Révisions, cours et entraînements s’enchaînaient. J’aimais à ne pas avoir trop de temps libre. Bourreau de travail ? Oui. Je l’étais. C’était un fait. Mais surtout je ne savais pas m’ennuyer. Du temps libre signifierait irrémédiablement un certain ennui puisque je n’aimais pas non plus réellement sortir « entre potes » comme faisaient certains à Pré-Au-Lard. Alors… Hé bien je faisais tout simplement en sorte de ne pas en avoir. C’était tout. C’était d’ailleurs en partie pour cela que j’avais pris la tête de l’équipe de Quidditch. En bonne fan absolue de ce sport, cela avait été comme une évidence pour moi. Pas que j’apprécie réellement donner des ordres, mais j’aimais tout de même motiver les troupes pour notre équipe, pour notre victoire.

Le problème, en tant que Capitaine de Quidditch, c’était que je devais alors faire face à tous les états d’âmes des joueurs et ces états n’étaient pas forcément des plus positifs ces temps-ci. La raison ? Bonne question. Quelque chose n’allait pas et je n’arrivais pas à mettre le doigts dessus. C’était pas faute d’essayer. J’étais d’ailleurs en train de bosser sur des plans de match dans la salle Commune de ma maison lorsqu’une voix me sortit de mes pensées. Ah. Ashley. L’une des poursuiveur de l’équipe. Et une très bonnes coéquipières d’ailleurs. Esquissant un sourire, je remarquais le chocolat chaud qui m’avait été tendu, clignant des yeux.
Voilà bien une chose qui me caractérisait : je ne faisais plus attention à rien dès lors que j’étais concentrée. Pas même à l’arrivée d’une bonne amie et d’un chocolat chaud ô combien bienvenue à cet instant.

Arquant un sourcil, j’écoutais alors la plainte d’Ashley avant de soupirer. Des farces. Parfait. Il ne manquait plus que ça. Surtout si c’était pour des fins de sabotage. Joie et bonheur dans les maisons.

- Faudrait prévenir le Professeur Morgane. J’irais la voir quand j’aurais fini tout ça. Soufflai-je profondément avant de poser ma plume. Si c’est pas une rumeur, je comprends pas.

De nature loyale et profondément pacifiste, je ne comprenais pas cette envie qu’avaient certains de ne pas se battre de manière réglementaire et de provoquer les esprits. Outre le fait que je n’avais réellement pas le temps pour ce genre de bêtises, cela me paraissait réellement puérile et inutile.

- J’oubliais que ton frère faisait partie de cette clique. Soupirai-je en reprenant ma plume en main pour me concentrer sur le jeu, tentant de faire divaguer mon esprit vers le moyen de les « remettre à leur place » avant de lever de nouveau la tête. Franchement… Prévenir le Professeur Morgane reste, pour moi, la meilleure solution. Expliquai-je. Quant au jeu…

Poussant mon plan de match vers Ashley, j’haussai doucement les épaules. Il n’était pas encore terminé, mais le schéma était assez clair : je misais sur l’attaque avant tout. Un seul poursuiveur resterait en arrière pour aider le gardien si besoin était – et encore, je l’avais mis sur du milieu pour qu’il soit polyvalent.

- Qu’est-ce que tu en dis ? Il faudra être rapide et réactif mais en leur mettant la pression, je pense qu’on pourra prendre l’avantage. Je t’ai mis en tête Poursuiveur. Ça t’irait ?

Voilà bien une chose que je prenais toujours en compte : l’avis de mes coéquipiers. Et puisque l’une de mes Poursuiveurs était là… Autant en profiter.

- Ah. Et merci pour le chocolat.

Comme dit, il tombait à pic, je n’avais même pas pris le temps de manger aujourd’hui.

- C’est prévu. Soufflai-je.

Inutile de dire que je n’allais certainement pas accuser qui que ce soit de manière directe et sans preuve. Ce n’était pas mon genre. Accuser, d’ailleurs, n’était pas mon genre. Peut être une façon de me séparer de mon père, ce Haut-Juge d’ailleurs. Enfin.

- De toutes façons le Professeur Morgane n’est pas assez bête pour se mettre dans l’embarras pour des imbécilités comme ça. Commentai-je néanmoins, confiante de notre professeur de vol.

En attendant, il ne fallait certainement pas se laisser biaiser par ce genre de choses et mieux valait les battre à la loyale. Hors de question que nous jouions à leurs enfantillages. Nous étions des Gryffondor et surtout des personnes plus intelligentes qu’eux s’ils jouaient à ça. Ainsi vins-je présenter à Ashley le plan d’attaque de notre prochain match contre les Serpentard. Un plan synthétique, certes, mais au moins existant.

- Parfait. Répondis-je alors à son commentaire enthousiaste. Je compte sur toi. Le but sera vraiment de mettre la pression. Il ne faut pas qu’un seul de leur joueur puisse voir le but sans aucun autre poursuiveur proche de lui.

Les faire « paniquer » était en effet le but et le plus grand défi que nous aurions pour ce match. Les joueurs de Serpentard étaient doués, je ne pouvais pas le nier. A nous, donc, d’être juste meilleurs.

Ashley me connaissait visiblement. Son chocolat chaud que je venais de remarquer était bien tombé et… Elle n’avait pas tort. Esquissant un léger sourire, j’haussai doucement les épaules, buvant une gorgée de ce qui allait être mon premier « repas » de la journée.

- C’était soit l’un, soit l’autre. Repris-je. Mais le Choixpeau se trompe jamais. Je dois être plus courageuse que sage.

Une plaisanterie dont la véracité pouvait être remise en cause mais qui m’amusait. Oui. J’étais sérieuse, je voulais être sage, quoique je ne le sois pas forcément, et je voulais surtout réussir mes études pour faire la fierté de mon père. C’était là quelque chose d’important pour moi. Très important. Et si je pouvais rendre mon frère aîné tout aussi fier, ce serait alors ça de gagné en plus.

- J’ai pas pris le temps d’aller à la Grande Salle ce matin et ce midi. J’avais trop de cours à réviser et à apprendre. On a des devoirs à rendre avant les vacances j’aimerais ne pas avoir à les faire la dernière minute. Expliquai-je alors bien que cela ne soit pas réellement la meilleure excuse du monde – et pourtant c’était là la seule vérité, malheureusement pour mon pauvre estomac. Mais ça va, t’inquiète pas. Juste beaucoup de travail. Je pense pas vraiment profiter de « repos » pendant les vacances. J’ai des plans de match à travailler, il faut que j’aide mon père pour la maison et que j’empêche le furet de mon frère de grignoter mes bouquins. Ah oui et que je vois qui est sa copine. Il paraît qu’il en a une mais je sais toujours pas qui c’est ça devient frustrant.

Il fallait aussi dire que ce n’était pas forcément le genre de choses auxquelles je m’intéressais. La vie sentimentale de Jayden ne m’intéressait pas. Enfin. Si. Dans un sens. Mais tant que je le savais heureux, je me moquais d’avec qui ou depuis quand ou j’en savais trop rien. Il savait bien mieux que moi ce qui était bon pour lui de toutes façons. Mis à part ce furet qui grignotait les livres, évidemment.

Arquant un sourcil à la remarque d’Ashley je soufflai alors, déposant définitivement ma plume, pour froncer, doucement les sourcils.

- Y a pas moyen de te débarrasser de ton frère avant ? Ca dure quand même depuis pas mal de temps ce calvaire non ? C’est pas une vie je trouve. Ni une famille d’ailleurs. On devrait être tranquille à Poudlard…

Comme dit, il tombait à pic, je n’avais même pas pris le temps de manger aujourd’hui.

Je devais avouer avoir de la chance. Malgré mon jeune âge, malgré mon manque d’expérience évident face à certains autres joueurs, rares étaient les coups d’état au sein de l’équipe et la grande majorité de mes coéquipiers me faisaient suffisamment confiance pour me laisser mener la dance. Oh, peut être que mes envies démocratiques les poussant à participer eux aussi aux décisions aidaient à cela mais… C’était toujours agréable d’entendre de vive voix que l’on me faisait confiance. Ainsi, dans un sourire, hochai-je la tête, contente de le savoir.

Mais plus que de se fier à mes directives, Ashley m’avait apporté de quoi me « remplir » un peu l’estomac. Une chance car si j’écoutais ce dernier, il était certainement à l’agonie d’être vide depuis la veille. Manque de pot pour lui, je ne l’écoutais que rarement. Tout comme je ne faisais pas réellement attention à tout ce qui m’entourait, quand bien même cela concernait ma famille et mon frère. Un frère qui s’était trouvé une nana dont je ne connaissais rien et que je n’avais pas cherché à connaître à vrai dire. Pas que je m’en moquais, bien sûr que non. Je ne me serais jamais moqué de mon frère (pas dans ce sens là tout du moins) mais je devais avouer que sa vie sentimentale n’était pas réellement au centre de mes priorités.

- Hensley ?

Ah oui. Je voyais qui c’était. Nous étions dans la même année… Il les prenait d’ailleurs au berceau donc. Pourquoi pas. Jayden avait toujours été protecteur, ça allait peut-être avec après tout. Haussant les épaules, je soufflai alors.

- Tant qu’il est heureux. C’est tout ce que je demande.

Et c’était la même chose pour les autres membres de ma famille et en particulier mon père que je trouvais toujours trop seul et cela malgré la présence d’Axel lorsqu’il était chez nous. Enfin… A l’inverse de Jayden, je ne voyais pas franchement l’intérêt de lui trouver une femme à tout prix. Pauvre homme, d’ailleurs, à bien y penser. Il finirait avec une vieille de quatre vingt dix ans juste pour ne pas être seul si on se mettait à écouter mon aîné.
Mais j’avais néanmoins effectivement de la chance. Ma famille était bien plus saine que ne l’était, visiblement, celle d’Ashley. Notre fratrie se serrait les coudes, Papa nous aimait de tout son cœur et nous chérissait certainement plus que de raison, alors oui, je n’avais certainement pas à me plaindre. Elle par contre…

- On peut faire le parfait et se tromper à un moment, notai-je distraitement, il suffirait de trouver le bon moment. Tu as pas à subir pour des Serpentard.

Je ne disais pas que tous les Serpentard étaient mauvais, la preuve si mon frère s’en était trouvé une. Je disais simplement que certains méritaient d’être pendus par les pieds dans les cachots. Nuance.

- Adorable, adorable… Je dirais pas ça tout le temps. M’amusai-je malgré tout en souriant. Mais oui, on est proche. Enfin… En tant que tel, dans ma famille on se soutient quoiqu’il arrive. Pour moi c’est ça une famille… C’est pour ça que ça m’embête pour toi.

Mais qu’est-ce que je pouvais faire ? Je n’étais ni Morgane ni Merlin pour l’aider sur ce point. Seule elle pouvait le faire et si j’acceptais de l’aider, je ne pouvais pas faire pour elle ni trouver des idées à sa place.

- Tu penses que c’est son arrivée à Serpentard qui l’a fait changé alors ? Demandai-je sans oser aller plus loin de peur de la gêner.