"Cours de Potions de 6e année"

Personne à qui dire je t’aime, mais tout le monde sur qui cracher ma haine… - Shae Warrens

           J’entrais dans la salle de classe, légèrement plus concentrée que d’ordinaire. Il n’y avait pas tellement d’examens décisive qui nous attendait comme les BUSEs ou les ASPICs, mais comme à chaque fin d’année toutes mes cellules grises me plongeaient dans cette transe intellectuelle. C’était comme si mon corps et mon cerveau utilisaient toutes leurs ressources restantes afin de me permettre d’emmagasiner les dernières informations pour me préparer aux examens à venir. Je m’étais installée à ma place habituelle, chaudron déjà prêt à l’usage. Sortant mon livre de potion sans l’ouvrir, ne prêtant guère attention à ce que se passer autour de moi. Rangeant mes ustensiles de manière harmonieuse devant moi, sur la table, de sorte à former cette symétrie habituelle qui plaisait à mon regard sans vraiment que j’en explique la raison, puisque je n’étais pas quelqu’un de très maniaque. Du moins, c’était ce que j’avais tendance à penser.

La voix du professeur s’élève, m’arrachant à cette bulle qui me séparait jusqu'à maintenant de cette réalité agitée. Un cours dense nous attendait, selon elle… J’étais mentalement prête depuis déjà plusieurs jours. Le mois de mai s’était chargé de me mettre dans cette condition pour affronter les dernières épreuves avant l’arène de fin d’année. Il fallait que je passe en septième année avec les meilleures notes possible afin que mère n’ait pas à s’inquiéter de mon avenir qui lui tenait tant à cœur. Je restais au début silencieuse à la question, attendant de voir si des personnes allaient répondre. Sous l'impatience, vint l’irrésistible besoin de trahir ma taciturnité, je levais alors la main. Plus vite, on avançait dans ce cours, plus vite, on passerait à ce qui allait être le plus essentiel pour nous. « Il provoque l’effet que son nom indique, principalement utilisé de manière thérapeutique, elle trouve son utilité auprès des sorciers souffrant de dépression et autre détresse psychologique liée à la mélancolie. Son usage reste toutefois limité et ses effets ne sont pas infaillibles. Elle ne guérit pas d’une souffrance psychologie profonde, tout au plus elle soulage de manière temporaire. »

Je sortais ma plume que je déposais à plat sur mon livre en son centre pour ne pas briser la symétrie… Du moins, jusqu’à ce que Miss Gaunt nous demande d’ouvrir le livre en question à la page 394. L’odeur des pages avait ce parfum de vieux livres… Rien d’étonnant, le livre que j’avais acheté, n’était pas très neuf, c’était pour cela qu’il était d’occasion. Pour la deuxième question, mon mutisme habituel retrouva sa dominance face à mon besoin de répondre. Aussi, je tendis simplement l’oreille quant à ce qui pouvait être dit par les autres élèves. Mais là aussi, j’avais mon idée sur ce qui pouvait arriver à un sorcier prenant une trop forte dose de cet élixir. C’était une potion puissante, avec des effets secondes pouvant à la fois altérer le comportement d’un sorcier, ainsi que son apparence physique de manière minime.

Cours de Potions 6e année

by aardbei

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Personne à qui dire je t’aime, mais tout le monde sur qui cracher ma haine… - Shae Warrens

           À l’image de la métamorphose basée sur une science des molécules, le cours de potion était basé sur une science de l’alchimie qui demandait une précision particulière. Elle était sujet aux expérimentations, car chaque concoction offrait de nouvelle découverte tant bénéfique que dérangeante selon la composition des matières servant d'ingrédients. L’on avait autant de chance de créer une amélioration des effets d’une ancienne potion en utilisant de nouveaux ingrédients que celui d’offrir un poison à cause d’une mauvaise fusion de ces dernières. La chimie n’était pas si différente, le mélange de certaines matières pouvaient tantôt créer une révolution médicale, qu’un bien terrible désastre chimique. C’est d’autant pour toutes ces raisons que je trouvais l’exercice suivant assez compliqué. Nous devions réaliser deux Élixir d’Euphorie, mais il manquait une figue. Ce qui voulait dire qu’une potion allait être réalisée parfaitement tandis que l’autre serait un échec.
        Le professeur souhaitait apparemment que l’on réfléchisse à un remplacement. Avions-nous, ne serait-ce que le temps pour réfléchir à une nouvelle composition, et ce, sans expérimenter au préalable ? Pas vraiment. Et c’était pour cela que le cours me semblait bien compliqué, je regrettais presque d’avoir répondu à la question quelques minutes plus tôt. Cela dit, je m’étais levée sans me plaindre de la situation, m’approchant de la table d’ingrédient, réfléchissant déjà à ce qui pourrait être bénéfique pour reproduire les effets d’une euphorie. Déjà, il était essentiel de garder une bonne partie des ingrédients de la potion de base pour avoir une structure stable. Ici, seule la figue manquait… Ce que l’on devait se rappeler, c’était que de base, elle était un concentré de vitamine et de minéraux grâce, sans aucun doute, à son taux de Potassium. Des éléments que l’on pouvait retrouver dans la plupart des fruits et légumes secs.

         Je devais réfléchir à une idée avec ce qui se trouvait sur la table. Mon regard observa le panier d’osier un instant. Il était mis en évidence, mais je voyais pourtant en cet ingrédient des propriétés qui n’était pas véritablement sage de mélanger avec la liqueur d’absinthe. L’absinthe servait déjà d’acteur entraînant ce phénomène d’euphorie dans l’ensemble de la potion. Les propriétés de l’osier étaient similaires à des calmants neurologiques. J’en utilisais de manière illégale dans ma weed afin de calmer mes excès de colère qui causait... Des problèmes inexpliqués. De plus, il me semblait terrible de remplacer un élément qui apportait de l’énergie avec celui qui créait un effet quasi-inverse. Cela dit, je pouvais aisément comprendre l’idée d’utiliser l’osier pour ses propriétés aphrodisiaques. Mais c’était sans doute trop avec la liqueur. Je me trompais peut-être et dans ce cas, c’était la vie si j'échouais aujourd'hui. Mais par instinct, je préférais me pencher sur un autre ingrédient.
           La figue sèche était concrètement utilisé par les moldus pour son apport en Potassium… La figue en contient une certaine quantité qui est doublée pour la potion. La pêche sèche est l’aliment qui se rapprochait le plus du volume de Potassium que contenait justement la figue sèche et j’en voyais sur la table, ce qui était parfait. Deux d’entre elles allaient remplacer les deux figues qu’il aurait fallu pour la potion. Voici donc ce dont était composé mon panier : 2 pêches sèches (Acteur), 10cL de liqueur d'absinthe (Acteur), 6 Graines de ricin (Stabilisateur), 10 pics de porc épics (Stabilisateur). « J’ai mes ingrédients, professeurs. Dois-je expliquer mon choix ? »

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           J’entendais que l’on riait de mes choix d’ingrédients, j’en serrais les dents. N’ayant pas eu ma dose de cannabis, je sentais mes émotions monter en flèche. Toutefois, l’intervention de la prof me gardait de chuter dans la colère, et ce, à cause de pauvres connards à l’empathie limitée. Je restais sur le choix que j’avais fait ici, même si les rires avaient pu réussir à provoquer un doute dans mon cœur. Je ne voulais absolument pas leur donner la satisfaction que j'avais été affectée d’une quelconque manière que ce soit à leur moquerie. Cela dit, c’était aussi pour ce genre de chose que je n’aimais pas prendre le risque de participer en cours. J’inspirais un bon coup avant de forcer mon attention et me concentrer sur la table d'ingrédient, afin de réétudier malgré tout mon choix. Ce n’était sans doute pas la meilleure idée que j'avais pu avoir, peut-être aurais-je dû procéder par élimination en fonction de chaque ingrédient sur la table ? Oui. Seulement, cela aurait été possible que si j’avais ici assez de connaissance pour connaître la composition de chaque ingrédient sur cette table.

Ce qui n’était clairement pas le cas… Peut-être qu’effectivement, ces élèves riant à gorge déployée, avaient vu des ingrédients plus adéquats pour remplacer les figues sèches. Mais il fallait que je réfléchisse en fonction du savoir que j’avais actuellement à ma disposition. Je serais ravie d’avoir la science infuse, mais c’était un don accordé qu’à un être comme Dieu, un concept qui ne semblait pas exister dans le monde des sorciers. Il devait en être de même de cette notion d’être absolu, à l’existence parfaite sans l’ombre d’un défaut. La prof devait se douter qu’elle nous prît au dépourvu avec sa demande de ne pas utiliser de figues sèches. Je ne ressentais en tout cas pas la pression de l’échec. Peut-être que ce n’était pas tant l’ingrédient l’important dans cet exercice, mais les raisons de nos choix et de savoir l’expliquer à l’ensemble de la classe. Spéculation propre de ma part, mais dans le doute, j’avais quand même demandé à la prof si je devais expliquer mes raisons.

Et c’était le cas... Engel et moi devions donc étaler nos idées. Cela dit… Pas certaine que tout le processus de penser par lequel j’étais passée, intéressait vraiment qui que ce soit dans cette classe. C’était pourquoi je réfléchissais pour résumer en une ou plusieurs phrases concises et brèves le tout. « Bah du coup… Je me suis demandée ce qu’apporter la figue sèche dans d’autres conditions que la préparation d’une potion. Pourquoi elle était consommée et si d’autre ingrédient ou aliment étaient consommer pour les mêmes raisons. J’ai donc fait le rapprocher entre la figue et pèche, de par le potassium qu’ils contiennent tous deux. »

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           J’entends un commentaire de la part d’Engel… Est-ce que mon expression ou mon attitude m’avait trahi d’une quelconque manière pour qu’elle se sente obligée de me dire les mots qui étaient les siens ? Donnais-je l’impression d’avoir besoin de soutien ? Ah merde. Pathétique… J’étais terrible pathétique. Oui, si bien que j’en étais finalement presque heureuse de retourner à ma place, loin de la scène, loin des regards et des critiques potentielles. Je fixais mon chaudron en étain, puis le reste des outils et de mes ingrédients. Inspirant un moment, il était temps de voir comment procéder pour préparer cette potion en pratique sans l'aide de deux figues sèches. S’il était sans doute plus sage d’éplucher les pêches sèches comme pour les figues, la pèche n’était pas une figue. Ce qui m’inquiétait notamment c’était au niveau de la décomposition de cette dernière, la pêche était malgré tout plus resistant dans l'eau. J’observais un moment l’épluchure, puis le pilon… J’attrapais un mortier, coupant mes pêches sèches en plusieurs fins petits morceaux. Dans un informulé et un coup de baguette précis, le pilon se mit en mouvement, s’abattant sur les morceaux pèches au fond du récipient.
         En attendant, je commençais à remplir mon chaudron d’eau que je plaçais sur un feu fort. Faisant quelques aller-retour entre le chaudron et le pilon pour voir où en était les morceaux. Après quelques minutes, l’eau entrait en ébullition, quant à l’état des petits morceaux des deux pèches sèches, il était identique celui de l’ail écrasé plusieurs fois. Du moins, ça y ressemblait. Ce n’était pas forcément le résultat que je recherchais, mais tant pis. Je versais le contenu du mortier dans le chaudron avant de préparer les pics des porcs-épics en les broyant. Voyant que la décomposition n’était toujours pas terminé, je décidais de commencer à mettre les graines de Ricin dans le mortier, enchantant à nouveau le pilon pour qu’il écrase ses dernières. Préparant la liqueur d’absinthe dans un récipient à part j'avais à l’avance tous les éléments qui demanderaient un mélange. Rien ne valait une bonne organisation. Mes pics étaient broyés, mes graines de Ricins écrasées.

           J’observais à nouveau le chaudron, la décomposition faites, je pris la cuillère pour mélanger le contenu du chaudron dans le sens d’une aiguille du horloge. Jetant au fur et mesure les pics broyés dans le chaudron, toutefois, je m’arrêtais à le huitième pic. J’ignorais si c’était dû au fait que la pêche contenait plus de potassium que la figue, mais la potion prit la fameuse teinte violacée plus vite que prévue. Inutile de prendre trop de risque, je baissais la température du feu afin de laisser le contenu du chaudron reposer. Choisissant ce moment pour plonger mes graines dans les 10cL d’absinthe, les laissant tremper ainsi dans la liqueur. Je soufflais un moment, relevant la tête pour observant autour de moi, histoire de voir où en était les autres. Mon regard fixait Engel, Kathleen… Puis Malachi, il avait l’air concentré, de mémoire s’il se débrouillait pour rendre de bons résultats dans chaque matière, mais celle-ci n’était pas sa préférée.
          Après un petit moment perdu dans mes pensées, la liqueur commença à faire quelques bulles. Je versais le liquide du récipient dans le chaudron avant de remuer quatre fois dans le sens des aiguilles d’une montre, puis quatre autres fois dans le sens inverse… Je ressentis soudainement un doute en voyant les effets du geste. Il y avait bien eu des volutes d’alcool, mais la couleur de la potion était carmin. Est-ce que c’était bien cette couleur que nous devions avoir ? Je ne savais plus… Je sentis un creux grandir au fond de mon ventre, j’avais très probablement raté… La pensée me hantait, elle était carnassière. Je soufflais, tremblante. Me forçant à inspirant et expirant. Pas grave, juste continuons. Je mélangeais du nord au sud pendant plusieurs minutes, mais au final, la teinte ne prit qu’une lueur rouge orangée, comme un soleil couchant. Me mordillant les lèvres inférieures, frustrées. « Pro… Professeur, j’ai terminé. » Pas de jubilation dans ma voix, rien que l’amertume et de la résignation.

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