La bonne humeur régnait au sein de notre dortoir, comme souvent, à vrai dire. C’était agréable de vivre avec les filles. La plupart était bavarde pour ce que je ne l’étais pas, mais je ne cessais d’apprécier leur compagnie. Quand bien même je n’étais pas la plus loquace à ce sujet. Et c’était dans cette douceur de vivre et cette joie que j’avais fini, comme tous les soirs de l’année scolaire, par m’endormir, profondément et sans aucun mal.

Evidemment, je ne m’attendais certainement pas à me réveiller en sursaut, tirée de mon sommeil pourtant plus qu’apprécié après la journée de cours par une amie bien trop proche de moi pour que cela soit normal.

- Jess… Qu’est-ce que…

Mais je n’eus ni le temps de terminer ma phrase, ni le temps de penser, ni même celui de réagir que ses mains enserrèrent ma gorge violemment. Figée par ce sourire qui me semblait soudain démoniaque, je ne mis que peu de temps pour tenter de me dégager de sa prise.

- Jess… Articulai-je en poussant sur ses bras.

Mais cette position, ce matelas trop mou pour me laisser un appui. Rien ne me laissait de véritable possibilité pour me défendre. Qu’est-ce qui lui prenait par tous les mages ?! Gigottant, poussant, tirant ses mains, je tentai désespérément de me libérer d’une prise qui me faisait manquer d’air, de plus en plus tant elle appuyait.

- A… Arrête… Grondai-je sourdement avec le peu d’air qui passait encore.

Si elle continuait de la sorte, les autres ayant disparu du dortoir avec Victoire, je n’allais pas réussir à lutter longtemps… Alors, usant de toutes mes forces et malgré le peu d’appui, je levai le bras droit le plus loin de moi pour tenter de déstabiliser celle qui était pourtant une amie proche dans un coup bien placé sur ses coudes… Mal m’en fit. N’ayant plus notion de distance ni de position, mon poignet vint violemment se cogner dans le baldaquin du lit entraînant une douleur aigüe que l’étranglement pur et simple de Jess ne put me permettre d’exprimer…

Je n’arrivais plus à respirer, elle serrait bien trop fort et mon poignet n’avait aidé en rien alors qu’il m’avait fait utiliser le peu de souffle qu’il me restait encore. Pire, elle semblait décidée à en finir. Me débattant, je la suppliai du regard, incapable de me libérer de sa prise jusqu’à ce qu’enfin l’air me revienne.

Elle se reculait… Non. Miles la reculait. Me redressant soudainement, prise d’une quinte de toux, ma main encore en état portée à ma gorge, j’observai la scène l’air hagard, tentant de reprendre mon souffle sans comprendre ce qu’il se passait.

- Ca va… Articulai-je d’une voix rauque alors qu’une nouvelle quinte de toux me prenait avant que je ne puisse répondre à sa question. Je n’en sais rien, je dormais et elle m’a réveillé en voulant m’étrangler…

J’étais complètement et entièrement perdue. Mon poignet me lançait. Ma gorge et mes poumons me semblaient être enflammés et Miles tenait Jess en ayant peur que…

- Bien sûr que non ! M’exclamai-je en me levant brusquement, vascillante, pour m’agenouiller face à Jessalyn qui s’était mise à hurler. Je pris son visage qui semblait abimé entre mes mains. Ce n’est pas elle ! Jess, s’il te plait ! Il ne te veut pas de mal ! On veut t’aider ! Qu’est-ce qu’il se passe ?

Chaque mot, chaque respiration m’était douloureuse. Moins que mon poignet, fort heureusement. Et à se débattre de la sorte… Miles n’allait pas tenir… Il fallait que je l’aide mais… Comment ? Ma baguette. C’était la seule solution. Prenant ma baguette de ma main gauche, j’observai mon frère de cœur désespérément.

- Il faut que je la paralyse. Expliquai-je.

J’étais une bonne sorcière, douée avec les sortilèges. Miles le savait. Il devait me faire confiance. Mais moi, avais-je confiance ? A vrai dire… Je craignais. Car il m’était impossible de jeter un sort de la main gauche. Pas sans risques… Ainsi, doucement, je passai ma baguette dans cette main alors blessée et plus douloureuse que jamais. Je n’avais pas le choix.

- Jess, je ne vais pas te faire de mal… Tentai-je de lui parler. Je vais te stupefixier, tu ne sentiras rien après…

C’était la seule solution. La pétrifier risquerait de la tendre d’avantage. Le stupefix avait l’avantage de la plonger dans un sommeil comateux. Cela nous donnerait le temps de comprendre et de solutionner cette situation sans la stresser, elle. Car plus que mon poignet, plus que le fait qu’elle m’avait étranglé et qu’elle avait désiré ma mort, Jess m’inquiétait. Ce n’était pas elle !

- Stupefi…

Pourquoi avais-je cru cela possible ? Je n’avais pas pu terminer mon geste qu’un mouvement de mon amie fit bouger mon poignet, m’arrachant un cri de douleur et surtout un sort que je n’avais pas prévu et qui fit exploser l’une des tables de chevet. Tombant à genou, tremblante, je lâchai immédiatement ma baguette alors qu’un morceau de bois venait se planter droit dans la cuisse de la vélane. Qu’avais-je fait ?...

Je l’avais blessé… J’avais blessé Jessalyn, sans le vouloir certes, mais je l’avais blessé… A genoux au sol, ma main saine plaquant mon poignet contre moi, les larmes de douleur aux yeux, je serrai les dents.

- Je suis désolée Jess… Articulai-je.

Je me moquais de ses menaces de mort, je l’avais blessé, et c’était la seule chose qui comptait. Les sanglots de Jess ne m’aidaient pas à me concentrer. Je l’avais blessé. Je lui avais fait mal alors même que je ne voulais que son bien, que lui faire cesser cette folie, ce qui n’était pas elle.

- Je suis désolée… Répétai-je lorsqu’elle me qualifia de menteuse. Je ne voulais pas !

J’en arrivais à oublier sa folie et sa rage qui avait pourtant faillit me tuer quelques instants auparavant. Mais je m’en voulais. Terriblement. Ainsi fus-je quelque peu rassurée, sur le coup, lorsque Miles fit arrêter ce que j’avais créé par ma seule bêtise de m’être cru capable de jeter un sort malgré mon poignet. Un soulagement de très courte durée alors que je me figeai rapidement, observant le visage de la vélane se modifier. Ce sourire…
Bloquée dans mes pensées, je ne réagis pas à son mouvement alors qu’elle se ruait vers moi, me faisant basculer en arrière alors qu’elle trébuchait. L’observant quelques secondes, hagarde, je me relevai alors pour, à mon tour, la ceinturer de mes bras. Au diable la douleur qui me faisait pleurer et trembler. Je tentais de contrebalancer la force manquante de ce bras blessé par une poigne ferme de mon autre main, tentant de bloquer l’hybride autant que je le pouvais.

- Parle lui Miles ! Grondai-je en serrant les dents, essayant de ne rien montrer de cette douleur vive. Raisonne-la !

Était-ce au moins possible ? Je n’en savais rien. Mais derrière elle, de la sorte, elle ne pourrait au moins pas m’étrangler, c’était déjà cela de pris… Et puisque je ne pouvais plus lancer de sort, Miles allait devoir le faire pour moi.

- S’il te plait, Jess, calme toi ! Tentai-je malgré tout, suppliante autant qu’épuisée par un combat qui me paraissait devenir bien trop long.

Rien ne fonctionnait. Nous avions beau tenter toutes les méthodes douces, rien, absolument rien ne fonctionnait. Pourquoi ? Comment ? Je ne voulais plus tenter quoique ce soit, je l'avais blessé et la culpabilité m'avait prise bien suffisamment pour que je ne puisse réussir à m'imaginer retenter quoique ce soit à l'aide de ma baguette. Mais que pouvions-nous faire d'autre ?
Ceinturant Jessalyn, j'avais tenté de supplier Miles de lui parler, et il s'était exécuté. Sans que cela ne fonctionne, sans que cela ne change son comportement. Elle se débattait toujours. Mon poignet libéré de la charge que je lui infligeais, je tentai de réfléchir rapidement sans y parvenir réellement. La douleur autant que l'inquiétude qui me prenait m'empêchait de prendre des décisions. Il fallait pourtant faire quelque chose, Jess était déjà blessée, nous étions seuls et même si Miles était capable de la soigner, cela risquait de devenir grave... Mais quoi ? Merlin ! Qu'est-ce que je pouvais faire ?

Il me fallut quelques instants supplémentaires pour prendre une décision. Les draps. C'était une idée pour la contenir. Nous n'arrivions pas, je n'arriverais pas à l'assommer ou à l'arrêter. Il fallait donc, au moins, qu'elle cesse de risquer de se blesser en continuant à se débattre.
Laissant Miles gérer la vélane, je me dégageais alors pour me dépêcher vers mon lit duquel je retirais le drap pour revenir près de Jess. Je n'avais qu'une main, cela allait être plus compliqué...

- Tiens la. Grondai-je en enserrant les bras de ma camarade dans ce drap, tentant, avec les dents, de remplacer ma main droite.

Ce n'était pas glorieux, je n'étais même pas certaine que cela fonctionne tant le noeud était ni fait ni à faire. Mais au moins, cela la maintiendrait le temps de quelques minutes, le temps que Miles reprenne son souffle, le temps que j'arrive à réfléchir.

- Ton sort n'a pas fonctionné... Réfléchis-je à haute voix. Il nous fait de l'aide...

Je n'avais plus vraiment d'idée sur la marche à suivre, sur ce que nous devions faire...

- Il faut qu'on la fasse dormir.

De gré ou de force, c'était la seule idée qu'il me restait encore. Et je ne pouvais même pas l'aider à cela. J'étais inutile. Si inutile que ma culpabilité me rongeait d'avantage encore. Sans pour autant désirer me laisser avaler par cette dernière, refusant d'ajouter un poids sur les épaules de mon frère, je me sentais nulle, inefficace et même dangereuse au vu de ce que j'avais fait subir à Jess...

Au moins ne pourrait-elle pas se décrocher. Du moins je l’espérais. Le temps que nous puissions trouver une solution. Laissant Miles s’occuper de mon poignet, sans vraiment pouvoir le refuser tant je peinais au moindre mouvement, je l’observai alors. Silencieusement.

Je ne savais pas quoi dire ni comment le réconforter. Je savais pertinemment ce qu’il pouvait ressentir pour Jess. Sans solution, je ne pouvais imaginer la tourmente dans lequel il se trouvait. D’autant qu’elle savait trouver les pires mots qu’il soit. Les pensaient-elles ? Je me refusais d’y croire. Rien en elle n’était la Jessalyn que j’appréciais. Et elle n’était pas la seule. Les hybrides de Serdaigle aussi… Tentant de réfléchir, je passai en revue tout ce qui était possible. Impero, maléfices, potions… Il y avait beaucoup de possibilité. Beaucoup trop pour que je puisse me permettre de donner une solution. Trop pour que je puisse… Levant la tête, j’observai Miles avec stupeur. Je n’y avais pas pensé. Jayden.

- Si… Soufflai-je dans une angoisse palpable.

Nous avions eu du mal avec Jessalyn… Une vélane qui dansait. Mara combattait. Pas mon frère. Jayden n’était pas violent. Je n’étais même pas convaincue qu’il ait accepté d’ensorceler un lapin un jour. Alors combattre son meilleur ami… Il fallait que je le rejoigne. Que je ne le laisse pas seul. S’il lui arrivait quelque chose… Papa ne s’en remettrait jamais… Je n’écoutais, d’ailleurs, même plus Miles. Absorbée par mes pensées, le cœur battant, je ne pouvais pas abandonner Jess de la sorte mais… Jayden… Et…

- JESS, NON !

Je n’avais pas eu le temps de réagir. Je ne l’avais même pas vu se saisir de ce qui restait de la table de chevet. Mais je l’avais vu s’en prendre à Miles, là où il était le plus fragile.

- Repulso ! La visai-je instinctivement, l’envoyant violemment contre le mur, au-dessus de son lit.

Au moins retomberait-elle sur un matelas me laissant le temps de me précipiter sur mon frère, inquiète, pour l’asseoir, incapable de savoir ce qu’il fallait faire pour le soulager.

- Dis moi ce que je dois faire ! Suppliai-je Miles de me donner tous les sorts qu’il faudrait pour l’aider et le soulager.

Céder à la panique était la dernière chose à faire. Mais il s’agissait là de l’une des personnes que j’aimais le plus au monde. Je ne pouvais pas rester de marbre, froide face à lui, à ceux que j’aimais. Malgré mes nerfs solides, malgré mon regard qui se dirigeait toujours un peu plus vers Jessalyn, vers les mouvements qu’elle pourrait faire pour frapper de nouveau dès lors qu’elle se serait relevée, j’avais peur. Peur pour Miles. Peur pour Jayden. Peur pour Jessalyn. Et surtout peur car j’étais complètement impuissante. Malgré toutes mes connaissances, je ne savais pas quoi faire.

Je n’avais pas réfléchi, pas suffisamment tout du moins, usant d’un sortilège bien trop fort pour elle mais qui m’avait au moins permis de pouvoir m’occuper de Miles. Quoique m’occuper était un grand mot. Je n’étais pas médicomage. Je m’intéressais à des sortilèges bien plus sombres, mais les soins… J’avais besoin de lui. Vulnera Sanentur… Je l’avais vu dans un livre, une fois ou deux. Mais je ne l’avais jamais pratiqué. Le geste, quel était le geste ?
Tremblante de le voir ainsi, je serrai les dents en tentant de me rappeler du geste avant qu’il ne reprenne parole. Elle était toujours là… Que je le croie ou que je n’y croie pas n’avait aucune importance à cet instant. Il était blessé, c’était la seule chose qui m’importait. Refusant, alors, de répondre ou même de réfléchir à cette possibilité, je me concentrai davantage.

- Vulnera Sanentur… Soufflai-je, imitant le geste que j’avais pu retenir de sorte à ce que cela fonctionne… Plus ou moins. Sûrement bien moins puissamment que tout autre mage habitué, je tentai, malgré tout, de faire ce que je pouvais.

Laissant le silence s’installer lorsque Miles reprit, encore, parole, je fronçai les sourcils. Les hybrides pouvaient être dangereux, nous en avions la preuve, quand bien même elle n’était pas elle, quand bien même je savais que cela ne lui ressemblait pas. Miles serait-il en danger près d’elle ? Risquerait-il sa vie avec elle ? Les questions étaient légitimes. J’appréciais Jessalyn. Elle était une amie. Mais j’aimais Miles bien plus encore. Et je me refusais à la possibilité de le perdre. Quelle qu’en soit la raison.
Mais il avait besoin d’elle. Son ton, sa supplique, je ne pourrais ni ne voulais le raisonner. Parce qu’elle lui avait apporté une chose que je n’avais pas su faire : la sérénité. Et pour cela, Jess devenait tout aussi importante pour moi. Mais il me fallut quelques instants supplémentaires, concentrée sur le sort que je tentai de diriger vers lui pour répondre tandis que Jess criait de nouveau, me faisant serrer les dents.

- Tu sais pertinemment que je le ferais. Soufflai-je, l’inquiétude dans la voix. Elle ne partira pas, Miles, je te le promets.

Je ferais tout ce qui était possible de faire pour l’en empêcher. Pour Miles. Pour son bien-être. Et j’avais envie de le mettre en garde, malgré tout. J’avais envie de ne pas craindre pour sa vie, bien sûr. Mais la voir de la sorte… M’inquiétait. C’était plus fort que moi.

- Il faut que tu ailles à l’infirmerie… Lui soufflai-je. J’y arrive pas… J’arrive pas à te soigner correctement…

Mais il était hors de question de laisser Jess seule, hors de question de laisser Miles avec Jess et hors de question de laisser Miles seul… Ne restait donc plus qu’à attirer l’attention de quelqu’un. Me dépêchant vers la fenêtre, je lançais un Periculum. C’était la seule idée que je pouvais encore avoir dans ce chaos.

Bien sûr. Pas sans elle. Jamais je n’aurais laissé Jess seule. Sans même le faire pour Miles, je me refusais de lui faire risquer sa vie contre quelqu’un d’autre, ou de la voir agresser d’autres personnes. Il y avait déjà eu assez de dégât. Et Miles dans la course en supplément… Cela ne faisait que me conforter dans cette idée.
Mais avant cela, avant que nous ne puissions bouger, il allait falloir arrêter ce saignement. Je ne pouvais pas arrêter la douleur, pas sans maîtriser le moindre sort. Me fustigeant intérieurement pour ce manque de connaissance, pour ce manque de sérieux qui n’en était pourtant pas, j’hochai la tête. J’avais cette bande. J’en avais toujours dans le placard. Au moins avions-nous cette chance.
Me précipitant vers l’armoire, j’en extirpai ainsi la bande, rapidement suivi de la taie d’oreiller quémandée par le sorcier avant que je ne me fige quelque peu. Il s’était rapproché de Jessalyn. Dans son état. Si elle se libérait… Secouant la tête, tentant de chasser cette pensée de mon esprit, je le rejoignis rapidement.

- Laisse moi d’abord te soigner. Soufflai-je doucement, réfléchissant activement à une solution qui ne serait dangereuse pour personne.

Au moins n’étais-je pas franchement troublée ni par les plaies, ni par la vue du sang car celle de Miles était bien établie… Fronçant les sourcils malgré tout, inquiète de ce que je pouvais voir, j’hochai doucement la tête. Un sort de désinfection. Cela, je connaissais pour l’avoir utilisé assez souvent sur les joueurs de l’équipe. M’exécutant rapidement, mes gestes pourtant hésitants, bien peu habitués à de telles manipulations et craignant de lui faire mal encore davantage, je posai son bandage. Plus ou moins. Au moins cela tiendrait-il.

- Ne bouge pas pour l’instant s’il te plait.

J’allais m’occuper de Jess. Lui avait assez donné. Mon poignet ? Il me l’avait réparé. Quand bien même ce n’était ni consolidé et toujours sans réelle mobilité, ça irait. Cela aurait de toutes les manières été sans ça.
M’approchant de la vélane, je l’observai alors, inquiète. Et elle… Comment allait-elle ? Mmh. Elle était là, avait dit Miles…

- Jess… Murmurai-je en m’agenouillant près du lit pour prendre sa main comme je le pouvais, tentant d’être rassurante face à sa rage. Je vais te transporter avec Miles jusqu’à l’infirmerie. Ils trouveront une solution là-bas. Mais s’il te plait, ne hurle pas… De toutes les manières je ne te détacherais pas.

Je n’étais pas réellement convaincue que cela soit très utile de lui parler mais puisque Miles y croyait… J’allais le croire aussi.

- Mobilicorpus. Ca devrait suffire je pense…

Il suffirait de l’accord de Miles pour que je lance le sort et le suive. C’était à lui de décider.

Bien sûr. J’aurais du me douter que mes tentatives d’apaisement n’auraient aucun impact. Si Miles n’y arrivait pas, j’étais bien moins en mesure d’y parvenir à mon tour. Mais je l’avais fait, déclenchant une nouvelle salve de haine de Jess qui entraîna… Arquant un sourcil, j’observai son lamentable crachat. Hé bien… Voilà une chose qu’il faudrait peut-être lui apprendre car j’admettais que cela avait bien moins d’impact soudain… Enfin. En un sens, cela m’arrangeait. Alors, secouant la tête, je soupirai, laissant Miles répondre pour deux avant de me relever.

- Arrête Miles. Soufflai-je.

Plus il tentait de la canaliser, de la calmer, plus il se fatiguerait. C’était impossible. Et il avait besoin de force aussi bien mentale que physique pour tenir encore un peu. Il n’avait, d’ailleurs, pas tort… J’étais plus en état que lui et je refusais, de toutes les manières, qu’il reprenne le moindre risque. Il en avait déjà trop fait. Ainsi, hochant la tête, j’attrapai ma baguette pour ouvrir la marche. Nous allions aller jusqu’à l’infirmerie et je jurais sur tous les mages que j’enverrais valser toute personne voulant nous en empêcher.
Lançant un regard sur la vélane, toujours – et heureusement – immobilisée, je poussai de nouveau un soupir. J’espérais que quelqu’un puisse faire quelque chose pour elle… Et d’ailleurs… Où était Victoire ?... Secouant la tête, je préférai ne pas y penser maintenant, il fallait que je me concentre sur notre environnement autant que sur Miles que je ne pouvais qu’observer, impuissante. Inutile de lui demander comment il allait. La réponse était évidente. Et je détestais ça.