De la viande, beaucoup de viande, du riz aussi, de quoi le rassasier, de quoi le nourrir de nouveau. Et aucun légume. Rien. Juste ce qu’il pouvait aimer avant que je ne rejoigne la chambre, le plateau en main pour le déposer sur la table de chevet avant de me réinstaller près de lui, caressant sa joue, comme pour m’assurer qu’il était revenu.

- Comment vas-tu ? Avais-je demandé, murmurant alors l’inquiétude qui ne m’avait pas encore quitté. Je t’ai fait à manger… Tu veux essayer ? Et nous irons sur la plage après, c’est promis. J’ai même ma guitare si tu veux… Soufflai-je en montrant l’instrument que j’avais laissé chez lui dès le troisième jour. Mais il faut que tu essaies de manger un peu avant toute chose, d’accord ? Tu as besoin de bien manger… Alors essaie, tu veux bien ?

Il était revenu. Cette phrase, je me la répétais indéfiniment alors que réchauffais et préparer tout ce qui pouvait lui plaire et rien d’autre. Il fallait qu’il mange, il fallait… Il fallait que je prenne soin de lui. Encore plus. Toujours. Ainsi étais-je revenu auprès de lui, dans la chambre, m’inquiétant malgré tout de son état. Comment allait-il ?
Une question à laquelle il ne répondit pas, s’inquiétant de mon propre état qui… Ce n’était pas la question. Je me moquais éperdument de ce à quoi je ressemblais. Il était revenu à lui. Il réagissait. Et c’était cela le plus important. Cela et l’alimenter de nouveau.

- Tu n’as rien fait qui mérite de t’excuser. Lui soufflai-je alors. Et je ne suis pas malade, c’est promis. Mais il faut que tu manges.

J’insistais. Mais il le fallait. Avant toute chose, il fallait qu’il reprenne des forces. Lui qui n’était déjà pas bien gros… Il fallait qu’il reprenne du poids. Et vite. Esquissant un sourire à son enthousiasme face à ce que je lui avais préparé, ce dernier s’était même accentué à son regard plus lumineux.

- Aucun. Ta mère avait fait la plupart des choses et je n’ai mis que ce que tu aimais. Mais c’est moi qui ai fait cuire la poitrine de porc. Et c’était déjà beaucoup, admettons-le.

Et au moins mangea-t-il. Pas tout. Mais il mangeait, me soulageant ainsi davantage. Lui tendant un verre de coca en plus, j’avais fini par le reprendre entre mes bras, le serrant contre moi avec toute la force de mon soulagement.

- Je dormirais cette nuit. Promis-je à mi-voix, embrassant sa tempe. Je dois repartir à Poudlard à 15h pour les cours… Je veux en profiter.

J’avais besoin de profiter de lui, de le retrouver, de rester éveiller, avec lui. Après une semaine à chercher à le faire revenir, à lui parler sans réponse, à ne plus pouvoir le toucher… J’avais besoin de ce contact et de toute ma conscience pour me rassurer. Il était là. Avec nous.

- Ca va. Je vais bien. Tentai-je alors de rassurer. Ne t’en fais pas. Je n’ai même pas faim ni sommeil. Et ce n’était pas un mensonge. L’habitude du manque ou le stress continu, je ne savais plus vraiment, mais le plus important n’était pas là. On va d’abord aller à la plage. Comme tu le voulais. D’accord ? Ensuite nous verrons. Mais d’abord… La plage.

Esquissant un sourire bien plus sincère que jusque lors, je l’avais alors laissé pour lui trouver des vêtements, tentant de l’aider à s’habiller convenablement avant d’en faire de même et de me diriger vers la salle de bain le temps de cinq minutes pour maquiller les effets de la fatigue. Ainsi, peut-être Mika s’inquièterait-il moins. Revenant auprès de lui, un genou sur le lit, j’avais de nouveau capturé ses lèvres avant de le soulever contre moi, prévenant ses parents en haussant le ton avant de transplaner, non sans attraper ma guitare au préalable.

Les transplanages que j’effectuais m’épuisaient toujours un peu plus. Mais au moins, cette fois, je n’étais pas allé loin. Moins loin en tout cas que les allers-retours Ecosse – Australie. C’était toujours cela de pris.
Le laissant glisser contre moi, dans notre cachette, j’avais alors entouré sa taille de mon bras, prêt à devoir l’aider à marcher s’il en avait besoin, avant de sortir, d’avancer sur la plage et de respirer.

- Attend… Tiens toi au mur. Soufflai-je en m’agenouillant devant lui pour lui retirer ses chaussures et remonter son pantalon, faisant de même avec mes vêtements.

Me redressant, je l’avais alors de nouveau attiré à moi, déposant ma guitare et nos affaires sur le sable pour nous diriger vers l’eau.

- Ça va ? Soufflai-je lorsque l’eau nous arrive à mi-mollet, m’arrêtant alors. Comment est-ce que tu te se… Comment est-ce que vous vous sentez ? Tentai-je de demander même si cette semaine n’avait fait qu’accroître ma haine envers l’esprit qui l’habitait désormais. Dis-moi s’il y a quelque chose que je peux faire pour toi. Et ne me dis pas de manger ou de dormir, Hae… Je n’en ai pas besoin. Vraiment pas. Je veux seulement… Prendre soin de lui. Cela, il l’avait compris, de toutes les façons. On fera tout ce que tu veux mon cœur…

Il s’était noyé. Comme… Comme à nouveau et… Restant le plus calme, le plus serein possible, j’avais préféré ne pas rebondir, me concentrant sur la nourriture sur ce que j’avais préparé et notamment cuit… Ce qu’il préférait, donc. Son sourire me faisait du bien. Beaucoup de bien alors que je lui répondais doucement par un même sourire.
Le serrant dans mes bras, j’avais alors voulu le rassurer car non. Je ne dormirais pas maintenant. Je voulais profiter de le retrouver, profiter de faire tout ce qu’il pourrait vouloir pour qu’il puisse se sentir bien. Moi… Je m’en moquais. Je me moquais du reste. Je voulais seulement qu’il aille bien. Dormir n’était pas important pour moi. Pas maintenant.

- Je n’ai pas passé une nuit loin de toi. Avais-je murmuré. Alors je reviendrais cette nuit. Et toutes les nuits. Dès que le dernier cours sonnera, je viendrais. Toujours.

Ce n’était pas négociable. Je viendrais chaque nuit car… Il avait raison. Je ne savais plus dormir sans lui. Et si même avec lui je n’avais pas dormi cette semaine… M’éloigner de lui ne serait pas une solution. Bien loin de là.
Mais la nuit n’était pas arrivée. Pas encore. Avant, il nous fallait aller à la plage, comme il l’avait demandé. Ainsi l’avais-je aidé à se changer, étais-je allé me changer, me maquiller, pour revenir afin de le prendre dans mes bras et transplaner, non sans avoir prévenu de notre absence.

Le laissant remettre pied au sol, je l’avais alors de nouveau aidé à se déchausser, remontant son pantalon pour le reprendre contre moi afin que nous nous puissions entrer dans l’eau, doucement. Fronçant les sourcils, j’avais soudain senti Mika se figer un instant, accroissant drastiquement mon angoisse alors que je l’observai.

- Mika ?...

Allait-il bien ? Allaient-ils bien tous les deux ? M’inquiétai-je alors… Mais il reprenait parole, me faisant soupirer de soulagement. Il n’était pas parti et… Je ne pus m’empêcher de me crisper à ses mots. Leur maître… Ce sale… Retenant tout commentaire, j’avais seulement hoché la tête, caressant doucement son dos, sans discontinuer, tentant de masquer la peine que je pouvais avoir de l’entendre parler de la sorte, la haine que je vouais à cet homme, ce monstre qui avait provoqué tout cela. Puis… Ce fut le kitsune qui parla, marqué par le japonais. Me protéger, ne pas me blesser, ne pas me faire peur.

- 私はいつも彼のことを恐れていました。Avais-je répondu doucement.

Mais Mika ne devait plus chercher à tuer le kitsune, à se séparer de lui… C’était de toutes les manières impossible. Pas avec nos connaissances. Quant à l’autre… Il arrêterait d’essayer de dominer.

- 自分の身を守ってください...私が求めるのはそれだけです。 彼を守ってください。Soufflai-je à nouveau. 何か危険なことがあったら…電話してください。 私もあなたの望むようにします。 しかし、何よりも彼の安全を確保してください。

Mika comprendrait mais le plus important était que le kitsune devait aussi le comprendre. Je ferais ce qu’il veut. Si tant était que cela puisse protéger Mika et donc ne pas le mettre en danger. Ne pas les mettre en danger. C’était ma seule demande, ma seule supplique.
Celle-ci et savoir ce dont Mika avait besoin. Que désirait-il ? Tant que cela ne me concernait pas moi seulement. Bien sûr.

- Mon confort est présent si le tien l’est aussi. Lui soufflai-je pour toute réponse, mes bras l’entourant alors doucement.

Il revenait à nouveau. Tant mieux. Et si avoir entendu, avoir compris le kitsune entraînait un recul bien malgré moi, je préférai encore garder Mika contre moi. Là où était sa place. Dans mes bras.

- On en mangera autant que tu veux. Avais-je ainsi répondu dans un léger sourire.

Ainsi, me concentrant pour lui rendre des iris naturelle par magie, je l’avais entraîné jusqu’au bord de la plage, jusqu’à un glacier. Une chance que j’aie toujours, depuis nos vacances, de l’argent moldu sur moi. J’avais d’ailleurs acheté une boule de chaque parfum, augmentant le nombre pour ceux que Mika aimait le plus, afin d’être sûr de ne pas en manquer, quoique puisse rétorquer, d’ailleurs, le sorcier sur le nombre de glace achetée. Je m’en moquais. Je voulais seulement qu’il soit repu, qu’il mange et qu’il aille bien.

L’aidant à s’installer à une table, près de la plage, je l’avais ainsi observé, glissant ma main dans la sienne. Je n’étais pas serein, certainement mon regard l’était-il encore moins de par la fatigue accumulée, mais j’étais au moins plus calme, plus doux, plus… Soulagé. Oui. C’était le terme.

- Mange. Avais-je alors soufflé lorsque toutes les glaces étaient arrivées. Ça te fera du bien et tu as besoin de sucre. Tu as perdu trop de poids… Ton médecin de Quidditch te tuerait et même huit litre d’eau n’y feront rien. Tentai-je de plaisanter en rappel de ce que son médecin avait pu dire après son accident.

J’avais, malgré tout, attrapé une glace caramel pour en manger un petit bout. Rien de bien important, mais un peu de sucre me ferait du bien, ma tête vacillant un peu par fatigue alors que mon regard se voulait pourtant toujours fixé dans celui de Mika. Non. Vraiment. Il me fallait aussi du sucre avant que je ne tourne de l’œil. Mais… Lui d’abord. Je mangerais ce qu’il ne prendrait pas. Un peu. Car mon estomac n’allait pas forcément supporter autant de sucre et de nourriture d’un coup après une semaine de diète.

- Après, qu’est-ce que tu voudras faire ? Soufflai-je alors. Nous asseoir dans le sable ? J’ai une musique que je t’ai joué toute la semaine… Je peux te la refaire écouter, si tu veux.

Je détestais cet esprit. Je le haïssais du plus profond de mon âme à cet instant. Pas car il désirait me transformer. Non. Cela… Je l’aurais accepté. Si cela avait utile, si cela pouvait protéger Mika, je l’aurais accepté en toute âme et conscience… Et pourtant…

- 力を発揮するためにキツネである必要はない。Répondis-je, ignorant difficilement la supplique de Mika alors que ma main continuait, doucement, à caresser son dos. でも、ミカがいないとご主人様を守れないことを忘れないでね。 ミカを守るということは、ご主人様を守るということ。

Difficile d’articuler ces mots alors que ma colère pulsait dans mes tempes. Je l’avais pourtant fait. Presque sereinement alors que mes yeux fixaient l’horizon.

- Ca ira… Avais-je alors murmuré à l’encontre de Mika alors que je sentais son angoisse monter d’autant.

D’autant que nous allions faire ce qu’il désirait… Mais quoi ? Je voulais prendre soin de lui et… Soufflant doucement, je secouai doucement la tête.

- Prends d’abord soin de toi. Lui soufflai-je, embrassant sa tempe. Je m’occupe de moi, ne t’en fais pas. Tout va bien. D’accord ?

Et nous allions d’ailleurs commencer par aller manger des glaces. Autant qu’il le voulait. Des parfums qu’il voulait car, désireux de ne rien lui faire manquer… J’avais tout acheté. Sans me soucier du gâchis. Je voulais seulement qu’il profite, même si cela le fit râler.

- Alors ne tarde pas à manger. Avais-je rétorqué.

D’autant qu’il avait besoin de sucre. Il avait perdu trop de poids, il fallait qu’il reprenne avant que son médecin ne s’en aperçoive et… Je comprenais sa peur. J’aurais voulu l’assurer que tout se passerait bien s’ils l’apprenaient mais… Comment ?...

- Ils ne l’apprendront pas. Répondis-je doucement alors. Personne ne saura, d’accord ? Ce genre de chose… Il ne faut pas que cela se sache. D’autres seraient prêts à tuer pour te posséder, pour posséder le kitsune. Expliquai-je alors doucement. Alors nous ferons en sorte que personne ne sache. Et tu pourras continuer ta carrière. D’accord ? Ça va aller. Mais avant de remonter sur un balai et de reprendre le moindre entraînement, il va falloir que tu manges et que tu reprennes des forces. Sinon c’est moi qui t’en empêcherais, c’est clair ? Murmurai-je finalement dans un léger sourire que je voulais rassurant.

Et pour cela, les glaces allaient être utiles. Mais qu’allait-on faire après ? J’avais proposé la plage évidemment, mais aussi la musique, celle que je lui avais joué cette semaine… Il n’en avait pas vraiment de souvenir, évidemment.

- D’amour. Avais-je seulement répondu avant de l’observer.

Ce sourire… Il m’avait manqué. Il m’avait affreusement manqué alors que ma main venait se poser sur la sienne, la caressant doucement, mon propre sourire étirant légèrement mes lèvres jusqu’à ce que mes yeux ne tombent sur la coupelle qu’il me tendait.

- Mange. Insistai-je malgré tout. Je prendrais quand tu n’auras plus faim. Car il était le plus important. Il devait passer avant tout, même avant ma faim et ma sensation de faiblesse qui prenait ma tête en étau. Et les morceaux de fruits t’apporteront des vitamines. C’est tout aussi bien.

J’avais malgré tout pris une demi cuillère de cette glace pour l’avaler rapidement alors que la nausée me prenait du fait de mon ventre vide. Avoir la nausée ou la tête qui tournait… Le choix allait devenir draconien. Mais en attendant… Je voulais que lui mange. Et un maximum.

A sa question, j’avais alors arqué un sourcil, hochant rapidement la tête, légèrement.

- Il va bien. Pas mieux. Il allait bien. Il était toujours allé bien. J’ai dû le confier à ma sœur pour le moment, expliquai-je. Elle est la seule qu’il connaît à Poudlard et avec qui il ne craindra pas le moindre geste. Elle m’a d’ailleurs donné tous tes cours depuis une semaine et… Enfin je suppose que c’est normal. Elle se pose des questions. Mais je me suis arrangé.

Elle m’avait en effet questionné sur comment j’allais, ce qui n’était déjà pas son habitude, mais aussi sur Mika, sur comment il allait et surtout sur la raison qui me poussait à confier mon meilleur ami alors même que jamais je ne m’étais séparé de lui depuis qu’il m’avait été permis de l’adopter. Des questions bien rapidement balayée et sur lesquelles elle n’avait pas insisté, sûrement plus par obéissance que par compréhension, d’ailleurs quoique j’avais cru voir une lueur d’inquiétude dans ses yeux… Sûrement imaginée, bien sûr.

- Mika… Mon cœur… Avais-je alors murmuré. Deux espèces opposées peuvent vivre ensemble. Les chiens et les chats par exemple ou des rats et des chats. Je l’ai vu faire chez certains sorciers. Un lapin et un renard le pourront aussi. Il faut juste du temps. Laisse le temps à Rainy. Et laisse la fusion se faire. Quand le kitsune se fera moins sentir, il s’apaisera déjà un peu. Mais ça ira. Fais moi confiance… Rainy t’aime. Tu es le premier qui a réussi à le rendre heureux. Alors il s’habituera à toi à nouveau. Il l’a déjà fait une fois… Mais sois patient. Il faut juste du temps et que la fusion se passe… Mais je te promets qu’il reviendra. Tu es son père aussi, non ? M’efforçai-je à sourire plus franchement. Et quand on se mariera, tu le seras en plus officiellement. Alors il ne va pas renier son père. Il lui faut juste du temps… Alors finis de manger, et je te ramène sur la plage pour commencer à faire passer le temps en musique. Ensuite… Nous verrons. Mais mange d’abord. Tu en as besoin.

Et je prendrais peut-être une coupelle pour la plage, pour sucrer un peu ce qui me servait de corps et qui fonctionnait plus à l’esprit qu’à toute autre énergie.

Jouer à un jeu que je ne maîtrisais pas… Cela m’arrêterait-il un jour lorsqu’il était question de Mika ? Non. Evidemment que non. Je jouerais à tout ce qu’il faudrait pour le protéger. J’apprendrais chacun des jeux de ce maudit esprit pour le protéger. Mais je ne pouvais pas répondre. Pas maintenant. Pas quand je sentais Mika angoisser… Alors, ravalant ma colère, j’avais tenté de m’imposer, de lui rappeler que j’étais là, avec lui et seulement lui. Pour lui. Même s’il semblait s’inquiéter pour moi… Non. Il ne le devait pas. Pas quand il était le plus important…

- Ça va, d’accord ? Répétai-je malgré tout, sachant pertinemment qu’il serait inutile de lui répéter de ne pas s’inquiéter. Mika restait Mika…

Et parce qu’il restait lui, il avait envie de sucre. C’est pourquoi je l’avais attiré jusqu’à un glacier qui avait très certainement fait la recette de sa journée avec nous tant j’avais pris de parfum.

- Si je n’avais pas pris autant tu n’aurais pas eu assez de choix. Rétorquai-je en plissant les yeux.

Et c’est tout ce choix qui lui permettrait de manger plus, de reprendre du poids car c’était, à cet instant, l’une des choses les plus essentielles. Il avait trop perdu. Il fallait qu’il reprenne des forces. Tentant de le rassurer autant que je le pouvais quant au Quidditch, j’avais d’ailleurs menacé de l’empêcher moi-même de recommencer s’il ne reprenait pas assez de force.

- Oui. Assurai-je. Mais seulement le temps que je sois sûre que tu sois assez en forme pour. Ensuite tu reprendras ton rêve autant que tu voudras. Car jamais je ne m’y opposerais réellement. Pas sans une très bonne raison… Comme sa santé.

C’est pourquoi il devait terminer de manger, il devait reprendre toutes les forces qu’il pouvait avant que nous ne nous repartions sur la plage, que je puisse lui jouer cette chanson qu’il avait pourtant entendu cette semaine sans s’en rappeler.

- On peut dire ça. Répondis-je sans vraiment répondre. Il aurait de toutes les manières l’occasion de l’entendre.

Mais avant… Terminer la glace. Et ce n’était pas moi qui allais l’aider. Je voulais qu’il se rassasie avant quoiqu’il essayât de me tendre une coupelle, râlant sur la présence de fruits.

- Sauf que ce ne sont pas des légumes. Rétorquai-je. A moins que tu ne veuilles de la glace au brocolis ?

Mais j’avais cédé. Du moins… Mon estomac avait cédé. Et ne s’en sentait pas mieux après. Mais j’avais mangé une petite cuillère avant qu’il ne s’inquiète pour Rainy. Mais le lapin allait bien et il était en sécurité avec ma sœur. Et tout irait bien. Rainy l’aimait. Il était son père et il ne fallait que du temps. J’en étais convaincu. Foncièrement. Rainy se réhabituerait à lui. Nous ferions tout pour ce que cela soit le cas. Il fallait que la fusion se fasse…

- J’aimerais te dire oui… Avais-je malgré tout soupiré. Mais… Non… Et je suppose que ce n’est pas la peine de t’expliquer ce qu’il se passera sans fusion…

Il l’avait déjà expérimenté. Ils savaient. Tous les deux. Esquissant un léger sourire d’encouragement, je m’étais néanmoins stoppé rapidement, l’observant, surpris de sa question.

- …

Comment pouvait-il même me poser cette question ? Comment pouvait-il douter un seul instant que je puisse ne plus vouloir l’épouser ?... Interdit, je l’avais observé, presque bêtement tant la réponse à cette question me semblait logique avant qu’il ne reprenne parole et que je me lève, brusquement. Je détestais ce qu’il disait. Je détestais l’entendre parler de la sorte. Je détestais cette voix nouée. Me dirigeant vers lui, je l’avais seulement serré dans mes bras, les sourcils froncés avant de me baisser, de l’embrasser, tendrement, et de poser un genou au sol pour l’observer.

- Ecoute moi bien, Mika… Tu es la personne la moins égoïste que je connaisse… Il n’y a rien dans ce monde ou n’importe où ailleurs qui pourrait faire en sorte que je ne veuille plus t’épouser. Je… Je manque peut-être d’un peu de sommeil, mais ce n’est pas grave. Je vais bien. Assurai-je pour ne pas l’inquiéter davantage. Je t’aime. Je t’aime plus que tout. Je t’aimerais toujours… Et tant que tu es avec moi je serais heureux. Tu ne me ramèneras jamais en arrière parce que… Je soufflai doucement. Parce que tu es tout mon avenir. Quoiqu’il arrive. D’accord ? Et… Et c’est moi qui suis désolé… C’est moi qui ai été égoïste. Murmurai-je finalement en baissant la tête, honteux. Je n’ai pas assez pensé à toi quand tu en as eu besoin. Je me suis concentré sur… Sur ce dont j’avais besoin et… Et ça m’a énervé, ça m’a angoissé que les choses changent seulement parce que… Parce que je suis égoïste. Mais… ça ne change rien, Hae. Ca ne changera jamais rien au fait que je t’aime et que tu ne seras jamais un poids. Et le maquillage, c’est seulement pour… Me donner un coup de frais et te montrer que je sais le faire maintenant. Soufflai-je en tentant d’être un peu plus léger. Mais… Secouant doucement la tête, je m’efforçais à un sourire plus tendre, tendant ma main pour caresser sa joue et reprendre ses mains dans les miennes. Est-ce que toi ? Mika Sang-Ki Wilde, tu veux toujours m’épouser et continuer à être l’amour de ma vie, le centre de mon univers et celui avec qui je pourrais construire une famille. A nous ? Demandai-je alors, mes yeux fixés dans les siens, dans ces iris que je maintenais dans cette normalité avec laquelle nous n’allions plus devoir écrire notre histoire.

- Oui, mais tu n’aurais pas pu choisir ou au moins goûter un peu de tout.

Cela, il ne pourrait pas me l’enlever. Comme il ne pourrait pas m’enlever le fait que je l’empêcherais de remonter sur un balai s’il ne me paraissait pas assez en forme pour le faire. Son rêve était une chose. Sa sécurité et sa santé… Je ne pourrais pas les faire passer après. Mais cela reviendrait. J’en étais convaincu. Le temps aiderait et c’était le plus important. Rien n’était vraiment définitif. D’autant que ce n’était pas encore le sujet. Nous allions, avant cela, profiter de ces moments à deux, sur la plage et en musique…  Mais seulement après qu’il ait mangé. Nous en revenions toujours à cela. D’autant qu’il ne s’agissait pas de légumes mais de fruit alors il n’avait rien à redire. Ce n’était pas une glace aux brocolis qui sembla, à raison, le dégouter.

Le rassurant alors sur le cas de Rainy, j’avais répété ce qui allait être le plus difficile pour lui : il fallait que le temps passe. Il fallait être patient. Tout reviendrait. Petit à petit. Le Quidditch… Mais aussi Rainy. Il aimait Mika, c’était évident, alors… Je voulais y croire. Ils se retrouveraient. Tous les deux. Comme avant. Il suffisait d’attendre que la fusion se fasse. Et elle devait se faire. Le choix ne leur était plus donné. Quoiqu’il puisse espérer… Je ne pourrais pas le rassurer sur ce point-là. Ils devaient fusionner. Ils devaient cesser de lutter au risque de repartir. Tous les deux. Et… Non. Je le refusais. Mika devait vivre. C’était le plus important.
Vivre… et sans remords, ce qu’il sembla soudain avoir. Il ne voulait pas m’obliger à rester mais… J’avais bougé. Un genou à terre, près de lui, je lui avais alors tout dit. J’avais au moins essayé. Lui, la personne la plus altruiste que je connaissais, l’amour de ma vie, mon âme sœur… Jamais je ne pourrais le rejeter. Je désirais l’épouser. Rien n’allait changer. Je l’aimais. Je l’aimerais toujours. A jamais. Et si j’avais menti pour le maquillage, sa remarque m’avait au moins arraché un sourire avant que je ne continue, que je ne lui repose cette question qui nous avait davantage lié. Voulait-il encore m’épouser ?

Oui.
Pourquoi ne le voudrait-il pas ?
Il y avait pourtant bien des raisons pour ne plus le vouloir, mon comportement de la semaine passée en premier lieu… Mais il le voulait. Répondant à son baiser, j’avais alors souri, légèrement, avant que ce dernier ne se fane lorsqu’il reprit parole.

- Je ne reculerais pas, Hae… Murmurai-je en réponse. Mais j’ai été égoïste… Et… Je suis désolé pour ce que je t’ai dit ou ce que je t’ai fait… Mais ça n’arrivera plus. Je te le promets. Et… Je n’ai pas peur de ce qui peut arriver, soufflai-je doucement. J’ai peur pour toi… Parce que la seule chose que je veux c’est que tu aies la vie la plus merveilleuse possible… Et je me battrais pour ça. Pour que tu aies ce que tu mérites. Parce que tu es l’être le plus important de cette terre, que tu es l’homme le plus merveilleux que je connaisse et que tu mérites plus que tout d’être heureux. Soufflai-je, fermant les yeux à son baiser. Alors… Rien ne changera. Pas sur ce point-là. Et cela prendra le temps qu’il faudra. Une semaine ou vingt ans… Je m’en moque. Je t’aime Mika. Et bientôt tu seras Mika Wilde-Jeon. Ou Mika Jeon. Ou je serais Hyun-Ki Jeon-Wilde ou Hyun-Ki Wilde ou… Je me mis à rire, doucement. Je n’en sais rien. On décidera de ça quand tu voudras.

Le laissant alors se redresser, je m’étais rassis à ma place pour arquer un sourcil à ses gestes. Qu’est-ce qu’il faisait ?... Ah. Des cup de glace… Oui… Une bonne idée et… Fronçant les sourcils alors que mes yeux tombaient sur la cup qui m’était tendue, je soupirai alors.

- Pourquoi est-ce que tu pense que je n’ai rien mangé ? Avais-je malgré tout grimacé alors que ma main se posait sur mon estomac vide et pourtant nauséeux.

Je n’avais pas le droit de négocier. J’allais pourtant le faire jusqu’à ce que l’idée que son père ne vienne ne me fasse fermer la bouche. Bon point pour lui cette fois.

- Tu as gagné la bataille. Grommelai-je un peu malgré moi en prenant les glaces. Seulement parce que je ne veux pas que tu sois malade et… Je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire à sa remarque sur le caramel. Même dans ces moments-là tu penses toujours à moi… Avais-je soufflé à mi-voix avant d’esquisser un sourire un peu plus tendre. Et tu imaginais que je puisse ne plus vouloir t’épouser… L’observant un instant, j’avais de nouveau souri, secouant la tête. Tu n’as plus intérêt à penser cela ou à imaginer que je puisse vouloir reculer. Jamais.

Serrant sa main dans la mienne, je l’avais alors laissé m’entraîner sur la plage, à vrai dire rassuré de ne plus avoir à craindre de le voir tomber, me laissant tomber sur le sable à ses côtés en observant un instant l’océan.

- Mika… Avant que je joue… Repris-je sans l’observer. Je voulais encore m’excuser de ce que je t’ai fait. Je sais que tu ne vas pas forcément accepter mais… Fais-le quand même. Pardonne-moi. J’aurais dû être là et ne pas te laisser croire que je ne t’aimais plus ou que mon regard avait changé quand tu avais juste besoin qu’on te rappelle que nous étions là. Souriant un peu tristement, j’avais baissé la tête. Alors je suis désolé. Et je te promets que ça n’arrivera plus. Parce que tu es la personne la plus importante pour moi. Mon futur mari et l’homme que j’aimerais toute ma vie et même après. Alors… Ne doute jamais de ça. Jamais.

Me tournant enfin vers lui, je lui avais souri, plus doucement alors que je me détournai rapidement pour sortir ma guitare de son étui et jouer. Il y avait quelque chose de différent lorsque je jouais pour lui aujourd’hui… J’avais, à vrai dire, presque cette impression que nous prenions un nouveau départ. Tout avait changé, il avait raison, l’avenir me semblait toujours incertain, la peur m’étreignait encore, mais nous étions ensemble. Et jamais je ne l’abandonnerais. Jamais je ne le laisserais pour une quelconque raison. Quelle que soit la finalité de ce présent… Je l’aimais.

- Je l’avais écrite en coréen mais… J’ai trouvé que le japonais était devenu plus approprié. Avais-je alors murmuré dès lors que la chanson fut terminée, les yeux fixés, de nouveau, sur l’océan.

Comme moi… J’étais très loin d’en être convaincu. Mais… Je n’eus pas le courage de rétorquer, de partir dans un débat sur ce point. Acceptant son baiser, j’avais pourtant continué. Rien ne changerait. Quand bien même cela pourrait prendre dix ans que rien ne changerait. Je l’aimais et je l’épouserais, quel que soit le nom que nous prendrions et…

- Alors tu seras Mika Wilde-Jeon… Et je ferais pareil. Hyun-Ki Wilde-Jeon. Acquiesçai-je à ses mots, répondant à son baiser. Mais tu es déjà à moi.

Sûrement la pire décision que je pourrais prendre pour ma famille, d’ailleurs, mais il était à moi, il était une partie de moi, de mon cœur, de ma vie et de mon nom. Le laissant ainsi repartir, je m’étais rassis avant qu’il ne me tendre une cup à manger. Avait-il compris ?... Un peu trop. A croire qu’il me connaissait vraiment beaucoup trop.
Baissant les yeux face à ce qui était des vérités, je n’avais alors pas répondu. Impossible de mentir si même mon corps lui avait donné la vérité.

- Le maquillage est censé ne pas montrer un visage creusé. Avais-je ainsi admis.

Je n’étais pas encore un expert. J’avais su masquer les cernes mais visiblement pas la perte de poids… Ainsi avait-il gagné cette bataille. J’avais cédé. Mais pas pour cette seule raison. Il n’avait pas tort. A manger tout cela, il serait malade, surtout après une diète aussi importante alors… Oui. Je tenterais d’en prendre une partie. La moins sucrée et le caramel… Cette attention m’avait d’ailleurs touchée, vraiment touchée alors que je ne comprenais pas comment il pouvait encore et toujours penser à moi alors qu’il était celui qui se remettait d’une épreuve.

- Parce qu’il faut que tu fasses avant tout attention à toi. Avais-je malgré tout répondu.

Mais il souriait et… Et cela m’allait. Comment d’ailleurs avait-il pu imaginer que je puisse ne plus vouloir l’épouser, lui, l’homme le plus attentionné de cette terre ? Non. Impossible. Je… Il ne devait plus y penser. Plus jamais.

- Moi aussi… Lui avais-je répondu avant de le suivre sur la plage pour nous y installer.

Et à nouveau, je m’étais excusé. J’en avais besoin. J’avais besoin de son pardon pour ce que j’avais fait, pour ce que je lui avais fait subir. Il allait le refuser, bien sûr, mais je voulais qu’il me pardonne. Plus que tout. J’avais été un moins que rien, un abruti fini et sûrement, d’ailleurs, ne méritais-je pas quelqu’un comme Mika mais… Je voulais qu’il me pardonne, je voulais me racheter. Et il l’accepta. Ce simple fait fit envoler un poids de mes épaules alors que j’attrapai ma guitare pour chanter, pour jouer ce que je lui avais interprété tout au long de la semaine sans qu’il ne s’en souvienne.

Cette chanson… Cette chanson avait pris tout son sens ces derniers jours. J’en avais d’ailleurs changé la langue. Une chanson lourde de sens qu’il comprit… Qu’ils comprirent au vu de la langue qu’il utilisa pour me répondre. Le laissant prendre ma guitare, je l’avais alors accueilli sur mes cuisses, glissant mes mains autour de sa taille pour répondre à son baiser.
C’était différent. Je ne pouvais pas le nier. Je l’aimais, je l’aimais toujours autant, plus que tout, plus que ma vie peut être même plus qu’avant alors que mon désir de le protéger avait décuplé. Pourtant, je sentais en moi une retenue alors que je ne pouvais oublier la présence de cet être que j’haïssais. Mais lui… Doucement, j’avais serré Mika dans mes bras, glissant une main sous son t-shirt, caressant sa peau avec cette tendresse qui savait nous caractériser quand le besoin s’en faisait sentir.

Il m’aimait… Souriant, je n’avais pas répondu alors qu’il affirmait toujours aimer mes musiques et… J’avais légèrement froncé les sourcils à ses mots. Lui aussi ? Je l’apaisais lorsque je ne le menaçais pas ? Alors… Pouvais-je ainsi aider Mika ? Pouvais-je l’aider dans cette fusion essentielle ? Mais Mika craignait. Je le sentais. Je le comprenais alors que sa question n’obtenait qu’une réponse réelle chez moi. Oui. Je l’aimerais. Lui. Jamais cet esprit. Pourtant… Je pouvais l’aider… Il me suffisait de faire semblant. Juste un peu…

Ce fut la possessivité de Mika qui me rassura, en un sens. Une possessivité paradoxale à la vie qui menaçait d’être la nôtre si mes parents venaient à se décider à me marier… Mais une possessivité que j’aimais. Vraiment.

- Hae… Avais-je alors soufflé. Tu seras toujours le seul à avoir tout de moi. Le premier et le dernier. Je l’ai promis… Murmurai-je, glissant mes lèvres contre les siennes tendrement. La fusion… Tu seras toujours toi. Alors… Je te serais toujours fidèle. Je… Je pourrais t’épouser maintenant si cela pouvait te le prouver. Avant la fusion s’il le fallait. Mais… Mais même avec cette fusion. Je t’aime. Et je vous aimerais toujours. S’il fait partie de toi, je vous aimerais autant qu’il me sera possible de le faire. C’est déjà le cas. Même si je suis en colère, car je devais l’admettre, expliquer mes réactions, même si j’ai peur pour l’homme que j’aime, c’est le cas. Et ça ne sera jamais autrement car ça fait partie de toi et… Et j’aime tout ce qui est toi. Mais je ne pourrais jamais le préférer à l’homme qui m’a tout offert. Car lui, au contraire, le kitsune me prenait tout ou risquait au moins de me le prendre. Tu es et restera l’amour de ma vie. Vous le serez, tous les deux. Mais je te serais fidèle Mika. A jamais je te serais fidèle. Tu as déjà oublié tes propres mots ? La lune ne peut pas exister sans le soleil… C’est le soleil qui la fait briller alors… J’ai besoin de toi. Il n’y a que toi pour me faire briller. Alors ne doute jamais que je t’appartiens à toi et à toi seul. A jamais. Mika Wilde-Jeon. Répétai-je dans un sourire que je voulais rassurant. Je t’aime, Hae. Hamster. Plus que tout et pour toujours.

Ce que je disais était vrai. La plupart de mes mots du moins car je détestais ce kitsune. Je l’haïssais de tout mon être pour ce qu’il faisait risquer à Mika, pour occuper ce corps que je chérissais plus que tout, pour le priver d’instants de bonheurs, d’un avenir clair, pour sa loyauté au Kim autant que pour ses menaces claires. Je le détestais. Et pourtant… J’allais mentir. Je devais mentir. Pour le bien de Mika, je devais lui faire croire le contraire.

- Il faut que je fasse attention à l’heure… Avais-je malgré tout murmuré, glissant mon nez dans son cou pour respirer son odeur, pour m’apaiser à mon tour. Je ne peux pas arriver à Poudlard directement… Il me faut le temps de faire la route de Pré-Au-Lard pour aller en cours… D’ailleurs je serais un peu en retard cette nuit… Soufflai-je en le serrant davantage comme si l’idée de me séparer de lui m’était insupportable – et c’était finalement le cas. Je dois trouver ma sœur pour tes cours et tes devoirs… Alors… Je viendrais te réchauffer le plus vite possible mais couvre toi avant. Embrassant sa peau, j’avais alors souris le plus tendrement possible, glissant ma main dans ses cheveux. Mais je viendrais… Car c’était le plus important à retenir.

- Les livres ne suffisent pas ?...

Je n’avais pas encore ce réflexe moldu de me renseigner sur leur internet, je l’admettais. Même si je faisais des efforts, même si je tentais de me mettre à leur page, tout n’était pas encore assez logique pour moi, pour mon cerveau. Mais quoiqu’il puisse en être, il l’aurait senti malgré tout. Mon visage pouvait mentir mais mon corps… Il connaissait mon corps par cœur. Esquissant un léger sourire face à cette vérité, j’avais doucement hoché la tête avant qu’il ne tienne à me mettre du caramel de côté… Comme toujours, il faisait attention à moi, à ce que j’aimais, à ce dont j’avais besoin, même lorsqu’il devait davantage faire attention à lui.

- Pas assez si tu arrives encore à faire attention à moi. Rétorquai-je alors que je voulais que toutes les pensées soient tournées vers lui.

Installés sur la plage, non sans m’être à nouveau apaisé à ses quelques mots qu’il me rappelait, j’avais alors joué cette musique bien particulière dont les mots et les notes faisaient bien trop écho à notre réalité. L’accueillant sur mes cuisses, je lui avais rappelé que je lui étais fidèle, que je l’aimais. Plus que tout. Pour toujours. Quant au kitsune… J’avais menti. Je devais mentir. Je le haïssais. Mais face à Mika, je devais l’aimer. Pour lui, je ne devais faire de différence que dans ma fidélité. Je serais fidèle à Mika. A personne d’autre. C’était au moins une totale vérité.

- Moi aussi… Lui avais-je finalement répondu, lui rendant chacun de ses baisers avec cette force qui nous unissait toujours.

Mais je devais faire attention à l’heure, à ne pas être en retard. Le chemin de Pré-Au-Lard à Poudlard n’était pas bien long mais suffisamment pour me faire perdre du temps. Impossible de faire autrement néanmoins alors… L’heure devenait importante. Répondant de nouveau à ses baisers, j’avais arqué un sourcil alors qu’il reprenait parole. Faire au plus vite ?... Ah. La fusion…

- Ne force pas les choses… Avais-je malgré tout répondu. Ne t’épuise pas pour rien. Ça viendra. Ne le force pas.

Car il fallait avant toute une entente totale, une place pour chacun d’entre eux ; mais refuser de lutter n’était pas non plus donner de la place. C’était un début. Mais le chemin allait être long. Pourtant, je croyais en Mika. Je savais qu’il réussirait. Il réussissait toujours.

- Demande le seulement pour toi. Avais-je fini par soupirer contre ses lèvres. Je vais bien. Et surtout je détestais avoir besoin de remèdes ou de quoique ce soit d’autre. Il me faut un peu de sommeil, c’est tout, mais je le rattraperais un peu ce soir. Sûrement pas assez, mais cela serait déjà ça de pris si je pouvais dormir quelques heures sans craindre ses cauchemars, sans craindre de le perdre si je venais à fermer les yeux une minute. De toutes les manières j’ai arrêté mes cours supplémentaires et les entraînements. Alors ne t’en fais pas. Je n’ai pas besoin de beaucoup d’énergie pour faire ce que je fais. Quoique je risquais de perdre quelques points à m’endormir comme je le faisais en cours.

Esquissant un sourire que je voulais rassurant, je l’avais alors attiré contre moi, le serrant dans mes bras comme si ma vie en dépendait, comme si c’était là la dernière chose que je ferais sur terre. J’aimais cette sensation, celle de l’avoir dans mes bras, contre moi, de sentir son corps. Pourtant… Je peinais à ne pas m’inquiéter lorsque mes doigts parcouraient son dos. Il avait maigri et… Enfin… Nous ferions en sorte qu’il reprenne des forces. Voilà… Je devais me concentrer sur le positif. Comme il le faisait, lui, toujours. Enfouissant ma tête dans son cou, j’avais alors respiré son odeur, celle qui m’apaisait toujours lorsque la peur ou la tristesse venaient à m’étreindre.

- Est-ce que tu voudras que je te ramène quelques chose de Poudlard ? Avais-je finalement demandé. Avec tout ce qu’il s’est passé… Je n’ai pas pu te poser la question et tu n’es pas revenu chez nous depuis alors… Tu as besoin de quelque chose ? Ou de n’importe quoi en fait… J’irais te chercher ce que tu veux où tu veux. Soufflai-je en me décollant presqu’à regret. Et tu verras. Quand tu pourras revenir à l’école… Je te préparerais la plus grosse surprise qu’il soit. Avec… Des gâteaux de… Des gâteaux de viandes ! Du sucre qui va me faire regretter la moindre seconde de la soirée, de la musique et tout ce que tu voudras. M’arrêtant un instant je grimaçai alors. Du coup ce n’est plus une surprise mais tu as compris… Je ferais tout ce qu’il faut pour que tu sois heureux et…

Me stoppant à nouveau une seconde, je fronçai les sourcils pour le remettre à côté de moi avant de me redresser. Avalant deux cuillères de sorbet, j’avais eu une idée. Une idée simple et à la fois bien complexe.

- Tu me fais confiance ? Et lui aussi ? Enfin… Dans une moindre mesure ? Soufflai-je doucement en m’accroupissant près de Mika. Je… Je veux te montrer quelque chose. Et c’est le moment… Il doit être 11h30 là-bas… Alors…

Attrapant sa main, je l’avais attiré jusqu’à notre cabane habituelle puis contre moi pour transplaner à nouveau. Tant pis pour la fatigue quoique l’arrivée fut plus brutale qu’habituellement. Reculant contre un arbre, je laissai à Mika le temps d’observer le paysage.

Mon pangji. Nous étions là où je l’appelais souvent, face à la maison de mes parents, en contrebas. Ce lieu que je lui avais souvent décrit, que j’avais pu lui montrer en vidéo. Face à lui, de l’autre côté du bassin, une maisonnette dont l’architecture ne donnait aucun doute sur le pays. L’automne avait bien commencé ici, les arbres avaient commence à perdre leur feuillage laissant entrapercevoir, un peu plus haut, après de longs escaliers, une terrasse et surtout, encore plus loin, la maison. Ma maison.

- Mes parents ne doivent pas être là ce midi. Avais-je expliqué. Normalement. Je l’espérais. Je n’avais que peu de visibilité sur leur emploi du temps, mais cette fois, j’en étais presque sûr. Pour cause. C’était pour un espoir d’union qu’ils dînaient avec une autre famille… Mais cela ne m’importait pas. Je suppose que ta présence en Corée n’est plus vraiment un problème maintenant alors… Je me dis que c’est le bon moment. Avant que je rentre à Poudlard. Soufflai-je en m’approchant de lui, me glissant dans son dos pour l’enlacer. Comme ça… Tu es le premier à venir. Le seul… Et avant la fusion. Vous le voyez tout le deux, mais tu resteras le tout premier… Et avant de repartir, je pourrais tenter de te montrer la maison. Mes parents, ma sœur et moi absents… Il ne devrait pas y avoir beacuoup de domestiques… Qu’est-ce que tu en dis ?

Je n’arriverais pas à le berner. Quoique je fasse, je n’y parviendrais pas et il s’inquiétait toujours pour moi. Trop, à mon sens, alors qu’il aurait dû seulement faire attention à lui et… Oui… Il avait aussi raison… Il ne serait pas lui en étant un tant soit peu égoïste. C’était bien trop vrai pour son propre bien…

Réinstallés sur la plage, j’avais alors fait ce pourquoi j’avais apporté la guitare. J’avais joué. Une chanson bien particulière que j’avais réécrite suite aux derniers événements. Une chanson qui sembla toucher Mika que j’accueillis rapidement sur mes cuisses, glissant mes mains autour de sa taille pour répondre à son baiser et surtout lui répondre sur ma fidélité. Elle lui était due. Elle lui serait toujours consacrée et le kitsune n’y changerait rien. Même si je les aimerais tous les deux, même si je les aimais déjà tous les deux. Un mensonge, pour sûr, face à ma haine de cet esprit, mais essentiel pour le bien être de Mika qui semblait réellement désirer fusionner. Mais il ne devait pas forcer. Il ne devait pas risquer l’inverse en allant trop vite…

- Je sais et moi aussi… Avais-je avoué. Mais je préfère que cela prenne plus de temps et que tout aille bien à la fin. Assurai-je.

Mais il devait prendre soin de lui, c’était le plus important, quitte à demander des potions à Merindah. Quant à moi… J’avais de nouveau tenté, malgré tout, de le rassurer avant que sa remarque ne me fasse légèrement sourire.

- Non. Je veux que tu profites de tes journées aussi. Soufflai-je. Et je n’en profite pas non plus si je suis endormi.

Alors je préférais dormir moins mais être avec lui. De toutes les manières, j’avais tout arrêté depuis « l’incident ». Que cela soit mes entraînements ou même la musique ou les cours d’arts scéniques. Je ne voulais pas perdre de temps à Poudlard.

- Tu seras toujours plus important que la moindre note de musique. Lui murmurai-je alors que rien ne pourrait jamais l’être.

L’attirant alors à moi, je m’étais enquis de ce qu’il pouvait désirer et… Moi ? Soufflant un très léger rire, j’avais secoué doucement la tête avant qu’il ne m’exprime son souhait. Ramener un pull avec sa nouvelle odeur à Rainy… Oui… C’était possible.

- J’en prendrais un en rentrant. Avais-je soufflé. Je dirais à ma sœur de le mettre dans sa cage.

Avec en prime sûrement de nouvelles questions de la part de Bo-Bae. Mais je préférais cela au reste. Toutes les questions du monde valaient bien le bonheur de Mika lorsque Rainy le réaccepterait. Un bonheur que je préparerais dès lors qu’il reviendrait avec tout ce qui pourrait lui faire plaisir. Tout. Sans exception jusqu’à ce qu’une idée ne me vienne en tête. Avalant un peu de sucre pour me donner la force nécessaire, j’avais rapidement attiré Mika dans la cabine sans même répondre à sa question pour transplaner.

Le trajet m’avait secoué. La fatigue n’aidait pas à me permettre des transplanages en douceur. Mais je l’avais fait. Nous étions arrivés et ainsi avais-je laissé Mika pour m’appuyer contre un arbre, le temps de reprendre un peu d’énergie.

Est-ce que j’allais bien ? J’étais… Enfin mieux valait ne pas répondre à cette question immédiatement. A la place, j’avais expliqué notre présence ici. Mes parents n’étaient pas là, normalement. Et au vu de la situation… Sa présence en Corée ne poserait certainement plus de problèmes alors… C’était sûrement le bon moment. Celui, avant la fusion, qui lui permettrait de voir mon pays, là où je vivais en dehors de Poudlard et surtout mon pangji voire même la maison si nous le pouvions et… Enfin, il se retourna. Il avait visiblement compris.

- Oui… Avais-je soufflé en souriant légèrement. On est chez moi… Enfin… Chez mes parents. Car je ne m’étais jamais senti autant chez moi qu’à Poudlard ou plutôt qu’avec lui.

Mais c’était comme je l’avais dit… Oui. Enfin… Comme j’avais pu lui décrire, souvent.

- C’est généralement plus agréable en plein été ou au printemps. Soufflai-je en me détachant enfin de l’arbre pour l’enlacer, doucement. Mais… Ça te plait ? Demandai-je alors en embrassant son front avant qu’un léger sourire n’étire mes lèvres. Viens.

Glissant ma main dans la sienne je l’avais alors fait contourner le bassin pour monter les marches jusqu’à la maison que j’observai alors.

- Elle est agréable quand mes parents ne sont pas là. Murmurai-je doucement avant de soupirer. Reste ici. Je veux juste être sûr qu’ils sont absents.

Inutile de tenter le diable… Je n’aurais pas la force de faire face à mon père aujourd’hui. Encore moins avec Mika. Alors, laissant Mika, j’étais entré dans la maison silencieuse pour me faufiler discrètement comme je savais le faire jusqu’au bureau de mon père. Vide. Ils étaient donc vraiment absents. Soupirant, je m’étais détendu pour reprendre le chemin inverse jusqu’à arrivé à la porte du jardin, dans le salon, et me figer sur place en entendant une voix.

- Jeon Hyun-Ki ? Jetant un coup d’œil à Mika j’avais hoché la tête, rassurant quoique tendu avant de me retourner vers ladite voix. Que faites-vous ici, Monsieur ? N’êtes vous pas censé être à Poudlard ?

M’inclinant légèrement comme j’en avais l’habitude, la sorcière qui me faisait face en fit de même, bien plus bas avant que je ne secoue la tête.

- J’ai seulement voulu profiter de mon repos pour faire visiter notre demeure à un ami. Expliquai-je, presqu’honnête avant de me décaler pour faire signe à Mika d’approcher. J’espère que nous ne dérangeons pas…

La femme observa Mika de haut en bas avant qu’un sourire n’éclaire son visage et qu’elle ne s’incline face à lui, comme face à moi.

- Vous ne nous dérangez jamais, Monsieur. Répondit-elle. Et je suis ravie de pouvoir rencontrer… Lui demandant silencieusement son nom, la domestique approcha de Mika pour l’inviter à la suivre, ce que j’encourageai d’un hochement de tête. Je suis Ah Nam-Joo. Se présenta-t-elle. Je suis en charge de la gestion de cette maison et de ses occupants.
- Ah Nam-Joo a été… Une sorte de nourrice pour nous. Expliquai-je alors qu’elle nous emmenait jusque dans un plus petit salon.
- On Kwang-Hoon et Ho Seung-Woo seront contents de vous savoir ici, Monsieur. Reprit la domestique dans un nouveau léger sourire poli quoiqu’emprunt d’un réel contentement. Si vous voulez bien attendre un peu, je vais demander à ce que l’on vous apporte du thé et de quoi manger un peu. Vous venez de loin. Reposez-vous un peu.

Nous laissant seuls dans la pièce, j’avais émis un long soupir en me laissant tomber sur un canapé avant de prendre la main de Mika, non sans avoir vérifié que la porte était fermée.

- Désolé… Murmurai-je en embrassant cette dernière. Je doutais qu’on se ferait voir mais pas aussi vite… Elle… Elle n’est vraiment pas méchante. Au contraire… Les autres non plus. Ne t’en fais pas… Tentai-je de rassurer alors que ma propre tension était à son comble.

Ici, dans ce lieu que je détestais, j’avais soudain l’impression d’avoir pris Mika dans un piège à souris. Personne ne savait pourtant, mes parents n’étaient pas là, nous ne risquions rien, j’avais confiance en la plupart des personnes travaillant pour eux mais… Je détestais cet endroit. Toujours autant.