Rejoindre Poudlard n’avait pas été la chose la plus difficile au monde, je l’admettais. Les étudiants y étaient pour la plupart agréables et respectueux. Une chance, d’ailleurs. Cela m’avait permis de commencer à m’y faire une place, petite, mais bien là.
Il fallait admettre que le club de combat avait aidé, me permettant de rencontrer d’autres étudiants que ceux de mon diplôme et heureusement puisque j’avais pu, d’ores et déjà, sympathiser avec une jeune sang pure. Un bon commencement, donc.

Pourtant, il y avait une ombre, si tant était que l’on puisse appeler cela, à mon tableau. Et il ne s’agissait certainement pas de Jeon. Non. Mais bien de ma sœur. Cette dernière avait rejoint l’école, tout comme moi. Cela ne me dérangeait pas, évidemment et bien au contraire, à vrai dire, puisque je m’y sentais ainsi moins isolée de ma famille mais… Comment se passait son intégration ? Comment allait-elle ?
Je n’avais que trop peu eu le temps d’aller la voir depuis la rentrée, prise entre mes cours, mes révisions et mes entraînements. Un rythme soutenu que je tenais de Mahoutokoro, sans nul doute, mais qui m’empêchait à bien des niveaux de profiter du temps libre dont les anglais chérissait tant. Un temps libre que je m’étais alors obligé de prendre ce soir pour me rendre derrière la porte du dernier cours de ma sœur afin de l’y attendre, deux cafés en main.

Souriante, je lui avais fait signe de me suivre dès lors que j’avais pu la voir, l’entraînant jusqu’au parc de Poudlard où le soleil brillait encore. Là-bas, je m’étais alors installée sur l’herbe, l’invitant de nouveau à m’imiter pour enfin lui tendre le gobelet.

- Je me suis dit que cela te ferait du bien après une journée de cours. Avais-je alors commencé en coréen. Comment vas-tu ? Car c’était, finalement, la question la plus importante. Mahoutokoro ne te manque pas trop après ces trois semaines ?

J’étais attachée à ma famille, c’était un fait certain. Attentive au bien être de mon frère et de ma sœur, je mettais un point d’honneur à veiller sur eux, sur ce qu’ils ressentaient et sur leurs problèmes. Je ne pouvais pas toujours les aider mais au moins pouvais-je toujours essayer…

- Je suppose que tu as pu voir Zackary Gimhae. Avais-je alors ajouté, tout à fait consciente de la raison de sa présence à Poudlard. Cela s’est bien passé ?

Esquissant un sourire à sa réaction je n’avais pas tardé à prendre de ses nouvelles, à m’enquérir de sa santé. L’adaptation était difficile. Nous étions dans un pays étranger aux mœurs bien différentes des nôtres, sans notre famille et sans même de quoi réellement nous raccrocher. Nous savions faire illusion, toutes deux. Nous avions été élevées en ce sens à pouvoir nous fondre où il nous fallait nous fondre mais qu’en était-il de ses réels états d’âmes ?

Elle était épuisée. Cela me semblait normal. Et cela d’autant plus avec ses explications qui m’arrachèrent un sourire et un mouvement de tête qui se secoua de droite à gauche. Pas que je n’étais pas d’accord avec elle, bien au contraire, mais il me semblait que la pauvre Mee-Na accumulait les tares dans son années.

- J’ose espérer que le professeur les a expulsés de son cours pour manque de respect et d’intelligence. Soufflai-je en buvant une gorgée de mon propre café… Avant de m’étouffer avec ce dernier à la remarque suivante de ma sœur. Quelqu’un a quoi ? Par Merlin…

C’était donc pire que ce que je pouvais penser… Les anglais étaient… Sans nom. Oui. Sans nom. Je n’avais aucun qualificatif pour décrire ce type de personne et de personnalité.

- Mmh… Réfléchis-je. Je ne dirais pas que ce sont des lumières, admis-je, mais au moins… Ils ne chantent pas en cours.

Mais j’étais certainement plus à même de m’intégrer que Mee-Na. Plus sociable, plus ouverte aux autres sans illusion. Alors… J’avais secoué la tête.

- Mais à part leur manque évident de sérieux et de travail, tout va bien. Approuvai-je dans un sourire avant de m’enquérir de la raison de sa présence en particulier : son fiancé.

Au moins ne lui semblait-il pas affreux au point de ne pas sourire. C’était un point positif. Un point qui s’accentua à ses mots.

- Une bonne chose. Approuvai-je. Profite en pour lui dire de t’inviter boire quelque chose à Pré-Au-Lard un jour. Soufflai-je alors car il était hors de question qu’elle fasse le « premier pas » à mon sens. Les étudiants ici semblent particulièrement friands de ces sorties.

Autant mettre toutes les chances de leur côté face à la difficulté supplémentaire qui se dressait devant eux. Ils devaient faire semblant. Bien plus qu’un couple lambda voué à se marier. Sans même se connaître, il ne s’agissait pas d’apparaître ensemble, non, mais bien de miner une relation amoureuse… Une chose plus difficile. Beaucoup plus difficile.

- Mais je suis contente si cela ne te semble pas trop effrayant. Soufflai-je, un tant soit peu rassurée de ses mots malgré tout.

Une sérénité qui se transforma alors rapidement en grimace à sa prochaine question. Cela allait-il mieux avec Hyun-Su… vaste question. Question même compliquée…

- Mieux serait un grand mot. Au moins est-il ici et vivant. C’était déjà un point que j’ignorais quelques mois auparavant et durant toute une année entière. Mais j’espère ne pas m’être trompée en venant ici. Admis-je. Courir après un fantôme est déjà difficile, alors courir après un fantôme récalcitrant… C’était pire. Mais au moins ne nous sommes nous pas entretués pour le moment. C’est donc certainement un point positif. Tentai-je de relativiser dans un sourire.

Mais Hyun-Su devait d’abord se soigner avant de faire attention à moi alors… Non. Cela n’allait finalement pas mieux. Soupirant à ce constat intérieur, j’avais pourtant continué à sourire.

- Je vais bientôt fini dans les vieilles filles impossible à marier. Me permis-je même de plaisanter. Cela serait presque cohérent au fait que mon fiancé à m’a fuit à l’autre bout de la terre. Réfléchissant un instant, je me mis doucement à rire. Je suis donc une sasaeng.

- Il s’excuse ?... Avais-je soufflé en arquant un sourcil.

Au vu des personnalités des élèves d’ici, je comprenais rapidement pourquoi le pauvre se faisait marcher sur les pieds… Déplorable. Plus que cela, même… Cette école avait besoin d’être redressée, indubitablement, mais nous n’étions rien ni personne pour nous le permettre et… Park Min-Hwan… J’avais hoché la tête.

- Son nom me parle. Je n’ai pas du souvent le croiser, mais il me semble clairement voir de qui il s’agit. Assurai-je. Et si je ne me trompe pas… Je n’irais pas le saluer. Il n’a jamais été trop sociable. D’ailleurs si c’est lui, je me demande vraiment pourquoi il veut être professeur… Enfin… Cela ne me regardait de toutes les manières pas.

Dans tous les cas, mon cursus semblait plus calme. Pas forcément plus intelligent, mais au moins plus respectueux de leurs aînés et professeurs. C’était déjà cela de pris, comme pouvait le dire Mee-Na.
Les échanges terminés sur ce qu’était désormais notre vie à Poudlard, je m’étais alors rapidement enquis de l’avancée de sa « relation » avec le jeune Gimhae. Une relation qui semblant débuter sous les meilleures auspices alors qu’il lui servait même de lieu de repos. Une chose qu’il faudrait certainement approfondir autour d’un café, comme je le lui soufflai alors. Une chose visiblement déjà évoquée qui me fit doucement hocher la tête.

- Il est réfléchi. Commentai-je en réponse.

Les deux jeunes gens semblaient effectivement maîtriser la situation. Pour le mieux au vu de la complexité de cette dernière. A croire que mes parents aimaient nous positionner là où nous allions avoir quelques difficultés. Enfin… Au moins pouvaient-ils parler et prendre le temps de se connaître, quand bien même cela ne changerait pas la finalité des projets. Pour preuve, ils avaient même discuté de choses bien plus intimes. Une bonne chose, à mon sens, tant cela pouvait avoir son importance dans une vie et notamment dans celle de ma sœur qui devrait lui donner des enfants.

- C’est bien. Soufflai-je dans un sourire que je voulais encourageant. Il est à l’écoute. Mais vous êtes aussi jeunes tous les deux. Son frère déjà marié à une Sang Pure d’ici, cela lui laisse aussi un peu de temps. Il n’est pas l’aîné. Alors respire. Tentai-je de la détendre. Vous avez le temps.

Et ils devaient en profiter. Tous les deux. Et ne pas se précipiter alors que rien ne les y obligeait.
Quant à moi… J’avais répondu plutôt vaguement aux questions de ma sœur, incapable, finalement, de faire autrement. Hyun-Su était en vie et ici. C’était déjà un début. Mais cela ne m’avait pas réellement confirmé mon choix d’être venu à Poudlard. Enfin. Nous ne nous étions pas entretués. C’était déjà bien au vu de qui nous étions.

- Oui et non. Soufflai-je. Il… Un instant, je me tuai, tentant de faire le point sur ce que je pouvais et ne pouvais pas dire. Disons que sa fuite était justifiée. Expliquai-je simplement. Ce qui ne l’était pas… C’est son silence. Je ne l’acceptais pas, définitivement. Un manque de confiance m’a-t-il dit. Soufflai-je avec une pointe de dépit dans la voix.

Une confiance qu’il allait être difficile de reconstruire. Mais une confiance qui demandait alors qu’il se reconstruise lui, tant il semblait éteint… Difficile. Et même désespérant. Ainsi avais-je plaisanté sur mon avenir de sasaeng ou de vieille fille. Au choix. Avenir que ma sœur réfuta, m’arrachant un léger soupire.

- Je n’ai aucun doute sur le fait qu’Appa est déjà en train de prospecter les partis qui pourraient être intéressants. Soufflai-je, consciente que la situation que Hyun-Su avait provoqué n’avait rien pour plaire à mes parents. Si ce n’est pas déjà fait et dans ce cas, ils attendraient seulement ma reddition pour ne pas me l’imposer trop brutalement. Nos parents n’étaient pas des monstres. Ils savaient pertinemment la raison de mon départ en Ecosse. J’appréciais Hyun-Su. Tout le monde le savait. Nous avions réussi à construire une amitié certaine et tout recommencer avec un autre homme… Sûrement allaient-ils accepter un an de battement entre les deux. Comme pour me permettre le deuil de cette union qui aurait, à mon sens, pu fonctionner à merveille. J’espère simplement qu’ils me choisiront un homme aussi attentionné que Zackary peut visiblement l’être, plaisantai-je dans un sourire amusé. Et un gentleman. Qui ait du répondant et ne soit certainement pas soumis. Oh. Et s’il pouvait être un peu musclé… Riant légèrement à ma « liste de courses », j’avais finalement soupiré. En attendant, je vais continuer à rendre Hyun-Su fou jusqu’à ce qu’il réagisse enfin vraiment.

- Sans qu’ils ne l’attendent, l’ordre des choses voudra malgré tout qu’il commence avant son jeune frère. Tentai-je de la rassurer alors dans un léger sourire.

Mais ils avaient le temps. Leur mensonge devait en effet se construire petit à petit pour n’éveiller aucun soupçon alors… Oui. Vraiment. Ils avaient le temps. Et c’était pour le mieux tant Mee-Na était jeune et tant, je l’admettais, je n’avais pas réellement envie de la voir mère avant moi. Je devais bien l’admettre.
D’autant que j’étais bien loin d’avoir trouvé un époux. Si je l’avais cru un jour, il s’était enfui. Lâchement, à mon sens, arguant un manque de confiance et…

- Je ne pense pas. Répondis-je à ma sœur en secouant doucement la tête. Mais c’est plus compliqué que cela. Il… Je pense qu’il était surtout perdu. Avais-je soufflé, honnête.

Après tout… Qui ne l’aurait pas été après le meurtre d’un frère ? Je pouvais le comprendre. L’accepter, peut-être pas, mais le comprendre… J’en étais capable, autant que j’étais capable de plaisanter sur mon avenir potentiel de vieille fille que Mee-Na réfuta avant de me poser une question me faisant arquer un sourcil. Un attachement particulier…

- Et bien… Commençai-je, réfléchissant. Hyun-Su était un ami proche. Je ne dirais pas que j’en étais amoureuse. Mais il était l’un de mes meilleurs amis et alliés. C’était une chose que je ne pouvais pas nier. Nous étions assez complices, donc… En un sens, oui. J’avais un attachement particulier et je l’aimais bien. Ce qui est après tout normal puisque nous étions destinés à passer notre vie ensemble. Mieux valait que je le supporte un tant soit peu, plaisantai-je.

Et cela expliquait, finalement, en grande partie ma course derrière lui. Je m’étais attachée à lui. Peut-être plus qu’il ne me l’avait été demandé. Sûrement, même. Mais c’était un fait. Il était un ami proche. Et je ne pouvais pas l’abandonner lorsqu’il me semblait si éteint, lorsque je l’avais enfin retrouvé. Mais si un jour je lâchais, si notre père finissait par perdre patience, alors j’avais malgré tout quelques espoirs, comme celui d’avoir un homme attentionné, comme Gimhae, et gentleman avec du caractère évidemment… Sans oublier un peu musclé. Un fait qui arracha un rire à ma sœur, me faisant alors davantage sourire. Mais je n’en étais pas là, pas encore car j’avais un coréen à rendre fou avant que cela n’arrive. Un fait qui vint provoquer la remarque de ma sœur alors que ma main se posait un instant sur ses cheveux.

- Merci, Mee-Na. Soufflai-je, attendrie. Mais ne t’en fais pas. Il finira bien par comprendre qu’on ne fait jamais attendre une Hwang à moins de vouloir s’en mordre les doigts. Quoiqu’il s’en mordait, finalement, peut-être déjà les doigts à m’avoir dans les jambes à Poudlard même. Et j’ai choisi cette situation, lui rappelai-je. Quand bien même elle n’est pas acceptable pour Appa, je l’ai choisi. D’accord ? Je ne voulais pas qu’elle s’inquiète, qu’elle en veuille à Hyun-Su ou je ne savais quelle autre idée. J’avais choisi d’attendre le sorcier. J’avais choisi de le suivre. Si quelque chose n’allait pas, je ne pourrais qu’en vouloir à moi-même, finalement.

Et puis il y eut une question. Plus franche que les autres. Haussant les sourcils, j’avais penché la tête en l’observant. A vrai dire… Cela ne m’étonnait pas de Mee-Na. Trop concentrée sur l’esprit pour voir le corps.

- Cela dépend des gens. Expliquai-je alors. La beauté d’un corps… C’est un peu comme critiquer de l’art. Cela restera subjectif. Mais à mon sens, un corps doit être attractif. Il ne pouvait pas, il devait, et c’était bien pour cela que je prenais tant soin de moi. Il est le reflet de ce que nous sommes alors concernant les hommes… Oui. Un corps peut être aussi attractif que l’esprit et ceux qui manquent de l’un ou de l’autre sont alors désavantagés. Car crois-moi qu’il est bien difficile de maintenir un corps en l’état, ris-je légèrement. Le temps de coiffure et de maquillage est affreusement long. Mais… Pour être plus sérieuse… Je pense que c’est une chose que tu découvriras de toi-même… C’est une réponse un peu télescopée mais si tu n’as pas rencontré de corps ou du moins de personne suffisamment attrayante pour débloquer ta pensée… C’est difficile à comprendre. Mais… L’observant un instant, je lui avais souri. Surtout ne te met aucune pression quant à cela. Ce n’est pas la chose la plus importante dans une relation maritale. D’accord ?

Après tout, dans les faits… Il nous suffisait de faire des enfants. Ce serait peut-être une chose désagréable à passer, mais une fois qu’ils seraient faits, nous serions tranquilles…

- C’est quelque chose qui a l’air de beaucoup t’inquiéter. Soufflai-je malgré tout. Mais… Ne t’en fais pas. Si quelqu’un venait à… Un instant je me tus avant de secouer la tête. Ce n’est vraiment pas le plus important et personne ne te forcera jamais, d’accord ? Repris-je, rassurante.

Je payais la note… En quelques sortes… Oui. C’était vrai. Je payais pour sa peur, mais était-ce réellement quelque chose que je pouvais retenir contre lui ? Je n’en savais trop rien. Ses excuses m’avaient-elles à ce point attendrie ? Possible. Le fait était que je n’arrivais pas à lui en vouloir autant que je lui en avais voulu auparavant. Sûrement l’amitié que j’avais ressenti et que je ressentais toujours pour lui en était pour quelque chose là-dedans.
Esquissant un léger sourire à sa remarque, j’avais doucement hoché la tête.

- Ses parents… Soupirant, j’avais rapidement repris. Ils vivent pour leur famille. Enfin… Nous aussi mais… J’ai l’impression qu’ils sont vraiment… Ils sont leur famille et pas des personnes à part entière travaillant pour elle. Sa mère… Ils ont fait un quatrième enfant moins d’un an après la mort de leur fils…

Cela voulait tout dire. Pas de deuil, juste un remplacement. C’était ainsi que je le voyais, ainsi qu’ils le voyaient. Et cela expliquait sûrement en grande partie qu’aucun d’entre eux n’ait de geste l’un envers l’autre. Aucun membre de leur famille n’était, finalement, capable de cela.
Pour autant, quelle que soit la situation, quel qu’il puisse être, j’avais choisi cette situation. Je n’avais peut-être pas initialement complètement choisi Hyun-Su, certes, mais aujourd’hui, c’était pourtant le cas. Je ne subissais pas cela. Je l’avais choisi.

Rassurant Mee-Na de ce fait, elle s’était alors interrogée sur une chose bien précise qu’il me fut difficile à expliquer tant je n’étais pas la personne la plus experte en ce monde. J’avais pour autant tenté. Oui. Un corps pouvait et devait être beau. Même si…

- Oh que non. Me mis-je doucement à rire. Pour certains, même cela ne suffit pas. Mais toi, tu es un magnifique jeune femme, lui soufflai-je. Alors tu n’as besoin que de ça. Et je te promets qu’on prend goût au maquillage lorsqu’on sait y faire. Je te montrerais quand tu auras des moments de libre. Je n’oserais pas prendre sur tes études ô jeune Serdaigle, ris-je de nouveau en secouant la tête.

Mais pour autant… Ce sujet avait l’air de la préoccuper et… Non. Elle n’avait pas à s’inquiéter. Personne ne s’en prendrait à elle, pas tant que je serais à ses côtés, en tout cas. Je veillais sur elle. C’était certain. Penchant doucement la tête lorsqu’elle reprit parole, j’esquissai pourtant rapidement un sourire attendri à ses propos. C’était donc aussi cela…

- Mee-Na… Je ne vais pas te dire que ta situation est simple, commençai-je doucement. Mais tu es intelligente. Tu es courageuse. Et tu vas y arriver. Toute notre famille est avec toi et je suis là si tu as besoin de quelque chose. Voulus-je la rassurer dans un sourire. Alors… Respire. Ne t’angoisse pas. Tu ne pourras jamais faire pire que ta sœur ainée qui a fait fuir son prétendant. Plaisantai-je. D’accord ? Tout va bien se passer et quand bien même ses parents sont imprévisibles, ils ne pourront rien contre vous. Vous êtes majeurs. Ou vous allez l’être. Alors… En un sens, leur bénédiction n’est qu’une chose facultative, d’accord ? Appa et Eomma, eux, sont déjà avec toi. Et Zackary sait aussi dans quoi il se lançait. Donc tout ira bien. Fais toi confiance. Car j’étais sûre de cela : elle en était capable et elle ferait les choses bien. Comme elle l’avait toujours fait. J’avais confiance en elle. Et au pire des cas... Tu n'auras qu'à venir élever les chats avec moi !

Mee-Na était choquée. Comme j’avais pu l’être avant elle, dans une mesure bien plus visible chez ma sœur, mais j’avais eu les mêmes sentiments. C’était honteux. C’était… Inadmissible. Et notamment pour les frères restants qui n’étaient plus que des pions, des objets dans leur échiquier familial… Mais nous ne pouvions rien faire, rien dire. Ce n’était ni notre combat ni notre famille… Nous ne pouvions qu’observer. Je ne pouvais que soutenir Hyun-Su autant que je le pouvais.

Au moins, nous, Hwang, étions soudés. Et cela permit notamment à ma sœur d’oser des questions, d’oser me parler de ce qu’elle ressentait, à commencer par les corps. Esquissant un sourire, je la reconnaissais bien là, dans sa réponse. Elle était intellectuelle. Plus que je ne l’étais sans doute.

- On peut être reconnu pour les deux. Avais-je néanmoins fait remarquer tant c’était ce que je visais.

Quant au maquillage… Elle pourrait apprendre. Et sans prendre sur ses cours, évidemment, m’étais-je même moqué, riant légèrement. Elle n’aimerait pas cela. Peut-être. Et je n’irais certainement pas la forcer à y prendre goût ou à en utiliser. Autant qu’elle ne s’encombre pas trop l’esprit si elle se sentait bien ainsi.

- Ils peuvent suffire. Pour les femmes comme toi. Approuvai-je dans un sourire.

Mee-Na était belle naturellement. C’était un avantage certain. Pourtant… Ce n’était finalement pas vraiment le fond du problème, non. Le problème était plus profond et tenait de sa situation elle-même autant que de sa position… Tentant de la rassurer, elle n’était pas seule cependant. Non. Nous étions là. J’étais là. Comme je le serais toujours.

- Ce n’est pas être dépendant que de demander de l’aide lorsqu’on en a besoin ou lorsque l’on n’est pas habitué à une chose et que l’on a peur. Répondis-je. Et tu sauras t’en sortir. Tu arrives à démonter et remonter des engins affreusement compliqués. Ce n’est pas plus difficile. Il s’agit seulement de mettre les bonnes pièces à la bonne place. Expliquai-je dans une image que je trouvais plutôt claire. Agis comme tu l’entends, par instinct, et tu verras. Cela fonctionnera. Tu es bien assez intelligente pour cela.

Et dans tous les cas, elle ne pourrait pas faire pire que moi, ce qu’elle refusa d’admettre, me faisant de nouveau rire, légèrement, en secouant la tête. Et puis… Ils étaient majeurs alors… Quand bien même ses parents étaient imprévisibles, au moins n’auraient-ils pas de barrière en ce qui les concernait. Même si je comprenais amplement son objection.

- Mee-Na… Il doit sûrement savoir où il va et ce qu’il risque. Je doute qu’il soit aussi naïf que cela. Même si sa famille est importante, il sait ce qu’il doit faire, d’accord ?

J’avais, d’autant plus, une solution toute trouvée si les choses tournaient mal : un élevage de chat. Ce qui ne sembla pas lui aller, m’arrachant un rire amusé.

- Est-ce que tu accepteras que je casse tous les ordinateurs que je voudrais réparer ? Soufflai-je, consciente de mon incapacité même à allumer l’un de ces engins. Et nous n’aurons qu’à élever les chats pour qu’ils ne s’en prennent pas à ton lapin. Quant aux poils… Tu ne sais pas réparer les… Mince… Réfléchissant il me fallut quelques secondes pour trouver le mot. Les aspirateurs moldus ? Cela résoudrait tous les problèmes.

Mais nous n’en étions pas là. Vraiment pas. Il y avait encore tout un monde pour que nous en arrivions à de tels extrêmes.

- Maintenant… Respire. Et promets-moi que si quelque chose ne va pas, si tu t’inquiètes ou si tu as peur, tu viendras me voir, d’accord ? Lui demandai-je doucement. Et ne t’en veux jamais de me demander de l’aide. Même si ce n’est pas à Eomma et Appa. Viens me voir. Je ne t’en voudrais jamais et je ne te prendrais jamais pour une femme dépendante si tu le fais, est-ce que tu as bien compris ? Posant ma main sur sa tête, j’avais doucement caressé ses cheveux avant de reprendre. Tu as été catapultée ici avec moi. Autant que nous continuions à rester ensemble au milieu de ce pays de fous, tu ne penses pas ? Et puis… Si ma petite sœur ne vient pas me voir… A quoi est-ce que je pourrais bien servir ici ? Alors… Promis ?

- Tu pourrais aussi me présenter comme les deux vu tous les efforts que je fais ! Soufflai-je dans un léger rire.

Mee-Na connaissait mes routines, mes habitudes. Elle savait combien de sport je pouvais faire, combien je pouvais faire attention à mon alimentation, à ma peau, mes cheveux et tout ce qui allait avec. Et si je plaisantais, évidemment, préférant être connue pour mon intellect plutôt que pour une quelconque beauté, il était vrai que j'aimais aussi les compliments sur ce dernier point. C'était d'ailleurs l'un des points qui nous séparait le plus, à mon sens. Mee-Na n'aimait pas le maquillage, elle n'en avait, à vrai dire, pas non plus besoin. Elle était belle naturellement. Comme moi. Une remarque qui m'arracha un léger rire alors que je secouai la tête doucement.

- C'est que tu n'es pas assez réveillée le matin quand tu me vois. Soufflai-je.

Mais la conversation embraya sur une chose plus sérieuse, sur ses inquiétudes face à sa situation. Je comprenais ce qu'elle me disait, je comprenais ses inquiétudes, mais elle ne devait pas se focaliser sur cela, elle devait apprendre à se reposer sur d'autres car cela ne ferait jamais d'elle un poids. Surtout lorsqu'elle en avait réellement besoin. Mais elle saurait s'en sortir, j'en étais convaincue.

- Il y a aussi des schémas de communication entre les humains. Lui soufflai-je dans un sourire. Je t'assure que ce n'est pas si loin de ce que tu as l'habitude. C'était seulement une chose qu'il fallait apprendre, comme tout.

Je comprenais aussi sa crainte quant à la famille de son fiancé. Evidemment. Ce n'était pas une famille facile ou même habituelle pour nous. Très occidentale, ses parents risquaient de se mêler de tout cela, de refuser même la finalité de leur relation. Mais j'étais sûre d'une chose : Zackary n'était pas idiot. Il connaissait les risques. Il savait où il allait.

- Vous le serez. Avais-je approuvé. Il faut seulement que vous arriviez à oublier ce qui doit vous lier. Rappelle toi simplement qu'il sera un ami, cela t'aidera. On est souvent bien plus à l'aise avec un ami. Et c'était pour cela que les choses me semblaient simples avec Hyun-Su.

Et puis j'avais trouvé une idée pour le pire qui pourrait à venir. L'élevage de chat. Ce qu'elle ne sembla pas réellement accepter proposant une autre activité qui risquait de m'être bien compliqué. D'autant que j'avais déjà des idées pour le problème des poils de chats.

- Alors crée un aspirateur pour tout aspirer ? Proposai-je.

Dans tous les cas, elle devait comprendre que je serais là, que je pourrais l'aider ou au moins essayer dès lors qu'elle en aurait besoin. Ce qu'elle accepta, heureusement. Nous étions toutes les deux, ici, nous devions nous entraider. J'étais aussi là pour ça... Autant que pour coller Hyun-Su, ce qui m'arracha un rire.

- Il voudra bientôt ma mort. Plaisantai-je. Je compte d'ailleurs bientôt le kidnapper pour une sortie à Pré-Au-Lard. Il n'a pas intérêt à refuser. Car je n'allais certainement pas le laisser tranquille.

Mais nous étions d'accord sur un point... Ce pays ne tournait pas rond. Vraiment pas. Riant de nouveau, j'avais hoché la tête, en accord total avec ma sœur.

- C'est leur nourriture. Elle est tellement fade qu'elle a du atteindre leur cerveau... A moins que ce soit le temps... Ou seulement que leur cerveau est atrophié... Tant d'idées aussi désobligeantes les unes que les autres, je devais l'admettre. Mais je conseille de ne pas pendre, plutôt de les enfermer et de leur réapprendre la vie. Soufflai-je alors. Pendre... Il faut les décrocher ensuite, bien trop fatiguant. Au moins, les obliger à apprendre nous permet aussi de réviser. D'une pierre deux coups ! Souriant à nouveau, j'avais alors soupiré. J'admet que la rivière Han me manque le week-end. Je trouvais le parc moldu bien plus reposant que le parc de Poudlard... D'ailleurs... Je pensais rentrer un week end, tu voudrais me suivre ? Eomma et Appa ne refuseront pas quelques jours avec eux, j'en suis sûre.

- Et je serais encore plus belle car j’aurais trouvé une autre manière de me maquiller, plaisantai-je alors même que je devais admettre que vieillir m’effrayait un peu. Mais j’en étais encore loin, fort heureusement.

Pour autant, Mee-Na me trouvait belle même au matin. Une idée qui, selon moi, existait seulement car elle n’était pas assez réveillée… Ce qu’elle refusa en bloc.

- C’est vrai que tu n’es pas humaine. Soufflai-je presque nonchalamment dans un rire amusé.

Je ne me battrais pas sur cela, à vrai dire. Bien au contraire. Cela me faisait, à vrai dire, plaisir à entendre. Que l’on me trouve belle. Que ma sœur elle-même le dise. D’autant plus avec les « problèmes » qu’elle pouvait ressentir face à l’espèce humaine que cela soit physiquement ou au niveau de leurs interactions. J’avais pourtant tenté de la rassurer, de lui faire comprendre qu’il ne s’agissait ni plus ni moins que d’une tierce mécanique dont elle avait déjà l’habitude mais… En vain. Et je pouvais la comprendre, à vrai dire…

- C’est pour quoi nous apprenons à sourire bêtement à tout. Avais-je soufflé, consciente que Mee-Na disait vrai. Une fois que tu sais sourire bêtement, tu sais comment positionner tes pièces et comment fonctionnent les autres.

Et elle trouverait comment fonctionnaient les parents de Zackary. Il lui faudrait seulement un peu de temps pour assimiler tant leur mensonge que leur façon de faire, quand bien même elle n’était pas commune, quand bien même elle n’était même pas admissible de notre point de vue.
Mais elle y arriverait. Je ne m’en faisais aucun doute. D’autant que si Zackary avait été lancé dans cette course, c’est que je ne doutais pas de son intelligence et de sa maturité. Il l’aiderait. J’en étais certaine. Et le mieux serait alors encore d’en faire un véritable allié, un ami.

Surtout que j’avais un plan de secours. Le dernier plan qui ne nous sauverait pas la mise mais qui au moins nous ferait passer notre vie : l’élevage de chats. Qu’elle refusa. Monstre préférant ses choses moldues. Des choses que je ne maîtrisais pas, en témoigna même ma proposition rejetée aussi vite qu’elle était arrivée.

- Tu vois, ça, c’est compliqué. Avais-je rétorqué dans un rire. Pas les gens. Tes choses moldues !

Mais quand bien même aimait-elle les choses compliquées… Je voulais qu’elle n’oublie pas de venir me voir dès lors qu’elle en ressentirait le besoin, dès qu’elle le souhaiterait même. Je voulais lui être utile. Bien plus que je ne l’étais vis-à-vis de Hyun-Su en tout cas alors que je le traquais, allant même jusqu’à penser à le kidnapper pour une sortie à Pré-Au-Lard qu’il ne pourrait refuser et…

- Non ! M’exclamai-je. Pauvre chat ! Je ne lui imposerait pas la présence de Hyun-Su ! Ris-je doucement.

Dans tous les cas, nous étions toutes els deux désormais ici, dans ce pays de fou dont je comprenais chaque critique… Et notamment sur le point de la nourriture horriblement fade… Autant que sur la population que nous étions aujourd’hui obligé de supporter quoique je n’approuve pas l’idée de pendaison du fait des efforts que cela devait demander après coup… Non. Il fallait leur apprendre la vie. Cela était bien plus digne à mon sens.

- Un peu des deux, sûrement. Soufflai-je dans un sourire.

Mais même en leur apprenant la vie… ce ne serait jamais vraiment chez nous et je devais admettre que la Corée me manquait. Alors avais-je proposé un week-end, loin d’ici. Un court week-end durant lequel nous retournerions chez nous. Une idée qu’elle accepta, m’arrachant un très large sourire.

- C’est quand on quitte tout qu’on s’en rend compte. Avais-je approuvé alors que j’avais fait le même constat bien trop rapidement à mon goût. Tu aurais un endroit où tu voudrais aller en priorité ? Un café ? Ou… Quelqu’un à aller voir ? Tout pour lui faire plaisir car moi, j’avais déjà un plan bien en tête. Il faudra que je passe à la Starfield Library chez les moldus. Il y a quelques romans que j’aimerais aller chercher ainsi que des magazines. Le nouveau Bazart doit être sorti depuis ces derniers mois… Et tu sais combien je déteste être en retard.

J’adorais la presse, j’adorais lire tout ce que je pouvais et le monde moldu était parfait pour cela. C’était peut être la seule chose pour laquelle il était parfait, d’ailleurs…

- Je suis au contraire hilarante ! Rétorquai-je dans un léger rire.

Du moins effectivement… Je ne l’étais pas réellement concernant les choses moldues. Elles me dépassaient bien trop pour que je puisse les comprendre ou même les approuver. Mais si cela faisait plaisir à Mee-Na… Alors qu’elle continue. Je ne l’empêcherais jamais de jouer avec ses bidules dans tous les cas. Au contraire, je la soutiendrais autant que j’aimais passer du temps avec elle : beaucoup.

D’ailleurs vins-je à lui proposer une sortie ou plutôt un week-end chez nos parents. Rien d’extraordinaire, mais j’admettais que la maison me manquait autant que notre pays. Chose que ma sœur accepta, m’arrachant un sourire ravi. Parfait. D’autant que nous avions les mêmes idées : une librairie. Mais pas pour la même chose.

- Parce que mes magazines ne sont pas intelligents ? Soufflai-je, minant d’être presque vexée.

Mais elle désirait surtout des choses sur l’électronique… Allais-je m’en moquer ?... Je fis semblant de réfléchir avant de secouer doucement la tête. Bien sûr que non. Je ne le comprenais pas mais je ne m’en moquais pas non plus.

- Je t’achèterais tes livres sur ton électronique même si cela te fait plaisir. Soufflai-je comme pour la rassurer alors qu’elle pensait à nouveau à Zackary. C’est une bonne idée. Nous n’aurons qu’à faire le tour chez les moldus. Ils ont souvent de bonnes idées cadeaux et autant trouver quelque chose qui sorte de l’ordinaire s’il habite déjà en Corée, tu ne penses pas ?

Mais quoi… Que pouvait-on offrir qui sortirait de l’ordinaire ?...

- Oh ! Je sais ! J’ai vu beaucoup de moldus avec cela la dernière fois que je suis sortie… Comment est-ce que ça s’appelle… Un… Mmh… Réfléchissant intensément, je mis quelques minutes à réussir à m’en souvenir. Un téléphone mobile ! Ou un portable mobile… Je ne sais plus mais tu as compris. Je ne sais plus à quoi ça sert, car je me souvenais l’avoir vu en étude des moldus, mais au moins, aucun sorcier n’en aura. Approuvai-je sûre de moi. Ou des mini ventila… M’arrêtant, je secouai la tête. Non pas pour ici. Tu crois que les moldus ont inventé les mini chauffages ?...

- Vraiment ? Avais-je soufflé en plissant les yeux. Mes écrits n'auront donc aucune grâce à tes yeux ? Moi qui pensais que je trouverais en toi un soutien inébranlable !

Une plaisanterie, évidemment, alors que j'avais toute confiance en ma jeune soeur concernant son soutien. D'autant qu'il ne s'agissait, finalement, là que d'une divergence de goûts tant les siens me semblaient particulièrement brumeux. Quand bien même j'acceptais de lui payer tous les livres qu'elle désirait. Ce qu'elle refusa, me faisant secouer la tête.

- Et moi qui voulais te faire un cadeau. Soupirai-je faussement avant de sourire, amusée.

Au moins notre sortie chez les moldus pourrait-elle aussi lui apporter un cadeau à offrir au jeune Gimhae, fallait-il encore savoir quoi car il semblait qu'elle ait plusieurs idées. Je lui avais d'ailleurs proposé celle que je pouvais avoir mais... Elle ne semblait pas tout à fait convaincue. D'autant que j'admettais ne même pas savoir à quoi cela pourrait lui servir réellement.

- Tu sembles bien le connaître en si peu de temps. M'étais-je amusé avant de réfléchir. Je pense que le "genre de préoccupation" qu'une fille éprise pourrait avoir se concentrerait sur quelque chose qui pourrait lui faire plaisir autant que sur une chose pour l'aider. Je veux dire... Ne réfléchis pas trop, ne cherche pas le cadeau parfait à tout prix. Fais lui... Fais lui un panier garni pour l'hiver par exemple. Remède, café et machine. Une sorte de cadeau de Noel en avance. Esquissant un sourire, j'avais alors hoché la tête. Le baume peut aussi être une bonne idée. Mais tente de ne pas vraiment réfléchir, vraiment. Cela t'aidera.

Mais est-ce que je réfléchissais autant pour Hyun-Su... Fronçant les sourcils, j'y avais pensé quelques secondes, en silence.

- Je ne lui ai jamais vraiment beaucoup offerts de choses. Avais-je admis. A vrai dire... Je crois que la plupart de mes cadeaux étaient de la nourriture. Du café ou de la nourriture des stands près du fleuve Han. Alors... Je suis un mauvais exemple. Mais notre situation était différente.

Après tout, je n'avais pas besoin de faire semblant, je n'avais jamais eu besoin de faire croire à un amour même naissant. Nous devions être ensemble et nous étions ensemble. Et même si tout avait toujours été fluide, même si nous n'avions pas à nous forcer pour nous supporter... Je n'avais jamais vraiment eu besoin de le gâter autrement que par l'estomac lors de nos sorties.

- Lui offrir quelque chose pourrait cependant être une bonne idée... Avais-je murmuré, soudain perdue dans mes pensées. Mais quoi... Finalement... J'étais peut être désormais en train d'imiter Mee-Na... Quelque chose pour le Quidditch ?... Relevant les yeux vers ma soeur, j'avais froncé les sourcils. Où est-ce que tu penses prendre ton baume ? Et le remède ? Oui. En fait... Je réfléchissais autant qu'elle.

Je n’avais pu m’empêcher de rire alors que j’admettais que Mee-Na avait entièrement raison de ne pas soutenir ce genre de chose.

- Je te promets que je n’écrirais que des choses intelligentes et vérifiées. Soufflai-je ainsi en secouant la tête. Parole de journaliste. Pour ce que cela pouvait valoir…

En tout cas m’avait-elle éclairé sur la façon dont elle s’était prise pour connaître le jeune Gimhae… Une façon particulièrement procédurière qui ne m’étonnait que trop peu que cela soit au vu de la situation qu’au regard de qui était ma sœur.

- Il faut surtout que vous essayiez d’être le plus naturel possible. Tu peux te tromper, tu sais, même dans un cadeau, faire semblant d’apprendre ce que tu connais déjà.

Car c’était bien souvent en se trompant que l’on apprenait le plus. Pour autant, il fallait malgré tout miser sur ce que pourrait faire une jeune fille éprise. Mais quoi ? La question restait entière. Mieux valait qu’elle n’y réfléchisse pas trop, qu’elle essaie d’être spontanée car cela ferait certainement le meilleur cadeau.

- C’est normal. Avais-je voulu la rassurer dans un léger sourire. Mais… Essaie de voir ça autrement dans ce cas. Ne pense pas au fait de devoir faire semblant d’avoir des sentiments. Imagine que ce cadeau soit seulement être utile à un camarade dans le besoin. Tu sais ce qu’il aime, ce dont il pourrait avoir besoin, alors imagine que c’est seulement pour ça. Le reste, ce n’est que du détail.

D’autant que je n’allais pas réellement pouvoir l’aider, pas avec ma propre situation en tout cas. Je n’avais effectivement jamais réellement offert de cadeaux à Hyun-Su, la nourriture partagée mis à part. Je notais cela dit l’idée… Lui offrir quelque chose pourrait peut-être m’aider mais… Quoi ? Secouant la tête, je commençai à imiter Mee-Na et… Non. Il fallait d’abord que je me concentre sur elle, sur son problème avant de m’attacher aux miens, ou plutôt au mien puisque seul Hyun-Su était mon véritable « problème » ici.

- Mee-Na. Avais-je rappelé. Que cela soit quelque chose contre le froid ou pour le Quidditch, le résultat sera le même, alors prend la première chose à laquelle tu penses. Assurai-je. Et puis… Si tu prends l’un, l’autre te restera pour un nouveau cadeau plus tard, n'est-ce pas ? Cela te permettra d’agir sur le long terme et c’est bien ce que vous cherchez, non ?

Car les sentiments ne pouvaient pas naître en quelques minutes. Ils allaient devoir jouer ce jeu un temps certain pour réussir à convaincre la famille de Zackary de leurs sentiments… Un jeu difficile pour Mee-Na qui se perdait déjà dans des pensées parasites.

- Rappelle toi que dans ce genre de famille, tu peux te tromper et… A vrai dire j’ai l’impression que dans ce château, plus les gens se trompent, plus ils sont acceptés. Soufflai-je quelque peu dépitée par cette vérité. Alors ne te pose pas trop de questions, d’accord ?

- Attention, je t’interrogerais pour savoir si tu as vraiment lu. Soufflai-je dans un rire avant que je ne l’écoute me parler plus précisément de sa relation.

Tout cela était compliqué, je l’admettais. Plus que je n’avais eu à le vivre. Au moins était-ce plus naturel avec Hyun-Su. Enfin… C’était ce dont j’avais eu l’impression avant qu’il ne se décide à fuir. Mais Mee-Na devait faire semblant. Elle devait être une autre pour berner ceux qui connaissaient le mieux son futur mari. Une difficulté certaine à mon sens alors que je lui rappelai une vérité absolue : elle avait le droit de se tromper. Cela serait même un avantage.

- Même sans cela. Même si vous aviez des années devant vous, vous ne pourriez pas parler de tout. Alors… Respire. Assurai-je dans un sourire. Ca va aller et tu vas trouver un cadeau suffisamment bien pour lui.

J’en étais convaincue. Mee-Na était bien assez soucieuse pour cela… elle l’était même trop dans le cas présent. Alors, rapidement, j’avais tenté une autre méthode, celle de lui faire voir cela comme une amitié.

- Et alors ? M’enquis-je. Penses-tu que Hyun-Su n’était pas un ami ? Epouser ton ami est la meilleure chose qu’il soit, au contraire. C’est une personne que tu connais et que tu continues d’apprendre à connaître, une personne qui n’est pas ton ennemie et avec qui tu peux faire équipe, en qui tu peux avoir confiance pas parce que tu l’aimes mais parce qu’au tu sais qu’elle ne te veut pas de mal.

Je tentais de faire le parallèle avec sa propre relation. Ils n’étaient peut-être même pas amis, certes, mais ils avaient ensemble le même objectif. Ils ne se tireraient pas dans les pattes. Et c’était là le plus important.
Dans tous les cas, ses idées de cadeaux étaient, finalement, bonnes. L’un comme l’autre. Et l’un n’empêchait, d’ailleurs, pas l’autre à bien y penser. Il fallait qu’elle agisse instinctivement et… Sa réaction m’avait fait rire doucement.

- J’admet que ma demande est un peu compliquée. M’amusai-je.

Mais elle allait au moins essayer. C’était déjà cela. Même sans y arriver, elle aurait essayé.

- Essaie au moins de ne pas tout calculer avec précision. Cela donnera plus de naturel à votre relation. Repris-je dans un sourire que je voulais rassurant. Et fais toi confiance. C’est le plus important. Tu es forte, tu es belle et Zackary ne va de toutes les manières pas te résister. Alors… Fighting.

Je voulais la motiver, la rassurer alors que je m’étirai légèrement.

- Quant à moi… Faisons au moins en sortes que le cousin de ton fiancé cesse de me fuir et je serais déjà ravie. Au moins le temps que Père accepte de me laisser tranquille avec un futur mariage. Alors prenez votre temps. Soufflai-je en riant. Il s’occupe de toi pour le moment, cela me laisse un peu de répit.

- Je n’ai aucun doute là-dessus. Voulus-je la rassurer. Tu es quelqu’un de bien et sa famille n’est pas mauvaise seulement… Disons… Irresponsable. Vous saurez être amis.

Il était, à mon sens, difficile de ne pas apprécier Mee-Na. Alors soit. Peut-être étais-je très peu objective du fait de notre filiation. Mais j’en étais convaincue. Elle saurait s’adapter, faire face à ce qui l’attendait et réussir à se lier avec Zackary Gimhae. Je l’avais d’ailleurs appuyé, lui faisant part de ce que je pensais d’elle. Oui. Ma petite sœur était forte, belle et cela au point de ne pas le faire résister… Ce qui ne manqua pas de la faire réagir, m’arrachant un rire amusé.

- D’accord, d’accord, j’arrête. Mais je n’avançais pas exactement ce genre de choses. Soufflai-je dans un sourire particulièrement amusé. Ce n’est pas ma faute si tes pensées dévient un peu trop…

Cette fois, l’allusion était claire alors que je tentai malgré tout réellement de la motiver autant que de me motiver, moi, à faire ce que je désirais faire. Au moins avais-je un peu plus de temps grâce à elle, c’était un fait certain qu’elle m’accorda. Quant à la stupidité possible de Hyun-Su…

- Je n’en sais rien, soupirai-je en secouant la tête. Je ne pense pas qu’il s’agisse de stupidité ou de quelque chose d’aussi… Négatif. Je… J’ai l’impression qu’il y a quelque chose… Que le décès de son jeune frère a brisé quelque chose en lui d’assez fort pour que… Enfin… C’est compliqué. Admis-je en grimaçant.

Pourtant… Il y avait une chose qui était simple, une chose que le fait de le revoir m’avait prouvé. Hyun-Su m’avait manqué. En tant qu’ami. Evidemment.

- Mais je ne perds pas espoir. Repris-je dans un sourire. Je suis plus tenace que lui. Et je n’ai pas traversé la planète pour abandonner aussi vite face à lui. Il m’a trop fait attendre pour ça. Il va donc le payer.

Quand bien même j’avais l’impression de payer, moi, mon acharnement. Mais je n’aimais pas cela. Je n’aimais pas ce que je voyais, ce que je ressentais lorsqu’il était aussi fermé. Quelque chose n’allait pas, et j’étais bien décidé à l’aider. Sans même qu’il ne veuille de mon aide.

- Au pire, je finirais par épouser un riche coréen suffisamment intéressant pour notre famille, et je me noierais dans mon travail de journaliste en fuyant mon mari à l’autre bout de la planète dès que je le pourrais, plaisantai-je alors. Il y a toujours des solutions aux problèmes ! Rappelle-t-en.